Les documents historiques sont des preuves juridiques affirmant la souveraineté de longue date du Vietnam sur les archipels de Hoàng Sa (Paracel) et Truong Sa (Spratly), plus précisément, dès le XVIIe siècle.

Dès la période des seigneurs Nguyên (1600 - 1771), la Mer Orientale a témoigné à maintes reprises de l’agression de puissances maritimes comme la Hollande, l’Espagne, le Japon, l’Angleterre… Ces incursions ont toutes été brisées et repoussées. Animé d’une volonté indomptable, le Vietnam a réussi non seulement à défendre la partie centrale du pays, mais encore à s’avancer plus loin en mer pour se rendre maître des archipels de Hoàng Sa et Truong Sa.

Selon des historiens, les documents laissés par les seigneurs Nguyên servent de preuves suffisantes pour affirmer une souveraineté séculaire du Vietnam sur ces archipels, conformément à la loi internationale.

Batailles navales

Durant près de deux siècles de règne des seigneurs Nguyên au Centre du Vietnam (le premier fut Nguyên Hoàng, désigné en 1600 pour gouverner Thuân Quang), ceux-ci étaient toujours conscients de la nécessité de protéger les zones maritimes du pays. Tour à tour, ils ont établi leur droit de souveraineté sur les îles, dont celles du golfe de Thaïlande et sur les archipels de Hoàng Sa et Truong Sa. C’est sous cette dynastie qu’ont été créées les flottilles de Tuân Hai chargées de pourchasser les pirates et les bateaux espions étrangers, puis de Hoàng Sa et Bac Hai chargées d’exploiter des produits marins et de patrouiller au large de ces deux archipels situés aux confins du pays.

Plus d’une fois, les seigneurs Nguyên ont dû repousser des bateaux étrangers, dont des forces japonaises à Cua Viêt en 1585, hollandaises à l’estuaire de Thuân An en 1643, hollandaises à Quang Nam en 1644, anglaises à l’île de Côn Dao (Poulo Condor) en 1702... Parmi ces batailles navales, certains ont été de grande envergure, comme celle contre trois vaisseaux hollandais au large de Thuân An.

On peut lire dans les annales historiques : à la nouvelle de l’agression hollandaise, le 7 juillet 1643, le seigneur Nguyên Phuc Lan et le prince héritier Nguyên Phuc Tân ont, eux mêmes, conduit 50 bateaux vers le détroit de Eo. Apercevant les vaisseaux ennemis au loin, les forces de la Marine vietnamienne ont engagé le combat, encerclant les vaisseaux hollandais. La bataille fut acharnée. Les marins du seigneur Nguyên sont montés à l’abordage du vaisseau De Wijdenesse (le plus grand des trois vaisseaux hollandais), dirigé par le capitaine Pieter Baek qui a fait incendier le dépôt de poudre. Le vaisseau a explosé, tuant 200 soldats hollandais et leur capitaine ainsi que de nombreux marins vietnamiens. Les deux autres vaisseaux hollandais ont pris la fuite, et l’un d’eux a butté contre un récif et a sombré.

C’était la première fois dans l’histoire du Vietnam que la Marine vietnamienne triomphait d’une Marine européenne.

La 2e bataille navale exemplaire de la Marine vietnamienne l’a opposée à des troupes anglaises sur l’île de Côn Dao. Selon des annales historiques : en 1702, huit bateaux de guerre anglais ont débarqué à Côn Dao. Les troupes anglaises, fortes de plus de 200 hommes, ont établi une caserne, laquelle était remplie de biens matériels et défendue aux quatre côtés par des canons. Le seigneur Nguyên Phuc Chu a ordonné à Truong Phuc Phan, chef de la garde frontalière de Trân Biên, d’établir un plan pour expulser les Anglais. Celui-ci a recruté 15 soldats originaires de Malaisie qui ont eu pour mission de se soumettre à l’ennemi afin de s’introduire au sein du camp pour recueillir des renseignements et préparer un assaut. En octobre 1703, les «espions» ont décidé de passer à l’action. Une nuit, ils ont incendié le camp, tué des chefs, arrêté nombre de soldats anglais. Truong Phuc Phan a envoyé des bateaux armés sur l’île pour appuyer les espions et récupérer le butin. Pour leur bravoure, les «espions» malaisiens ont été largement récompensés par le seigneur Nguyên Phuc Chu.

La fameuse flottille de Hoàng Sa

Selon le Docteur en histoire Nguyên Nha, la flottille de Hoàng Sa a été créée pour la première fois sous le règne du seigneur Nguyên Phuc Lan (1635-1648), puis recréé sous le temps du seigneur Nguyên Phuc Tân (1648-1687). Créé plus tard, la flottille de Bac Hai a fonctionné sous la baguette de la flottille Hoàng Sa. En effet, cette dernière a opéré durant l’époque des sept seigneurs Nguyên, du milieu du XVIIe à la fin du XVIIIe siècles.

Son opération était organisée de façon scientifique par la cour féodale. Ayant pour tâche d’exploiter des produits minéraux sur les archipels de Hoàng Sa et Truong Sa, d’exploiter des produits marins et de garder la sécurité des zones maritimes autour de ces deux archipels, la flottille de Hoàng Sa partait chaque année vers le 2e mois lunaire et restait sur ces îles lointaines pendant huit mois. Recrutés par la cour, les marins étaient équipés chacun d’un ordre royal, d’un sauf-conduit, d’équipements nécessaires, d’une plaquette portant son nom et l’adresse de sa famille, sans oublier une bonne solde.

«Le fonctionnement de la flottille de Hoàng Sa revêt une grande signification», insiste le docteur en histoire Tu Dang Thu Minh. Selon lui, au regard de la loi internationale, l’établissement de frontières nationales sur la base de l’appropriation historique à long terme d’un territoire vacant (ou concept de «consolidation historique du titre») au temps des seigneurs Nguyên (XVIIe-XVIIIe siècles) suffit au Vietnam pour affirmer sa souveraineté sur les archipels de Hoàng Sa et Truong Sa. «Le Vietnam y a exercé sa souveraineté dès le XVIIe siècle», indique le Docteur en histoire. – VNA