Hanoï (VNA) - Après déjà 20 ans d’expérience de l’enseignement dans les villages de Cat et Tria dans la province centrale de Quang Tri, Hô Van Thành et Hô Xuân Sinh conservent toujours le même dévouement envers leurs élèves issus d’ethnies minoritaires.
Hô Van Thành, 45 ans, est le chef de l’antenne du collège-internat des minorités ethniques de Huong Son dans le village de Cat. Hô Xuân Sinh, 44 ans, est en charge de l’antenne de Tria. Ils ont le cœur brisé de voir leurs élèves forcés de travailler après le lycée, plutôt que de poursuivre leurs études à des niveaux supérieurs. Ces deux villages sont les plus reculés du district de Huong Hoa, province de Quang Tri (Centre).
La gentillesse des villageois
C’est en 2005 que M.Thành a commencé à exercer la profession d’enseignant au village de Cat. “À l’époque, il n’y avait ni routes ni électricité, les champs étaient peu nombreux et la population active manquait de nourriture. Par conséquent, je transportais du riz, de la sauce de poisson et des livres le long du chemin forestier jusqu’à l’école”.
“À la fin des cours, j’allais en forêt pour ramasser de l’écorce d’+arenga pinnata+ (une plante forestière que les habitants des montagnes font bouillir pour la manger), puis au ruisseau Khe Miêu pour attraper des escargots et des poissons. Les villageois quant à eux donnaient des légumes, du poisson et riz, surtout lors des inondations”, raconte M. Thành à propos de la gentillesse des villageois.
Au cours de sa première année au village de Cat, il s’est trouvé d’une fièvre l’empêchant d’enseigner. Les villageois se sont alors relayés dès 5 heures du matin, pour le transporter en hamac à travers la forêt, et atteindre à midi l’autoroute 9 menant au centre médicale. Cette gentillesse l’a poussé à retourner en classe après une semaine de convalescence.
Certaines années, les perturbations dûes aux fortes pluies et inondations ont contraint Hô Van Thành à rester au village deux mois d’affilée. Sa nourriture dépendait alors entièrement de l’aide des villageois.
Dans le même cas de M.Thành, depuis 2004, Hô Xuân Sinh enseigne à l’antenne de l’internat primaire et secondaire pour les minorités ethniques de Huong Son, au village de Tria. À l’époque, l’école n’était qu’une petite cabane. Une fois par mois, il rentrait à la maison pour porter de la nourriture et repartait travailler au village de Tria. Lui aussi a reçu l’aide des villageois.
“Je suis content que les habitants se soucient d’autrui. Ils ne laissent pas les enseignants souffrir et manquer de riz”, confie M. Sinh.
En 2010, les routes ont été rénovées par les villageois pour rouler en moto, mais elles restaient encore glissantes et cahoteuses en forêt.
Par ailleurs, les aliments frais que des professeurs ramenaient chez eux ne pouvaient être consommés que pour un seul repas et devaient être grillés pour être conservés.
Depuis 2019, grâce à l’arrivée de l’électricité, ils disposent d’un réfrigérateur pour les conserver.
Surmonter les obstacles
Alors que l’internat mobilisait les deux professeurs pour enseigner dans d’autres villages du centre de la commune, ceux-ci se sont portés volontaires pour travailler jusque dans les villages très difficiles d’accès de Cat et Tria.
Il existe deux itinéraires pour y parvenir. Un sentier forestier d’environ 16 km de long partant du centre de la commune, qui ne peut être parcouru qu’en moto pendant la saison sèche avec une pente raide d’un côté de la route et un gouffre profond de l’autre. La chaussée étant très glissante, personne n’ose l’emprunter pendant la saison des pluies.
La second itinéraire a été créé par une entreprise privée pour la construction hydroélectrique en 2020. Cependant, elle est longue de 90 km et est également perturbées par l’érosion durant la saison des pluies.
Les élèves au cœur des préoccupations
Après deux décennies, l’éducation dans ces villages s’est améliorée. Après avoir terminé le cycle primaire, les élèves continuent en internat à l’école centrale.
100% de la population des villages est composée de Vân Kiêu. Ils s’investissent de tout cœur dans l’alphabétisation, car savoir lire est le seul moyen d’échapper à la pauvreté. Mais le cercle vicieux de la pauvreté comme frein aux études persiste. Des centaines d’élèves sont pris en charge par les deux enseignants, mais jusqu’à présent, seule Trân Thi Dung a pu poursuivre ses études jusqu’au collège pédagogique. Il s’agit de la plus grande réussite de ces professeurs et cela constitue une source d’encouragement qui confirme leur souhait de continuer à enseigner dans cette région.
Pour l’enseignant Hô Van Thành, voir les élèves s’efforcer d’étudier pour avoir un avenir meilleur et contribuer au développement du village est une source de bonheur. “Dès mon premier jour au village, j’ai su que l’éducation était une priorité absolue pour les enfants des montagnes, qui valait de tout sacrifier”, se souvient M. Thành.
Nguyên Dinh Sâm, directeur du collège-internat des minorités ethniques de Huong Son l’affirme : “Pour de nombreux élèves des villages, l’esprit bienveillant et le cœur de ces deux enseignants constituent une grande motivation à aller régulièrement à l’école”. - CVN/VNA