À l’image du chèo (théâtre populaire) et du cai luong (théâtre rénové), le tuông (théâtre classique) souffre d’une certaine désaffection du public, qui le trouve trop conventionnel, trop précieux, trop éloigné de la vie actuelle.

En vue de reconquérir les cœurs, de susciter parmi la jeunesse l’amour pour cet art traditionnel, les artistes du Théâtre national de tuông poursuivent leur tournée de spectacles dans les écoles, avec comme état d’esprit «Petit à petit, l’oiseau fait son nid».

«Peut-être n’est-ce pas très efficace, mais l’important est que les élèves savent que le tuông fait partie de l’art traditionnel», a confié l’«Artiste émérite» Han Van Tinh, chef du Groupe 2 de Théâtre national de tuông, lors d'un spectacle de tuông et d’un échange avec les élèves du Lycée Xuân Dinh, à Hanoi.

Le projet «Théâtre dans les écoles» a été lancé en 1999 par le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme. Et le pionnier a été l’«Artiste du Peuple» Pham Thi Thành, considérée comme celle qui a changé la face du théâtre national ces 20 dernières années. Il y a aussi le professeur Hoàng Chuong, directeur du Centre de recherche, de préservation et de valorisation de la culture traditionnelle.

Ce projet a parfois été considéré par certains comme «un coup d’épée dans l’eau». Cependant, comme a déclaré le professeur Trân Van Khê, « La culture traditionnelle ne peut être aimée et comprise tout de suite, il faut un certain temps d’imprégnation. Mais quand elle est entrée dans le subconscient, elle existe à jamais» .

Le Lycée Xuân Dinh a invité des artistes du Théâtre national de tuông. La cour de l'école était presque remplie. Trois pièces ont été jouées : «Le vieil homme portant son épouse pour assister à la fête », « Hô Nguyêt Cô se transforme en renard» et «Cinq variables». De scènes faciles à comprendre et bien adaptées aux jeunes.

Tout au long du spectacle, l’atmosphère passait du calme à l’effervescence, rythmée par des applaudissements et des éclats de rire. En voyant cela, on comprend que le tuông exerce une attraction certaine sur les jeunes, contrairement à ce que beaucoup de personnes pensent...

Nguyên Van Son, élève de 10e classe, a déclaré avec enthousiasme : «J'ai bien aimé "Le vieil homme portant son épouse pour assister à la fête" parce qu’elle est très intéressante et drôle. Et j’ai appris des choses sur la vie autrefois».

Minh Thu, une élève de 10e classe aussi, est restée auprès des artistes dans la salle de maquillage. Visiblement passionnée, elle leur a posé beaucoup de questions. Peut être une future recrue pour le Théâtre national de tuông !

En tous cas, il est rassurant de voir que les jeunes Vietnamiens d’aujourd'hui n'ont pas complétement tourné le dos à cet art traditionnel. La question maintenant est de savoir comment attiser ces braises présentes dans le cœur de chacun, pour qu’elles deviennent des flammes, une passion ardente... - AVI