Croyance : Tous à la pagode !

Durant les journées qui suivent le Têt, les pagodes de Hô Chi Minh-Ville ne désemplissent pas.
Bâtonnets d'encens en main, on y vient en familles pour demander aux forces occultes qui gouvernent notre destinée de se pencher sur notre sort durant l'année qui débute. Bonheur, santé, bébé ou âme sœur dans l'année..., la liste des souhaits est bien longue...

Durant les journées qui suivent le Têt, les pagodes de Hô Chi Minh-Ville ne désemplissent pas.
Bâtonnets d'encens en main, on y vient en familles pour demander aux forces occultes qui gouvernent notre destinée de se pencher sur notre sort durant l'année qui débute. Bonheur, santé, bébé ou âme sœur dans l'année..., la liste des souhaits est bien longue... 

S'il est une pagode bien connue non seulement des Saïgonais mais aussi des touristes étrangers, c'est bien Ngoc Hoàng (la pagode de Dieu), située rue Mai Thi Luu, 1er arrondissement. Les bonzes vietnamiens l'appellent la "pagode de Dieu", les Chinois "le palais de Dieu". 

À l'époque coloniale, les Français la connaissaient sous le nom de "pagode Da Kao". Cette pagode d'architecture chinoise a été construite en 1892. Le 9e jour du 1er ou 11e mois lunaire, on y célèbre en grande pompes Ngoc Hoàng, un génie local, devant des fidèles venus des quatre coins du pays. 

Depuis des années déjà, à côté des sites incontournables tels que le marché Bên Thành, la cathédrale Notre-Dame, le palais de la Réunification, le Musée des vestiges de guerre, la pagode Ngoc Hoàng est devenu un haut lieu pour les touristes étrangers. 

Au Têt, elle connaît l'affluence des grands jours. Les longs tortillons d'encens la plongent dans un brouillard envoûtant mais suffocant, et très photogénique lorsque les rayons du soleil s'en mêlent.
Dès potron-minet, Nguyên Thi Ngoc Thanh, 34 ans, ouvrière dans une usine d'assemblage d'équipements électroniques de la zone franche de Tân Thuân, est déjà là à prier. 

"Je viens ici pour que mon mari et mes enfants aient de la chance durant l'année du Chat, que mon travail ne rencontre pas de difficultés", confie Mme Thanh.
Après ses prières, elle reste devant la cour à deviser avec des amies, dont Trân Thi Thanh Xuân, 24 ans, coiffeuse et originaire de Quy Nhon (Centre). 

Arrivée à peine depuis six mois à Hô Chi Minh-Ville, elle vient souvent se recueillir ici. "Je souhaite seulement que Dieu préserve ma santé pour que je puisse poursuivre mon travail. Et puis qu'il m'aide aussi à trouver mon futur mari dans l'année !". 

Une femme trentenaire, après avoir allumé des bâtons d'encens, révèle en murmurant : "cette pagode est sacrée et bon nombre de femmes qui n'arrivent pas à avoir d'enfant viennent ici demander un coup de pouce du destin". 

Mmes Truc et Thuy, presque quadragénaires, en sont toutes ébaubies : "Vraiment ? C'est la première fois que nous venons ici, nous ne sommes pas au courant !". 

Derechef, elles entrent de nouveau dans la pagode. Les deux femmes confient qu'elles peinent à avoir un enfant : "C'est triste. Mais si l'année prochaine nous avons une bonne nouvelle, alors ce sera le cadeau de Dieu", disent-elles, les yeux brillant d'espoir. 

Autre pagode, autres mœurs. Celle de Ky Quang 2, située rue Lê Hoàng Thai (arrondissement de Go Vâp), a reçu en août dernier l'Ordre du travail de 3e classe pour ses activités sociales et philanthropiques. 

Des gens viennent ici brûler des bâtonnets d'encens pendant les fêtes bouddhiques mais aussi pour rencontrer le maître des lieux, le bonze Thich Thiên Chiêu, qui, en dehors de ses enseignements, est directeur d'un centre philanthropique qui prend en charge 300 enfants orphelins, handicapés ou malades. 

Nguyên Thi Lan, 67 ans, va chaque matin dans cette pagode pour participer aux activités du club, dont la visite de patients pauvres hospitalisés pour leur remettre de quoi se nourrir. 

"À l'approche du Têt, beaucoup de fidèles viennent ici. Moi je fréquente les pagodes Ky Quang 2 et Dinh Huê et prie pour que mon fils, déjà âgé, pense plus au travail et moins à courir le guilledou, qu'il se préoccupe plus de son avenir", confie-t-elle. Elle gagne sa vie de la vente de billets de loto, de l'ordre de 100.000 dôngs par jour. Depuis qu'elle va à la pagode, elle trouve que son fils a changé, qu'il pense moins à la bagatelle et aux copains. 

"Il a commencé à reprendre son destin en main", se réjouit-elle. Quang Duc, un des nombreux monastères de la rue Dang Van Bi, à Thu Duc, accueille bon nombre de personnes dès l'aube. Nguyên Truc Linh, 40 ans, une styliste, y amène son fils de 12 ans. 

"J'accompagne souvent mon fils ici, je crois qu'aller à la pagode est bon pour son âme", dit-elle.
Malgré un travail très prenant, elle trouve toujours le temps de venir ici. "Je prie pour que ma famille soit préservée, que tout le monde ait la santé. Car mon mari est homme d'affaires, il voyage beaucoup". 

À côté, deux étudiants de l'Université de technologie de Hô Chi Minh-Ville confient : "nous sommes ici pour attirer sur nous la chance et réussir l'examen de fin d'année".
Ce sont les forces occultes, là-haut, qui vont avoir du pain sur la planche... -AVI

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