Hanoi (VNA) - Dans un contexte de cybercriminalité croissante et de développement rapide d’Internet, de l’intelligence artificielle (IA), de la blockchain et des technologies numériques, la nécessité d’une coopération internationale renforcée en matière de prévention et de lutte contre les crimes informatiques devient plus urgente que jamais.
La Convention des Nations Unies sur la lutte contre la cybercriminalité – également appelée « Convention de Hanoï » – est née pour répondre à ce besoin, en établissant un cadre juridique mondial commun destiné à favoriser la coopération en matière de sécurité numérique.
Un tournant dans la coopération mondiale
Les 25 et 26 octobre prochains, la Cérémonie d’ouverture à la signature de la Convention de Hanoï, placée sous le thème « Lutter contre la cybercriminalité – Partager les responsabilités – Se tourner vers l’avenir », se tiendra à Hanoï.
L’événement réunira le secrétaire général de l’ONU, des chefs d’État et dirigeants de plus de 100 pays, ainsi que des dizaines d’organisations internationales, illustrant la portée mondiale de cette nouvelle initiative à l’ère numérique.
Adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies en décembre 2024, la Convention de Hanoï vise à établir un cadre juridique unifié pour prévenir, enquêter et poursuivre les cybercrimes transnationaux, promouvoir le partage de preuves électroniques, la coopération dans les enquêtes et la création d’un réseau de formation et d’assistance technique entre États.
Il s’agit du premier instrument des Nations Unies consacré à la lutte contre la cybercriminalité depuis plus de 20 ans, après la Convention de Budapest (2001) – symbole de l’effort mondial pour construire un espace numérique sûr, stable et humain.
Un pont de confiance
Selon le Dr Vu Viet Anh, du Centre de cybercriminalité de l’Université de Cambridge, l’adoption de la Convention de Hanoï « revêt une signification symbolique majeure », faisant du Vietnam un pont de confiance entre les pays développés et ceux en développement, et favorisant le dialogue sur la base de l’égalité, de la souveraineté et des avantages mutuels.

Il souligne que, dans un monde aux législations encore hétérogènes en matière de cybersécurité, le rôle d’intermédiaire du Vietnam illustre sa maturité diplomatique : le pays ne se contente plus de participer, mais contribue activement à façonner de nouvelles normes internationales.
Le professeur Carl Thayer (Académie de défense d’Australie, Université de New South Wales) partage cette analyse, affirmant que le choix du Vietnam pour accueillir la cérémonie reflète son niveau élevé et croissant en matière de cybersécurité.
Le pays se classe aujourd’hui 17ᵉ sur 194 en capacité mondiale de cybersécurité, et a réalisé d’importants progrès dans la diversification et la multilatéralisation de ses relations internationales.
Le professeur associé Pham Duc Son, spécialiste en sécurité informatique (Université Curtin, Australie) ajoute que cet événement met également en lumière l’influence croissante du Vietnam dans la gouvernance numérique mondiale.
Pour le professeur associé Pham Duc Son, cet événement met en lumière l’influence croissante du Vietnam dans la gouvernance numérique mondiale. Selon lui, la Convention de Hanoï portera durablement le nom du Vietnam comme symbole de paix, de confiance et de responsabilité partagée à l’ère numérique.

De son côté, Sudhanshu Mittal, directeur des solutions techniques de NASSCOM (Inde), estime que la Convention de Hanoï est le premier traité mondial des Nations Unies sur la cybercriminalité depuis près de vingt ans, et qu’elle offre aux pays en développement une occasion unique de renforcer la coopération, développer les capacités nationales et moderniser leur cadre juridique.
Enfin, il a souligné que le choix du Vietnam pour accueillir la cérémonie reflète le rôle actif du pays dans l'élaboration de la convention, son cadre légal solide (notamment la Loi sur la cybersécurité de 2018), sa capacité d'exécution efficace et ses ressources humaines qualifiées. Le Vietnam figure parmi les vingt premiers pays au classement de l'Indice mondial de cybersécurité 2024, avec plus de 80 % de la population active dans l'espace numérique, faisant du pays un lieu idéal pour cet événement majeur.
Un « bouclier » juridique
Selon le professeur associé Pham Duc Soc, la Convention de Hanoï hérite de la Convention de Budapest tout en élargissant sa portée à l’échelle mondiale. Elle permet aux pays, quel que soit leur niveau de développement, de partager les informations, soutenir les enquêtes et harmoniser les procédures juridiques liées aux cybercrimes transfrontaliers.
Elle constitue ainsi une base de coopération universelle et complète, garantissant que chaque pays dispose d’une voix dans la construction d’une sécurité numérique mondiale.
Dans le même esprit, le quotidien Cresus (Algérie) qualifie la Convention de Hanoï non seulement d’instrument juridique, mais aussi d’expression d’une vision humaniste de l’avenir numérique, plaçant les droits de l’homme et la vie privée au centre.
Ghada Waly, directrice exécutive de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), a souligné qu’il s’agirait d’un jalon historique, ouvrant la voie à une coopération mondiale sans précédent dans la lutte contre la cybercriminalité. »
Selon le Forum économique mondial (WEF), les pertes économiques liées à la cybercriminalité ont dépassé 1 000 milliards de dollars en 2024. Les divergences entre cadres juridiques nationaux créent des zones grises exploitées par les cybercriminels, rendant d’autant plus urgente la mise en place d’un cadre juridique commun. La Convention de Hanoï est appelée à combler ces lacunes, à favoriser la coordination entre États, tout en renforçant les capacités de traçabilité et la protection des utilisateurs à l’échelle mondiale.
Au-delà de sa portée mondiale, la Convention de Hanoï servira également de levier pour approfondir la coopération régionale. Au niveau régional, Thong Mengdavid, analyste géopolitique à l’Institut des études internationales et de politique publique de l’Université Royale de Phnom Penh (Cambodge), estime qu’elle accélérera l’intégration juridique en matière de cybersécurité au sein de l’ASEAN, notamment dans la gestion et le partage des preuves électroniques, ainsi que la coopération judiciaire.
Selon lui, l’ASEAN pourrait établir un cadre normatif commun et un système de coordination unifié, créant la confiance des investisseurs et des citoyens, tout en stimulant le commerce électronique, la fintech et le commerce numérique transfrontalier de manière sûre et durable.
À l’échelle nationale, la Convention de Hanoï ouvre au Vietnam de nouvelles opportunités en matière de coopération dans les enquêtes, de transfert de technologies et de formation spécialisée, contribuant à développer le marché intérieur des services de cybersécurité et à renforcer l’autonomie numérique du pays.
Le Vietnam avait d’ailleurs adopté dès 2019 sa Loi sur la cybersécurité, une démarche stratégique visant à protéger les citoyens et les entreprises contre des formes sophistiquées de cybercriminalité : rançongiciels, escroqueries en ligne, vols de données, terrorisme ou attaques contre des infrastructures critiques. Grâce à ces efforts, le Vietnam figure en 2024 parmi les 20 pays les plus avancés en matière de cybersécurité, avec plus de 80 % de sa population active dans l’espace numérique.
Le général de brigade Lê Xuân Minh, chef du Département de la cybersécurité et de la lutte contre la criminalité technologique (A05 – Ministère de la Sécurité publique), a indiqué que le Vietnam met en place et perfectionne son cadre juridique relatif à la cybercriminalité. L’objectif est de bâtir un environnement juridique conforme aux normes internationales, offrant aux entreprises nationales et étrangères les meilleures conditions de protection dans l’investissement et l’innovation technologique. En parallèle, le pays renforce la formation et l’organisation des forces chargées de la cybersécurité. Ces tâches urgentes et prioritaires visent à garantir un cyberespace sûr au service de la transformation numérique nationale.
Un avenir numérique sûr et humain
S’exprimant à propos de l’événement à venir, le président de la République Luong Cuong a affirmé : « Le Vietnam a toujours considéré la lutte contre la cybercriminalité comme l’une des principales priorités de sa sécurité nationale, tout en s’associant activement à la communauté internationale dans cette entreprise commune. Le Vietnam est pleinement conscient que, compte tenu du caractère transfrontalier du cyberespace, la lutte contre la cybercriminalité ne peut être efficace que grâce à la solidarité, à la coopération entre les nations et au respect de l’État de droit. »
De son côté, Nguyên Minh Chinh, vice-président de l’Association nationale de cybersécurité (NCA) a déclaré : « La Convention de Hanoï ne se limite pas à renforcer la coopération juridique internationale et les capacités de lutte contre la cybercriminalité. Elle constitue également un levier essentiel pour sensibiliser l’ensemble du système politique, les citoyens et les entreprises à l’importance de la sécurité et de la sûreté dans le cyberespace. »
Ainsi, la Convention de Hanoï n’est pas seulement un « bouclier » juridique protégeant le cyberespace mondial, mais aussi le symbole du rôle croissant, actif et responsable du Vietnam dans la construction d’un environnement numérique sûr, digne de confiance et humain, au service d’un avenir numérique durable pour toute l’humanité.
En devenant le lieu où cette convention entre dans l’histoire, la capitale Hanoï affirme le statut du Vietnam en tant que partenaire fiable et responsable dans l’effort collectif pour bâtir un cyberespace sûr et transparent.
Cet événement marque également une étape concrète dans la mise en œuvre de la Résolution n°57-NQ/TW sur les percées scientifiques, l’innovation technologique et la transformation numérique nationale, ouvrant la voie à un essor vigoureux du pays dans la nouvelle ère.-VNA