Esthétique, valorisation de la culture populaire vietnamienne etpréservation du patrimoine écrit étaient au cœur de l’événement culturelporté par l’École française d’Extrême-Orient (EFEO), l’Agence françaisede développement (AFD) et L’Espace.
Cette conférenceétait animée par les professeurs Phan Huy Lê (président de l’Associationdes historiens du Vietnam), Olivier Tessier (représentant de l’EFEO auVietnam) et Pascal Bourdeaux (maître de conférences à l’École pratiquedes hautes études - EPHE - en délégation à l’EFEO à Hô Chi Minh-Ville).
Pendant plus d’une heure, les intervenants vietnamien etfrançais ont insisté sur les valeurs de l'imagerie populaire au Vietnamainsi que la nécessité de préserver cet art.
L’expositionillustrant cette conférence présente en 15 panneaux des morceauxchoisis de deux grands corpus d’images (Encyclopédie des techniquesd’Henri Oger, Imagerie populaire de Maurice Durand) et des planchesinédites d’un manuscrit enluminé de Luc Vân Tiên, daté de la fin du 19esiècle.
On entend par "imagerie populaire vietnamienne"les estampes réalisées à partir de planches xylographiques qui sontensuite enluminées et, parfois, agrémentées d'annotations au pinceau.Populaires, ces images le sont par leur mode de fabrication artisanale,leur prix et leur usage, autant de caractéristiques qui expliquent leurlarge diffusion.
Au fil du temps, certains villages etcertaines rues de Hanoi se sont spécialisés dans la confection de cesimages et sont devenus des "écoles" réputées pour la richesse et lafinesse de leurs motifs ou la technique de coloriage par à-plat decouleur (Dông Hô) ou au pinceau (Hàng Trông). À l’approche du Têttraditionnel, avant la guerre, la production annuelle avoisinait lesdeux millions d’exemplaires. On estimait alors à 2.000 le nombre deséries différentes, ce qui donne une idée de la variété des sujets deces images.
Cependant, la fragilité du support papier,conjuguée à un manque d'intérêt de plus en plus considérable pour laculture traditionnelle, a peu à peu relégué cet art graphique au rang devestige d'un passé révolu, au point qu’il n'y a plus aujourd’hui queles artisans du village de Dông Hô (province de Bac Ninh, Nord) pour leperpétuer de manière significative. Aussi, malgré l’ancienneté d’unetradition remontant aux temps de la dynastie des Ly (1010-1225), seulesdeux collections majeures datant du début du 20e siècle nous sontparvenues, collections qui constituent les deux premiers volets de cetteexposition qui en comporte trois.
Ier volet - Corpus Maurice Durand
Cette collection, composée d’environ 400 images originales rassemblées àHanoi par Maurice Durand dans les années 1950, est la seule qui répondstricto sensu à la définition de l’imagerie populaire vietnamienne.Elle nous donne à voir une grande diversité de scènes de la viequotidienne et de festivités villageoises, de représentations de mondesimaginaires ou littéraires, de figures pieuses (tranh thơ) ou depersonnages célèbres issues du panthéon national.
IIe volet - L’étude "Technique du peuple annamite" d’Henri Oger
Cette étude partage avec l’imagerie traditionnelle deuxcaractéristiques majeures qui l’en rapproche : la technique del’estampage xylographique et la diversité des thèmes traités quiillustrent de multiples aspects de la culture populaire profane etreligieuse. Cette proximité thématique a d’ailleurs conduit l’auteur àreproduire dans son répertoire quelques images populaires, telles celledu Porc, symbole de prospérité, de richesse et d’abondance.
IIIe volet - Manuscrit inédit du Luc Vân Tiên
Ce dernier volet présente un document daté de la fin du 19e siècle maisredécouvert récemment. Il s’agit d’un manuscrit inédit du Luc Vân Tiên,poème épique du Sud du pays, dont le texte en caractères est encadrépar de magnifiques enluminures aux couleurs foliotées. En cherchant àillustrer avec réalisme cette œuvre intégrale de Nguyên Đình Chiêu,l’artiste Lê Đúi Trach offre une lecture figurative de ce joyau de lalittérature.
"Je trouve cette exposition trèsintéressante. Les Français ont beaucoup contribué à la préservation del’imagerie populaire du Vietnam de manière professionnelle. J’espère queles Vietnamiens pourront conserver et valoriser ce patrimoine culturelau fil des générations", a déclaré Nguyên Van Chi, un spectateur.
Cette 3e expo de l’imagerie populaire du Vietnam se poursuit jusqu’au 28 février. -VNA