Hanoï (VNA) - Avec plus de 300 milliards de dôngs de recettes engrangées en moins de deux semaines après sa sortie, Bô già - Old Dad en anglais ou Vieux papa en français - est devenu le plus gros succès du cinéma vietnamien.
La pandémie de coronavirus a complètement chamboulé les projets cinématographiques et le calendrier des sorties des studios.
La plupart des films, tant hollywoodiens que vietnamiens, ont vu leur sortie repoussée de plusieurs mois. Bô già (Vieux papa en français), produit par Trân Thành Town, HKFilm et Galaxy Studio, n’est pas une exception.
Et pourtant, ce long métrage des réalisateurs Trân Thành et Vu Ngoc Ðang est devenu un blockbuster du cinéma vietnamien, qui fait couler beaucoup d’encre depuis un mois.
Doté d’un budget de plus de 23 milliards de dôngs, Bô già est à l’affiche depuis le 5 mars 2021. Seulement quatre jours après, il avait engrangé déjà 100 milliards de dôngs de recettes. Le 14 mars, il était devenu la première œuvre cinématographique vietnamienne dépassant 200 milliards de dôngs. Et le 19 mars, Bô già était devenu le plus gros succès du box-office national avec plus de 300 milliards de dôngs récoltés.
Le film aborde la vie d’une famille dirigée par un père (joué par Trân Thành) rivalisant de malchance dans tout ce qu’il entreprend. Malgré ses déboires, il nourrit un amour infini pour sa famille. L’œuvre met en avant la solidarité entre les membres de la famille et les grands sacrifices du père. Ce sont ces beaux sentiments, emportant les larmes des spectateurs, qui poussent le public à remplir les salles.
Pression ou motivation pour les futurs films
Le succès au box-office de Bô già aura-t-il une influence sur les futures productions cinématographiques vietnamiennes ? On se demande si ce film mettra la pression sur les producteurs et/ou les motivera pour faire aussi bien.
En effet, "sa réussite est positive pour le cinéma national qui a vécu des heures sombres depuis l’explosion de l’épidémie de COVID-19. Cela permet de redonner espoir aux cinéastes et producteurs", estime Bich Ngoc, une productrice indépendante.
On ne peut pas nier que Bô già doit aussi son succès à sa stratégie de communication efficace. Mais une chose est certaine pour le moment : les recettes de ce blockbuster national ont dépassé les films hollywoodiens projetés au Vietnam. En son temps, Avengers : Endgame (Avengers : Phase finale) y avait engrangé 285 milliards de dôngs de recettes, contre plus de 300 milliards jusqu’à maintenant de Bô già.
Importance du choix de la date de sortie
En raison de la pandémie, de nombreux films attendus en 2020 se retrouveront dans les salles en 2021.
"Tout le monde se rend compte de la grande pression que subissent les producteurs lorsqu’ils ont investi massivement dans leurs films mais que ceux-ci n’ont pas pu sortir au cinéma selon le calendrier prévu. Mais en ce moment, si trop d’œuvres sortent en même temps, elles rencontreront des difficultés en ce qui concerne les recettes du fait d’une concurrence féroce", indique l’actrice et productrice Minh Hang.
En ce mois d’avril, 13 films vietnamiens sont attendus en salles comme Song song (Parallèle), Nguoi lang nghe (Auditeur), 48h (48 heures), Kiêu, Bây ngot ngào (Doux piège), Bóng đè (Cauchemar), 1990, Thiên thân hô mênh (Ange gardien) ou encore Trang Tí (Enfant prodige Tí)…
En réalité, de nombreuses productions n’ont pas réussi à cause d’un mauvais choix de la date de sortie. Ainsi, "les producteurs doivent s’assurer de choisir la bonne période", insiste le gestionnaire d’un studio à Hô Chi Minh-Ville.
En fait, le succès de Bô già provient tout autant de sa qualité que de la pertinence de sa date de sortie (en dehors des périodes de fête, juste après la 3e vague de COVID-19…). Sans concurrent depuis un mois, les spectateurs viennent en nombre remplir les salles.
"La stratégie de promotion et le choix du moment idéal pour sortir le film en salle apparaissent des paramètres clefs pour conquérir le public", renchérit un spectateur à Hanoï, juste après avoir vu Bô già.
Il sera ainsi difficile pour les prochains films à l’affiche de rééditer un pareil exploit. Leur densité provoquera mécaniquement une plus grande concurrence et un partage des recettes entre eux-mêmes.
Pour le metteur en scène Nhât Trung, "les producteurs vietnamiens et les propriétaires des cinémas doivent travailler aujourd’hui main dans la main pour programmer méthodiquement le calendrier des sorties des studios. Tout cela dans le but d’assurer leur succès".
La productrice Truong Ngoc Ánh, quant à elle, estime que "les producteurs du pays doivent coopérer entre eux sur la période de diffusion de leurs films afin d’éviter l’afflux en masse dans les salles en même temps".
Pour résumer, il est nécessaire que les cinéastes investissent tant dans le scénario, la réalisation que dans le choix de la date de sortie afin d’obtenir des recettes attendues. -CVN/VNA