Une série de projets de coopération entre producteurs de film vietnamiens et étrangers sont déployés. L’objectif ? Appréhender et s’approprier les techniques et savoir-faire de cinéastes étrangers renommés pour apporter un nouveau souffle au 7e Art vietnamien, pour le grand mais surtout le petit écran.


CJ E&M, la société de la communication et du divertissement la plus puissante de la République de Corée et un des leaders asiatiques dans ce secteur, a ouvert la vanne de l’investissement étranger sur le marché de la réalisation des films vietnamiens. Une ambition matérialisée par la coopération de CJ E&M avec la Télévision vietnamienne (VTV) pour la création de la série télévisée Tuôi thanh xuân (La jeunesse).


Moteur, action !


Pour son premier projet, CJ E&M a mobilisé ses élites dont le chef-opérateur de prise de vue Park Jae-hong, qui était derrière la caméra principale du film sud-coréen projeté dans le monde entier Iris : The last. La société a également décaissé un investissement important pour les moyens techniques et les décors. Avec 36 épisodes au programme, la série télévisée Tuôi thanh xuân est diffusée sur la chaîne VTV3 de la Télévision vietnamienne depuis le 17 décembre, avec face caméra de grands acteurs vietnamiens et sud-coréens dont Kang Tae-oh, Shin Hae-sun, Shin Jae-ha, Roh Haeng-ha, Viêt Anh, Nha Phuong, Hông Dang et Kim Tuyên. «+Tuôi thanh xuân+ n’est que le début de la coopération entre la société CJ E&M et VTV», se réjouit Trân Binh Minh, directeur général de VTV.
La société CJ E&M a en effet entamé ce mois-ci le tournage en République de Corée d’une nouvelle série : Ly Long Tuong, qui raconte la vie du fondateur de la lignée Ly Hoa Son dans ce pays. Ces projets viennent concrétiser la stratégie à long terme de l’entreprise pour conquérir le marché vietnamien.


Lors d’une rencontre avec Hoàng Tuân Anh, le ministre vietnamien de la Culture, des Sports et du Tourisme, le président de CJ Group (dont CJ E&M est une filiale), Lee Jay-Hyun, l’a informé de ses projets de fondation d’une société mixte de production cinématographique au Vietnam et de formation des ressources humaines en République de Corée. En parallèle, les réalisateurs sud-coréens seront invités à venir partager leurs expériences au Vietnam. Ce sont ainsi entre trois et cinq séries télévisées qui devraient être réalisées par an.

Pour ne pas risquer d’avoir un train de retard, les Japonais cherchent également des opportunités d’entente avec des partenaires vietnamiens. L’année dernière, la série Nguoi công su (Le partenaire) - fruit de la coopération entre la télévision japonaise TBS et VTV - a d’ailleurs été réalisée. La société Agro Pictures (Japon) et la Société par actions des films I (Vietnam) ont débuté en novembre le tournage de la série Cuôc sông moi tai Viêt Nam (Une nouvelle vie au Vietnam). La création et la diffusion de cette oeuvre s’inscrivent dans le cadre du projet de l'Association japonaise pour l'exportation de programmes télévisuels (BEAJ). À noter qu’en 2014, les téléspectateurs vietnamiens ont pu visionner six séries télévisées du Pays du Soleil-Levant.


La déferlante sud-coréenne


La culture sud-coréenne est déjà bien ancrée au Vietnam, avec l’omniprésence notamment des séries télévisées. Mieux, elle est parvenue à se répandre à travers le monde, ce que les Sud-Coréens nomment la «hallyu», mot désignant l’invasion de leur culture au niveau mondial. Le président de l’Association des échanges culturels internationaux de la «hallyu», Kang Cheol-keun, résume en quelques mots la stratégie mise en place pour y parvenir : «Les séries sont faites pour toucher directement le cœur des spectateurs. Et puis il y a la K-pop. Ce +soft power+ a permis de faire exploser les profits générés par le tourisme, la mode, la gastronomie, la cosmétique, etc.». Park Hong-su, directeur de l’Institut du développement de la culture et de l’information Gangwon, informe de son côté que «les gains de l’industrie cinématographique ne sont pas moins importants que ceux de n’importe quelle autre industrie du pays».


La culture vietnamienne n’en est pas encore là. La coopération avec les producteurs de films étrangers contribuera, dans un premier temps, à améliorer la qualité des productions vietnamiennes. «Pour être honnête, le cinéma vietnamien ne répond pas encore aux critères sur les plans technique et scénaristique pour être diffusé sur les chaînes internationales», déplore Nguyên Hà Nam, chef du Comité du secrétaire de rédaction de VTV. Mais c’est peut-être en passe de changer, puisque la série Tuôi thanh xuân sera diffusée en République de Corée, aux États-Unis et dans certains pays de l’Asie du Sud. -CVN/VNA