Áo Quan cho, littéralement traduit : vêtements donnés par lemandarin, est le nom des rangées d’arbres qui s’étendent sur plusieursvillages : 6 km à Phò Trach, 3 km à Siêu Quân, et le reste à Vân Trinh.Personne ne sait exactement quand elles ont été plantées. Lespatriarches du village racontent que ces rangées d'arbres dateraient durègne du roi Tu Duc (1847-1883).
À cette époque,une fille du village était devenue la femme d’un dignitaire de la cour.Un jour, celui-ci a rendu visite aux villageois. Après avoir fait letour du lieu, il leur a dit: « Vous devez construire une digue autour duvillage et planter des arbres dessus. Une fois le travail fini, je vousrécompenserais avec du riz et de beaux vêtements ». Il avait tenu àinsister avant de partir : « Pensez à faire ce travail et jen’oublierais pas ma promesse ».
Les villageoisavaient cru à cette promesse et avaient effectué le travail demandé avecentrain. Mais la construction achevée peu de temps après, ils nereçurent que du riz, et pas de vêtements.
Les décenniespassèrent et les villageois oublièrent finalement la promesse non tenuedu dignitaire. Les arbres ont depuis grandi et ont protégé le village etle bétail contre le vent d'hiver et les catastrophes naturelles. Ilsont finalement compris que les vêtements promis étaient ces précieuxarbres. En guise de remerciements pour le dignitaire, les villageois ontbaptisé ces rangées d’arbres Áo Quan cho.
Un ouvrage unique et de grande valeur
Selon Pham Bá Diên, 91 ans, un villageois de Phò Trach, Áo Quan choest un ouvrage unique et d'une grande valeur environnementale,culturelle et même spirituelle.
En donnant aux villages un climatétonnamment doux en été, il limite l'impact des inondations, des ventsviolents venant de la mer et minimise ainsi des pertes humaines etmatérielles. Lors de la grande crue de 1973, les villages protégés parÁo Quan cho n’ont pas été rayés de la carte. L’histoire s'est répétéeen 1999 et encore une fois les villageois ont survécu.
Sur le plan militaire, Áo Quan cho est considéré comme un rempartcontre les ennemis. Il est à l'image du village vietnamien, à savoirrefermé sur lui-même, paisible et solidaire.
ÁoQuan cho est aussi un site touristique connu. Certains touristes sontdes collectionneurs d’arbres et sont prêts à débourser de grossessommes pour acheter ces arbres tortueux. Mais fidèle à la tradition, levillage n'en fait pas commerce et aucun villageois n’est autorisé àcouper du bois.
Considérant Áo Quan cho comme une propriétéinestimable, le pouvoir local a mis en place depuis plusieurs années unepolitique de préservation et de protection contre le vol et levandalisme.
Ces rangées d’arbres séculaires font un lien entreles ancêtres et les générations futures. Ils sont intrinsèquement liés àl’existence du village. Tant que Áo Quan cho existe, le villageexistera..., a confié Nguyên Văn Cân, un responsable local. - VNA