A la conquête du mont Fansipan, le "toit de l'Indochine"
Falaises
glissantes, pentes abruptes, terrains boueux… rien ne peut décourager
Viet Yen et ses deux amis. Bien au contraire, tout les excite. Dieu
Linh, la cadette du groupe, nous confie : « On est jeunes et on meurt
d’envie de conquêtes en tous genres. C’est vrai qu’on a pris un risque
en décidant de gravir le mont Fansipan. Aucun d’entre nous n’a
d’expériences de trekking. Ca monte puis ça descend puis ça remonte,
sans arrêt. C'est très physique, il faut être en forme».
Viet Yen, Dieu Linh et leur copain Van Nghia sont partis depuis l’entrée
du parc national de Hoang Lien Son, à 1.800 mètres d’altitude. Pendant
deux jours et une nuit, ils devront parcourir 16 km. La première étape
est relativement simple avec des pentes douces et de petits ruisseaux
sinueux. Les trois jeunes marchent confortablement sur une piste
ombragée. Plus ils montent, plus les paysages deviennent épatants, avec
des arbres séculaires, d’épais tapis de feuilles mortes, des chants
d’oiseaux, des ruisseaux qui murmurent au milieu de la jungle. Mais plus
ils montent, plus il fait froid aussi. La brume pénètre dans les
cheveux et le visage. Leurs pas deviennent plus lourds.
Viet Yen, l’aînée du groupe, qui au début marchait en avant, a de plus
en plus de mal à avancer. Elle doit maintenant être aidée par ses deux
amis. « La forme physique est primordiale, mais la détermination est
aussi capitale. J’ai vu une randonneuse, bien plus mince et plus âgée
que moi mais aussi bien plus déterminée. Je me suis dit que pour
atteindre le sommet, il fallait que je me surpasse. Parfois je n’en
pouvait plus, mais l’image de cette femme me redonnait le moral ».
La montée est pénible mais les randonneurs sont dignement récompensés.
Ils avancent dans un univers sauvage et grandiose. Les paysages changent
continuellement. Dieu Linh est heureuse de se trouver devant une mer de
nuages : « Les aventuriers parlent souvent de la chasse aux nuages.
Ici, c’est plutôt l’inverse, on a l’impression parfois d’être poursuivis
par une mer de nuages. J’ai envie de crier très fort « Mon Dieu, j’ai
finalement vu une mer de nuages. J’aimerais voler sur cette mer ! ».
Bien qu’il fasse du sport régulièrement, Van Nghia, l’unique garçon du
groupe, avoue que ce qu’il a vécu aujourd’hui est bien différent de ce
qu’il avait imaginé. « C'est vraiment une expérience inouïe. Outre les
efforts personnels, l’esprit d’équipe et l’encouragement réciproque sont
très utiles. D’une pente à l’autre, les paysages changent beaucoup. Les
nuages sont à nos pieds. A 2.800 mètres d’altitude, on est épuisés.
Quand la nuit tombe, il fait très froid ».
C’est
justement à 2.800 mètres d’altitude que le groupe s’arrête pour la nuit,
dans un gîte rustique. La nuit, la température descend à moins de 5
degrés. Mais le froid ne fait qu’exciter un peu plus nos randonneurs qui
se sentent tout près de leur objectif. Il ne leur reste plus que 300
mètres à gravir. Mais, ce dernier parcours est bien plus pénible que le
précédent, il fait encore plus froid. Malgré tout, les trois jeunes
atteignent leur destination. Viet Yen : « Quel bonheur que de pouvoir
accueillir les premiers rayons de soleil au sommet du mont Fansipan.
Jamais de ma vie je ne pourrai oublier cet instant magique ! Vu de haut,
le bourg de Sapa est minuscule. Je suis fière d’avoir surmonté autant
d’obstacles ».
Au sommet, entre ciel et terre, les hommes
se sentent minuscules mais fiers d’avoir conquis ce point culminant du
Vietnam et même de l'Indochine. Toute fatigue balayée, il ne leur reste
plus que le bonheur unique et indicible de pouvoir enfin toucher la
borne indiquant l’altitude 3.143 mètres. -VOV/VNA