Hanoi (VNA) – Pour les touristes, le Vietnam évoque d’abord les rizières en terrasse, les villages anciens ou les plages tropicales. Mais dans les hauteurs brumeuses du plateau de Lâm Viên, la ville de Dà Lat bouscule les clichés. Là, entre pins, serres et collines, cueillir des fraises devient une expérience singulière — entre découverte agricole, pause contemplative et immersion dans un autre visage du pays.
Perchée à plus de 1.500 mètres d’altitude, Dà Lat bénéficie d’un climat frais et tempéré toute l’année — un cas rare au Vietnam. Ce microclimat a fait de la région un centre de production agricole florissant, où l’on cultive fleurs, légumes et… fraises, un fruit d’origine européenne particulièrement prisé par les Vietnamiens.
Sur les hauteurs du col de Prenn, à quelques kilomètres du centre-ville, les fermes de fraises accueillent chaque jour des centaines de visiteurs. À la différence des exploitations rustiques, ici la culture se fait sous serre, en hauteur, selon un modèle agro-technologique avancé: arrosage au goutte-à-goutte, contrôle climatique, récolte toute l’année. Les fraisiers sont alignés à près d’un mètre du sol, facilitant la cueillette sans se pencher — un détail apprécié des visiteurs.
Hoàng Thi Dung gère un jardin de ce type. «Nous cultivons plusieurs variétés: américaines, japonaises, mais aussi les fraises de Dà Lat. Toutes sont cultivées sous serre, dans des conditions contrôlées», explique-t-elle.
Certaines fermes, comme celle de Thuy Trang, proposent même aux visiteurs d’acheter des plants à replanter chez eux — une manière d’emporter un morceau de Dà Lat dans ses valises.
«Un plant coûte environ 50.000 dôngs, soit 1,9 dollar. Il suffit de le mettre dans une caisse en polystyrène, d’arroser régulièrement, et en quatre mois, il donnera ses premiers fruits», précise une employée.
Sous la lumière douce du matin, le rouge vif des fraises contraste avec le vert profond des feuilles. Le décor invite à la pause, à la photographie, mais aussi à une forme de lenteur bienveillante qu’apprécie beaucoup Thu Huong, touriste venue de Hanoi.
«J’avais déjà cueilli des fraises à Môc Châu, dans le Nord, mais à Dà Lat, c’est une première. Cueillir les fruits soi-même, c’est à la fois agréable et très instructif. Mes enfants ont adoré. On ne vient pas juste pour se détendre, on apprend aussi le lien entre la terre et ce que l’on mange», confie-t-elle.
Cette proximité avec la terre et ceux qui la travaillent donne à l’activité une dimension presque pédagogique. Dans un pays en mutation rapide, où la ville avance souvent plus vite que la campagne, ce type de tourisme agricole revalorise le savoir-faire paysan et sensibilise à une agriculture durable.
À Dà Lat, la fraise est devenue un emblème. En plus de la cueillette, les exploitations proposent des produits transformés à emporter comme souvenirs.
«Nous transformons les fraises ici même, dans notre atelier certifié, pour en faire des confitures, sirops, fraises séchées croustillantes. Cela permet aux visiteurs de repartir avec un produit sûr, de qualité», explique Hoàng Dung, responsable d’un jardin au col de Prenn.
Dans le tumulte du voyage ou du quotidien, la cueillette de fraises à Dà Lat offre une respiration douce et sensorielle. On repart avec quelques fruits rouges dans un panier, mais surtout avec le souvenir d’un Vietnam tempéré, où un simple fruit devient vecteur d’innovation touristique. – VOV/VNA