Parmi les quatorzevillages d’enfants SOS du pays, celui de Dà Lat, fondé en 1970, est uncas à part. Évacué et réquisitionné pendant la guerre, il a étéréhabilité en 1989 grâce à l’Association «Aide à l’enfance du Vietnam»(AEVN) et la Fédération internationale des enfants SOS. Tousont travaillé main dans la main pour la reconstruction de ce villageSOS, situé dans la ville de Dà Lat (province de Lâm Dông, hauts plateauxdu Centre), lequel a été confisqué pour l’usage des firmespharmaceutiques durant la guerre avant de tomber dans l’oubli. Cettereconstruction a été financée par la vente de cartes postales sur leparvis de la cathédrale Notre-Dame de Paris pendant trois annéesconsécutives par des membres de l’AEVN. Aujourd’hui, l’associationcaritative compte 400 membres. «Notre objectif est d’aider chaque enfantà trouver une sécurité affective et avoir la possibilité de faire desétudes. C’est aussi le concept des villages SOS», souligne HélèneCastroux, vice-présidente de l’AEVN. Avant d’affirmer : «Le couple descientifiques vietnamiens, résidant en France, Jean et Kim Trân ThanhVân m’a donné l’opportunité de participer à l’aventure des villages SOSdu Vietnam. J’ai adhéré à ce projet car les enfants orphelins restaientau Vietnam». Hélène Castroux a décidé de quitter sontravail d’enseignante pour s’engager dans la mise en place des activitésau sein de l’AEVN. «Nous avons organisé des événements pour faireconnaître la situation vietnamienne et pour financer des parrainagesd’enfants dans les villages SOS. Ma propre contribution pendant lapremière année a consisté à organiser des soirées d’information, uncomité de soutien, la vente des cartes et le parrainage des enfants»,raconte-t-elle. Et d’ajouter : «J’ai beaucoup de chance de faire partiede la grande famille SOS vietnamienne : enfants et mères des villagesSOS, et les parrains et marraines français. Ainsi, je reste fidèle etactive à l’AEVN». Le village d’enfants SOS de Dà Lat abriteactuellement 14 maisons, chacune portant un nom de fleur. Chaquehabitation est gérée par une mère adoptive qui a à sa charge huit à dixenfants. Elles sont prêtes à tout sacrifier pour eux. Lerecrutement des mères est effectué localement par l’association desVillages SOS du Vietnam. Rigoureusement choisies en fonction de leurscompétences éducatives, de leur équilibre psychologique mais aussi deleur qualité de cœur, les mères suivent une formation de six mois, à lafois théorique et pratique. Elles peuvent ainsi se consacrer aux enfantsqui leur sont confiés et assurer leur prise en charge au quotidien. Cessont ces mères qui décorent les maisons d’une superficie d’environ 80m² chacune et comprenant un salon, trois chambres, une cuisine et unesalle de bain. Tout est nickel ! Les enfants fréquentent l’école HermannGmeiner d’à côté, un établissement privé ouvert aux écoliers de LâmDông. Un suivi jusqu’à l’âge adulte Chaquemois, la mère perçoit plus de 6 millions de dôngs, fournis parl’Association des villages d’enfants SOS du Vietnam, pour s’occuper desenfants. De plus, chaque enfant de moins de 12 ans bénéficie d’une primemensuelle de 400.000 dôngs, laquelle s’élève à 510.000 dôngs pour lesplus de 12 ans. Ces sommes servent à payer les frais de scolarité etl’achat des vêtements.
Mme Kim Trân Thanh Vân (droite) et Hélène Castroux avec des petits de la maison Mimosa.
Bac en poche, les enfants du villagepeuvent s’inscrire dans les établissements universitaires ou dans uneécole de formation professionnelle. Les frais d’études sont, là aussi, àla charge de l’association. Jusqu’à ce jour, le villaged’enfants SOS de Dà Lat a pris en charge 342 enfants, dont 171 en sontsortis et vivent de manière autonome. «Je suis infinimentreconnaissante des contributions remarquables de ma mère et du couplescientifique, Jean et Kim Trân Thanh Vân. Je ferai tout mon possiblepour obtenir de bons résultats dans mes études, pour avoir un bontravail, gagner beaucoup d’argent afin d’avoir à mon tour l’opportunitéd’aider des personnes en situation difficile, comme ce couple d’éminentschercheurs du Centre national de recherche scientifique de la France(CNRS)», partage Trân Hông Quynh Nhu, petite fille de la maison N°4baptisée Mimosa. Dans son discours lors du 40eanniversaire de la fondation du village d’enfants SOS de Dà Lat, levice-ministre du Travail, des Invalides de guerre et des Affairessociales, Doan Mâu Diêp s’est déclaré très touché par les contributionsinlassables du couple Jean et Kim concernant la création, la remise enétat du village et la prise en charge des enfants. Il a aussi salué ledévouement de ces mères capables de tout laisser derrière elles pournourrir ces enfants défavorisés et leur donner un peu de bonheur. Et ça,cela n’a pas de prix ! -VNA