En seulement 20 ans,l’économie vietnamienne s’est métamorphosée et le niveau de vie s’estnettement amélioré. Cependant, comme dans de nombreux pays endéveloppement, ces évolutions ont également creusé les inégalités. Letravail reste immense. Une conférence sur les «Dixans de mise en œuvre de la stratégie globale pour la croissance et lalutte contre la pauvreté» a été organisée récemment à Hanoi. Objectif :dresser un bilan de l’évolution socio-économique du pays ces dernièresannées. En l’espace de 25 ans, le Vietnam, qui figurait en 1986 parmiles pays les plus pauvres du monde, a rejoint le groupe des pays àrevenu intermédiaire (PIB/habitant supérieur à 1.200 dollars contre 81dollars en 1986). La Banque mondiale a reconnu lesprogrès remarquables du Vietnam en matière de réduction de la pauvreté.Entre 1990 et 2010, la proportion de la population dite défavorisée estpassée de 60% à 20,7%, soit 30 millions de personnes concernées enmoins. À quoi s’ajoute une évolution des indicateurs démographiques, enmatière d’éducation et de santé. L’espérance de vie (74,3 ans en 2010contre 65,5 en 1990) est actuellement l’une des plus élevée d’Asie duSud-Est. La mortalité infantile a, quant à elle, réduit de 30/1000 en2000, à 16/1000 en 2010. De son côté, en juindernier, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation etl’agriculture (FAO) a officiellement salué, lors de sa Conférence àRome, les performances de 38 pays dont le Vietnam, dans la lutte contrela faim. Ces derniers sont parvenus à réduire de moitié le nombre depersonnes souffrant de la faim sur leur territoire, bien avantl’échéance de 2015 fixée par les objectifs internationaux. Bienque l’économie nationale connaisse encore de nombreuses difficultés, leParti et l’État considèrent toujours la lutte contre la pauvreté commeun axe principal de leur action. Les résultats obtenus sont, selon legouvernement, le fruit d’une collaboration entre le Parti, l’État, lepeuple, l’Armée populaire, mais aussi les entreprises, associationsciviles et particuliers. Ces dernières années, plusieurs résolutions,directives, prescriptions importantes en la matière ont été adoptées entenant compte de chaque étape de développement du pays. Des inégalités socio-économiques Cependant, la réalisation du programme de réduction durable de lapauvreté présente des lacunes et se confronte à diverses difficultés.Selon l’enquête de la Banque mondiale, les écarts de développement entreles zones montagneuses (Nord-Ouest et hauts plateaux du Centre) et lereste du pays demeurent assez importants malgré les efforts dugouvernement. Aujourd’hui, les gens les plus pauvres sont pourl’essentiel issus des ethnies minoritaires, généralement dans les zonesreculées. Plusieurs phénomènes suscitent aussi l’inquiétude desspécialistes, notamment le déséquilibre du ratio des sexes à lanaissance (en 2012, on comptait 116 garçons pour 100 filles à Hanoi), lechômage, ou encore l’augmentation du prix des marchandises. Selon un rapport sur l’emploi en 2012 réalisé par le Départementgénéral des statistiques, avec le concours de l’Organisationinternationale du travail, le pays compte près d’un million de chômeurs,soit 2% du nombre d’actifs. Près de 70% des travailleurs vivent enzones rurales. Dans le contexte économique actuel, nombreux sontcontraints d’accepter un emploi temporaire pour gagner de quoi vivre ouboucler leurs fins de mois.
Destravailleuses rurales apprennent le métier de couture dans le cadred’une formation professionnelle en faveur des paysannes du district deBa Vi (Hanoi)
D’autre part, certaines politiquessont insuffisantes ou inadaptées. Enfin, certains résultats se fontencore attendre. Ce qui aboutit à une réalité : la répartition des aidesfinancières et leur redistribution ne sont pas toujours efficaces.Plusieurs provinces, districts, ou communes comptent passivement surl’aide de l’État, sans essayer par leurs propres moyens. Aussi, le vice-Premier ministre Vu Van Ninh attire l’attention desministères et localités sur la nécessité de maintenir le cap. Selon lui,il faut non seulement mener une réflexion sur les politiques déjà enplace en vue de les améliorer, mais il faut également s’intéresser àceux qui viennent de sortir de la zone rouge ou qui se situent à lalimite du seuil de pauvreté. Car leur situation est précaire. – VNA