Hô Chi Minh-Ville, 31 décembre (VNA) - Il y a 27 ans, Dang Thu Thao a ouvert Phuoc Thiên, une classe de charité gratuite pour les enfants pauvres. Sa manière de lutter contre la déscolarisation ou l’abandon des classes par les élèves.

Une classe gratuite pour les enfants defavorises de Ho Chi Minh- Ville hinh anh 1Mme Thu Thao enseigne à une élève à Phuoc Thiên. Photo : CTV/CVN

Les cheveux de l’enseignante Dang Thu Thao sont déjà blancs, mais son amour pour sa mission d’enseignante est toujours aussi vif. “C’est le destin qui m’a amenée à créer cette classe gratuite, il y a 27 ans“, partage Mme Thao.

“Auparavant, j’habitais au centre ville. Puis quand ma famille a déménagé dans le district de Nhà Bè, je me suis aperçue que beaucoup d’enfants de familles pauvres ne pouvaient aller à l’école. J’ai alors demandé aux autorités locales de me permettre d’ouvrir une classe gratuite pour les scolariser et leur permettre de poursuivre leurs études au collège. Ma demande a été acceptée“, se souvient Mme Thao.

Au début, tout le monde considérait la classe Phuoc Thiên comme une “classe d’alphabétisme“. De nombreuses personnes âgées ont demandé à la suivre, mais elle a dû les refuser pour garder de la place pour les enfants.

Lutte contre la déscolarisation

Lorsqu’elle était jeune, Mme Thao prévoyait de se marier. Mais son fiancé est décédé avant le mariage. Elle a alors décidé de vivre seule. “Sa mort m’a rendu très triste. D’autres hommes ont demandé à m’épouser, mais j’ai refusé parce que j’avais peur de revivre la même tragédie“, raconte Thao.

Depuis, elle se consacre corps et âme à l’enseignement gratuit pour les plus démunis. Elle a également adopté deux enfants de la classe, et considère les autres comme des membres de sa famille. Leurs parents sont très pauvres. Sans l’école Phuoc Thiên, ils seraient déscolarisés et passeraient leurs journées aux champs ou dans les rues.

Une classe gratuite pour les enfants defavorises de Ho Chi Minh- Ville hinh anh 2Des élèves démunis à Phuoc Thiên. Photo : TT/CVN

Le district de Nhà Bè dispose de l’école primaire de Tân Quy, un établissement très confortable.Mais beaucoup de familles pauvres ne peuvent payer les quelques centaines de milliers de dôngs de frais de scolarité mensuels. “Les enfants souhaitant étudier à l’école Phuoc Thiên sont nombreux. Nous n’avons pas d’autre choix que d’accueillir  les plus démunis“, partage une enseignante.

Pour maintenir son école, Mme Thao utilise sa maison de deux étages pour la classe et en loue une partie. “Les élèves n’ont pas à payer de frais de scolarité. Leurs uniformes et même les repas sont gratuits et les salaires des enseignants sont soutenus par des donateurs“, informe Mme Thao.

Chaque enseignant ne reçoit qu’une somme symbolique de 1,5 million de dôngs par mois. D’autres, en situation difficile, sont soutenus avec 10 kg de riz par mois. Les dépenses de l’école sont assurées par les recettes des chambres à louer et d’un petit restaurant.

Sa récompense : voir “ses“ enfants réussir

Malgré de nombreuses difficultés, l’école Phuoc Thiên existe depuis près de 30 ans. En dehors des efforts personnels de Mme Thao et d’autres enseignants, l’école reçoit aussi l’aide de pagodes et de généreux donateurs privés.

Durant l’année scolaire 2016- 2017, les dépenses pour les uniformes des 67 élèves étaient supérieures à 9 millions de dôngs (400 USD), pour les manuels scolaires à 11 millions de dôngs (490 USD), pour les repas à 120 millions de dôngs (5.300 USD)… “Je consacre à l’école tout l’argent que je gagne de mon petit restaurant et des chambres à louer. Je n’ai aucune journée de repos“, affirme Mme Thao.

Sa récompense, c’est de voir ses élèves grandir et réussir au collège. “Si un élève a de mauvais résultats, nous sommes prêts à lui enseigner une année de plus. Cela nous coûtera encore plus, mais je veux que mes élèves aient assez de connaissances“, partage Mme Thao.

Ces 27 dernières années, beaucoup d’élèves de Phuoc Thiên ont réussi dans leurs études. L’une de ses anciennes élèves est même devenue enseignante de l’école. “Je trouve que les élèves de Phuoc Thiên travaillent beaucoup plus que ceux d’autres écoles. Pour nous, il n’y a pas de meilleure motivation pour continuer notre mission“, conclut-elle.- CVN/VNA