Pham Van Phat habite et travaille dans la ville de TamKy, province de Quang Nam (Centre). Le modeste salon de sa maison regorged’anciennes poteries, de brûleurs d’encens, pots à chaux, assiettes et autresthéières. Plus que de simples céramiques, chaque objet contient la quintessencede cet art artisanal et l’âme de la culture vietnamienne au travers des siècles.Il s’agit d’une collection que ce quinquagénaire dorlote et choie comme laprunelle de ses yeux.
Une passion sans limite
Pham Van Phat a voyagé pendant dix ans dans les régionsdu Nord au Sud à la recherche de céramiques originales. Ayant consacré beaucoupde temps et d'énergie à la recherche des poteries de Quang Duc, ces dernièressont celles que M. Phat affectionnent tout particulièrement. D’année en année,le tourbillon de la vie quotidienne ne lui a jamais fait renoncer à sa passioninfinie à l’égard de ces antiquités et il s’attèle toujours autant à décoderles tranches de l’histoire tout en étudiant les mystères se cachant derrièreles lettres et images tracées sur les façades de chaque objet.
Il raconte que la poterie de Quang Duc est apparue il y a300 ans, dans le village éponyme, du district de Tuy An, province de Phu Yên(hauts plateaux du Centre). Entre les XVIe et XVIIe siècles, les membres de lalignée des Nguyên résidant à Binh Dinh avaient rapporté les techniques deconfection des céramiques à Phu Yên. Dans le temps, ces céramiques étaientfabriquées sous les mains habiles et méticuleuses des habitants de cette terreensoleillée, avec minutie, créativité et dextérité. À présent, ce métiern’existe plus que dans la commune de An Thach, district de Tuy An, ville de TuyHoà, Phu Yên.
M. Phat aime particulièrement les pots à chaux enporcelaine bleue. Son "pactole" en recèle notamment une dizaine depièces, chacune possédant un charme propre et unique. Selon lui, ce qui donnela particularité aux céramiques de Quang Duc se trouve dans les ingrédients etdans les techniques de cuisson.
Les conditions naturelles et géographiques du Tây Nguyênont offert au fleuve Cai une argile extraordinaire constituant la matièreprincipale de la confection de ces poteries. Mais l’élément décisif de sabeauté typique réside dans le processus de fabrication et de l’usage d’uningrédient spécial : le coquillage à coque de sang issu du marais d'O Loan, àPhu Yên. Ces coquillages, après avoir été prélevés, sont mélangés avec du boisséché avant d’être introduit dans le four pour la cuisson des objets pendanttrois jours consécutifs. À haute température, les coques fondent et formentainsi des couleurs vivantes pour les produits. Il s’agit d’une technique à lafois difficile et rare qui diffère avec celle d’autres villages de céramique duNord comme du Sud.
Des poteries qui racontent des histoires
En effet, les potiers de Quang Duc étaient des artisanstrès raffinés qui mettaient un point d’honneur à ajouter une touche artistiquesur les céramiques, que ce soit par des histoires, poèmes ou tableaux abordantla vie, les travaux champêtres, les croyances, ainsi que les vicissitudes dutemps.
En admirant ces objets, ces scènes de la vie d’antandatant de plusieurs siècles s’exposant sous ses yeux, M. Phat garde toujours lafarouche volonté de décrypter les secrets qui se cachent sous les objets de sacollection. Mais le passionné de céramique ne s’arrête pas là, en effet cedernier élabore un livre sur ces mystères tout en racontant avec détails laculture et l’histoire du pays. "À travers ce livre, les générationssuivantes auront l’occasion de mieux comprendre la tradition, les mœurs ainsique le mode de vie des Vietnamiens d’autrefois", a-t-il conclu.-CVN/VNA