À l'occasion dela préparation d'un dossier à soumettre à l'UNESCO pour lareconnaissance du chant Châu van comme patrimoine culturel immatériel del'humanité, la revue Vietnam Illustré de l’Agence vietnamienned’information a rencontré le professeur Ngô Duc Thinh, un expert depremier plan du culte de la Déesse-Mère pour mieux comprendre le rituelHâu dông (médiumnité), une croyance ancestrale encore pratiquée parnombre de Vietnamiens.
Reporter: Le rituel Hâu dông(médiumnité), qui relève du culte de la Déesse-Mère, intéresse beaucouple public, surtout depuis qu’un dossier a été soumis à l'UNESCO par leministère de la Culture, des Sports et du Tourisme, pour sareconnaissance comme patrimoine culturel immatériel de l'humanité. Entant que chercheur qui a consacré presque toute sa vie à l'étude de ceculte, pourriez-vous nous présenter les traits caractéristiques de cettecroyance populaire purement vietnamienne ?
Le ProfesseurNgô Duc Thinh: Le culte de la Déesse-Mère dispose de quatre pointsfondamentaux. Tout d'abord, elle considère la nature comme la Mère.
Deuxièmement,elle apporte aux gens qui vivent dans ce monde trois choses : bonheur,prospérité et longévité. Ce sont des vœux éternels et intemporels del'homme. Ce culte ne s’intéresse pas à la vie de l’homme après la mort,mais à la vie de l’homme dans le présent avec ses trois souhaits :santé, richesse et belle carrière. C’est la raison pour laquelle cettereligion est toujours importante dans la vie moderne car elle exprimeles souhaits objectifs de l’homme.
Troisièmement, ellereflète clairement le patriotisme. Ceci est illustré par le fait queprès de 50 génies sont adorés dans le culte de la Déesse-Mère, dont descélébrités historiques comme Trân Hung Dao adoré en tant que Génie Trân.
Quatrièmement, ce culte est une croyancemulti-culturelle, qui n'existe que dans la nation vietnamienne. De ces50 génies, plus de dix sont de minorités ethniques, ce qui montre quedès ses origines, le peuple vietnamien oeuvrait à l'intégrationculturelle. Le culte de la Déesse-Mère est équitable pour tout le monde,indépendamment de l'origine ethnique.
Reporter: D'où vous vient cet intérêt pour le culte de la Déesse-Mère ?
LeProfesseur Ngô Duc Thinh: Ma terre natale est à Nam Dinh où il y abeaucoup de pagodes, de temples et de sanctuaires. Quand j'étais jeune,j'avais l'habitude d'aller dans les pagodes pour regarder les spectaclesde chant et de danse en transe des femmes âgées et recevoir un cadeaude leur part. Le cadeau était seulement une série de cinq jujubes,beaucoup moins que les dons aujourd'hui. Quand j'ai grandi, je me suisposé la question: «Pourquoi le rituel du médium existe toujours bienqu’il a été interdit par l'État pendant une certaine période ? ». Letravail que je fais maintenant est de trouver une réponse à cettequestion. Pour un chercheur culturel comme moi, une telle question nepeut prendre toute une vie pour trouver une réponse. À mon avis, il y atoujours une raison pour la naissance d'une chose et il est impossibled'interdire les besoins.
Reporter: À votre avis, quefaut-il faire pour préserver et promouvoir les valeurs culturelles lesplus élevées de cette religion?
Professeur Ngô Duc Thinh:La question fondamentale qu’il faut se poser est d’où ce culte vient-il.Il vient du peuple. Par conséquent, un principe très important dans lapréservation et la conservation du patrimoine culturel national est quela préservation doit s'appuyer sur la communauté.
Selon des données àaffiner, le pays compte plus de 7.000 temples et sanctuaires, àl'exclusion des sanctuaires privés. Je me souviens encore que lors d’unséminaire international sur le culte de la Déesse-Mère, une personne dela Commission nationale vietnamienne pour l'UNESCO a déclaré:«L'interdiction de ce rituel a été une honte pour le patrimoine culturelnational du Vietnam».
«Ayant consacré toute ma vie auculte de la Déesse-Mère, je suis confiant car je pense que ce riteperdurera car il est profondément ancré dans le cœur des Vietnamiens »,a-t-il conclu.
• Le Professeur Ngô Duc Thinh est né en1944. Il a été directeur de l'Institut vietnamien de rechercheculturelle. Maintenant, il est directeur du Centre Vietnam pour larecherche et la conservation de la culture et des croyances (http://daomauvietnam.com ), membre du Conseil national du patrimoineculturel et vice-président du Conseil du folklore asiatique. - VNA