C’est en 2004 que tout commence. À 14ans, Nguyên Thùy Dung se rend au complexe sportif Quân Ngua à Hanoi avecl’une de ses amies pour un essai.
L’entraîneur Trân Quôc Tuânvoit rapidement en elle un diamant brut - qu’il faudra dégrossir bienentendu - et lui propose de l’intégrer à la sélection de Hanoi pour luifaire suivre un entraînement orienté professionnel. La jeune filleparvient à convaincre ses parents de lui laisser suivre sa passion,malgré de fortes réticences au départ.
Des débuts sur les chapeaux de roue…
Depuisses débuts sous les couleurs de la sélection de Hanoi, Nguyên Thùy Dungn’a eu de cesse de marquer de son empreinte le sport hanoïen, rayonnantmême au niveau national. En 2006, deux ans avant de passerprofessionnelle, elle reçoit sa première convocation pour la sélectionnationale. Et un an seulement après, le nom de cette coureuse au profilde sprinteuse pur jus (1 m 68 pour 63 kg) est déjà sur toutes leslèvres, elle qui lève les bras à trois reprises aux championnats duVietnam, et revêt deux maillots verts (meilleure sprinteuse) lors ducritérium organisé par la Télévision d’An Giang puis à Hanoi, et lors dela course organisée par sa sélection à Hanoi. Une carrière avec undépart tonitruant sur le plan sportif, mais beaucoup plus compliquée unefois les cale-pieds desserrés…
… avant plusieurs désillusions
Maisse consacrer corps et âme à un sport, qui plus est aussi difficile quele cyclisme, exige une discipline des plus strictes. Thùy Dung doit serésoudre à se tirer un trait sur les loisirs quotidiens que pratiquentses camarades du même âge. Au lieu de simplement suivre le train-trainquotidien de l’écolière lambda et de s’amuser avec ses amis, Thùy Dungconsacre sa jeunesse à l’entraînement. Sa peau en porte d’ailleurs lesstigmates (dû aux coups de soleil à répétition), de même que parfois sonétat de forme, en proie à quelques coups de moins bien... Elle doitaussi acheter le matériel et l’équipement nécessaires - de surcroît dequalité - pour optimiser ses séances.
Nguyên Thùy Dung, une star dans le monde du vélo vietnamien.
En dépit de ses bonsrésultats dans les courses en ligne mais aussi dans l’effort solitaire(contre-la-montre), elle ne reçoit aucun soutien financier digne de cenom de la part de sa sélection. Une situation qui devient viteintenable. Elle décide alors d’aller dans le Sud rejoindre les rangs del’équipe de la Compagnie d’approvisionnement en eau et del’environnement Binh Duong, qui lui promet de lui fournir un emploi ausein de la société une fois sa carrière terminée, et d’assurer ainsi sareconversion professionnelle. Une décision qui marque pour elle le débutd’un long chemin de croix, d’autant qu’elle doit mettre un terme aucontrat qui la lie à la sélection de Hanoi. Résultat : elle se retrouvemalgré elle privée de toutes compétitions pendant deux ans et demi, uneéternité à ce niveau… « Cette période a été un véritable supplice ! J’aiplusieurs fois failli jeter l’éponge… Heureusement, mon entourage atoujours été à mes côtés pour me soutenir dans ces moments de doute »,se souvient la coursière, sans toutefois jamais renoncer àl’entraînement pour maintenir sa condition.
Maillot à pois de la persévérance
Etle travail paie, dans tous les sens du terme. Aujourd’hui âgée de 23ans, elle ne regrette à aucun moment cette décision qui a bien faillilui faire mettre pied à terre. Avec un salaire mensuel de 7,5 millionsde dôngs et une prime d’ancienneté d’un million de dôngs par mois, ellepeut vivre décemment de sa passion. Et sachant que la Compagnied’approvisionnement en eau et de l’environnement Binh Duong lui garde unposte bien au chaud, il serait dommage de faire la fine bouche.
Sentimentalementaussi, Thùy Dung est comblée. Elle partage sa vie avec Bùi Minh Thuy,originaire de la province de Vinh Long et coureur cyclisteprofessionnel, tout comme elle. Tous deux songent déjà à fonder unefamille, mais il faudra encore attendre un peu ! Thùy Dung participeactuellement au critérium international de Binh Duong élargi, une coursede préparation en vue des prochains championnats d’Asie, où elleaimerait - en championne qui se respecte - faire mieux que de lafiguration. Sans oublier les SEA Games 27 (Jeux sportifs d’Asie duSud-Est) en novembre prochain au Myanmar, où rentrer sans médailleautour du cou serait pour elle une cruelle désillusion. - VNA