Les défis posés exigent des efforts et une détermination accrus de la part de tous les niveaux de gestion jusqu’à la communauté des entreprises afin de garantir la stabilité macroéconomique et de créer une dynamique pour une croissance durable dans les trimestres à venir.
Dans les temps à venir, l’économie devra faire face à de multiples défis imbriqués. De l’impact de la politique des taxes réciproques des États-Unis à la pression inflationniste intérieure, le contexte économique nécessite des réponses flexibles et efficaces.
Pour mieux éclairer cette situation, le journal électronique VietnamPlus s’est entretenu avec Nguyen Thu Oanh, cheffe du Département des services et des prix de l’Office national des statistiques, relevant du ministère des Finances.
Impact sur de nombreux secteurs clés
– Madame, les États-Unis étant notre principal marché d'exportation, la politique des « taxes réciproques » du président Trump crée-t-elle des défis particuliers pour l'économie vietnamienne ?
Nguyen Thu Oanh : Cette politique constitue effectivement un défi majeur. Concrètement, si les États-Unis appliquent un taux de 46 % sur les marchandises vietnamiennes, l’impact s’étendra à de nombreux secteurs économiques clés. Selon les statistiques de 2024, six groupes de produits (ordinateurs, produits électroniques et composants ; machines, équipements, outils et pièces détachées ; téléphones et composants ; textile ; chaussures ; bois et produits dérivés) représentent plus de 74 % du chiffre d'affaires total des exportations vietnamiennes vers les États-Unis.
Les entreprises à investissement direct étranger (IDE) occupent une part importante dans les exportations d’électronique, de machines et de téléphones. L’imposition de cette taxe pourrait les inciter à délocaliser leur production vers d'autres pays, ce qui affecterait directement le chiffre d’affaires à l’export du Vietnam.
Quant aux secteurs du textile, de la chaussure et du bois – où la participation des entreprises locales est plus élevée – une hausse des droits de douane réduira la compétitivité des produits vietnamiens. Cela compliquera la recherche de nouveaux marchés de substitution et pourrait entraîner une baisse des commandes ainsi que du chiffre d’affaires à l’exportation.
Par ailleurs, le fait que les États-Unis appliquent des droits de douane élevés à tous les pays pourrait accroître l’inflation mondiale, ce qui pèserait sur la consommation et aurait un effet négatif indirect sur les exportations vietnamiennes.
– Selon vous, quelles mesures le Vietnam devrait-il mettre en œuvre pour minimiser les effets négatifs de cette politique tarifaire ?
Nguyen Thu Oanh : Pour faire face à cette situation, nous avons besoin d’une stratégie globale et proactive.
Premièrement, il est essentiel de renforcer le dialogue bilatéral avec les États-Unis afin de clarifier les intérêts commerciaux en jeu et d’affirmer que le Vietnam est un partenaire équitable et digne de confiance.
Deuxièmement, il convient de poursuivre activement les efforts visant à équilibrer la balance commerciale entre les deux pays, en mobilisant divers canaux et leviers d’action.
Troisièmement, il faut améliorer les aspects que les États-Unis considèrent comme une forme de protectionnisme ou de concurrence déloyale de la part du Vietnam.

Quatrièmement, la diversification des marchés d’exportation et l’amélioration de la qualité des produits sont nécessaires pour réduire la dépendance au marché américain.
Enfin, les autorités compétentes doivent fournir aux entreprises des informations précises et en temps utile sur la politique de taxation réciproque, afin qu’elles puissent préparer les données nécessaires et anticiper les réactions pour protéger leurs intérêts sur le marché américain. Parallèlement, les instances de gestion doivent proposer des mesures de soutien concrètes pour atténuer l’impact des droits de douane sur les producteurs et exportateurs.
Assurer la fluidité du marché intérieur
– L’Assemblée nationale a relevé le plafond d’inflation à 4,5–5 % pour soutenir l’objectif de croissance économique de 8 %, mais le gouvernement vise toujours à contenir l’inflation à 4,15 %. Dans un contexte de prix du porc élevés et d’augmentation générale des frais sur les plateformes de commerce électronique, quelles mesures faudrait-il, selon vous, mettre en place pour atteindre cet objectif ?
Nguyen Thu Oanh : C’est un défi de taille qui nécessite une coordination harmonieuse et cohérente entre de nombreux acteurs.
Avant tout, le gouvernement, les ministères, les agences et les autorités locales doivent suivre de près l’évolution des prix et de l’inflation dans le monde, afin d’alerter à temps sur les risques potentiels et de mettre en œuvre des mesures adaptées pour garantir l’approvisionnement et la stabilité des prix sur le marché intérieur.
Par ailleurs, les instances de gestion doivent veiller à assurer la fluidité de l’approvisionnement, de la circulation et de la distribution des biens et des services – notamment pour les produits stratégiques susceptibles d’être affectés par les ruptures des chaînes d’approvisionnement mondiales ou par les tensions géopolitiques.
Il est particulièrement nécessaire de suivre de près l’évolution des prix des produits essentiels tels que les denrées alimentaires, les produits agricoles, la viande de porc, les carburants, le gaz, etc., afin de mettre en œuvre des mesures de régulation appropriées et de préparer activement les stocks pour les périodes de fêtes, notamment le Nouvel An lunaire, afin de limiter les hausses de prix soudaines. Les ministères et secteurs concernés doivent également renforcer le contrôle des prix, stabiliser le marché et sanctionner sévèrement les violations, en évitant les augmentations de prix injustifiées ou la diffusion de fausses informations susceptibles de déstabiliser le marché.
Par ailleurs, les décisions relatives à l’ajustement des prix des services administrés par l’État doivent être prises avec prudence, en tenant compte du bon moment et du bon niveau d’ajustement afin d’éviter tout effet de spirale inflationniste par les coûts ou d’inflation anticipée.
Sur le marché, les autorités compétentes doivent piloter de manière flexible et cohérente les instruments de politique monétaire pour contrôler l’inflation conformément aux objectifs fixés, tout en soutenant la production, les entreprises et les conditions de vie de la population.
Enfin, un élément indispensable est de renforcer la communication et la diffusion d’informations transparentes et opportunes, afin de favoriser le consensus public autour des politiques du gouvernement, stabiliser les attentes inflationnistes et apaiser les inquiétudes des consommateurs.
– Merci beaucoup, Madame.