Les ports contribuent pour une part décisive au développement et au rythme de croissance de l'économie maritime d'un pays. Le Vietnam en compte plus de 260, dont beaucoup ont une envergure internationale.

Le Vietnam dispose de plus de 3.260 km de côtes. Ses eaux territoriales sont traversées par une des lignes maritimes les plus importantes et les plus animées au monde. Des atouts éminemment favorables au développement de l'économie maritime, notamment portuaire.


Mais les plus grandes difficultés pour le Vietnam dans le développement de son économie maritime tient à la faiblesse de ses infrastructures portuaires comme à l'absence d'aménagement correctement réalisé. À l'exception d'un certain nombre de nouveaux ports, la plupart des ports maritimes nationaux ne sont équipés que de médiocres technologies de chargement et de déchargement, d'où de faibles capacités de manutention.

La faiblesse des infrastructures portuaires est synonyme de grosses pertes pour l'économie maritime. Selon l'Association de la logistique du Vietnam, le pays compte environ 800-900 entreprises spécialisées dans les services de logistique, dont 600-700 rien qu'à Hô Chi Minh-Ville. Cependant, la plupart d'entre elles, dotées d'un capital de seulement 1-1,5 milliard de dôngs, ne sont que des sous-traitants de multinationales étrangères. Cela signifie qu'elles ne doivent se contenter que des miettes de ce "succulent gâteau". Bà Ria - Vung Tàu en est un bon exemple. Ces dernières années, cette province du Sud s'est focalisée sur l'amélioration de son réseau portuaire, sans trop s'intéresser au développement de ses services de logistique. Avec comme résultats que les entreprises locales ne jouent plus le rôle que de fournisseurs satellites, de loueurs de dépôts de marchandises, de commissionnaires en douane ou quelques autres services logistiques.

D'après Hô Van Niên, vice-président du Comité populaire provincial, les entreprises de Bà Ria - Vung Tàu "n'ont pas encore pris vraiment conscience" des biens incorporels, de la matière grise et des technologies appliquées dans les activités logistiques. Elles doivent ainsi faire face à une grave pénurie de main-d'oeuvre, surtout de diplômés en logistique et en administration de la chaîne de fourniture. "Autorités, entreprises et travailleurs locaux ne font pas grand cas de ce secteur économique", déplore-t-il.

Le cas de Bà Ria - Vung Tàu n'est pas exceptionnel. En général, la capacité des entreprises vietnamiennes en matière de services de logistique est limitée. Le Vietnam n'a presque aucune véritable compagnie de logistique capable d'assurer des transports dans tout le pays en liaison avec le marché international, en proposant des frais de fret concurrentiels. Elles ne mènent ces activités qu'étape par étape.

Selon les statistiques, les sociétés vietnamiennes détiennent seulement 25% des parts de marché national des services de logistique. Au dire d'experts, le développement de cet important secteur des transports maritimes et de la logistique nécessite une politique volontariste axée autour de l'exploitation des potentialités et de la main-d'œuvre.

L'économie maritime étant considérée comme l'une des industries clefs, la construction et le développement du réseau portuaire ont un rôle important.

Selon les spécialistes en navigation, alors que l'investissement dans l'économie des ports maritimes est soutenu, leur aménagement présente un certain nombre de défaillances. Par exemple, les ports maritimes nationaux ne peuvent pas encore recevoir de grands porte-conteneurs transatlantiques, alors que le transport par conteneurs montre une nette tendance à la hausse.

Lors d'une récente conférence sur le développement économique des ports maritimes à Vung Tàu, des experts ont estimé que le Vietnam devrait construire 15-20 km de nouveaux appontements et consacrer quatre milliards de dollars pour répondre à la hausse du fret maritime.

La principale difficulté réside dans la différence de fréquentation entre les ports des trois régions du pays : faible au Nord et au Centre mais surcharge au Sud, notamment le port de Cát Lái à Hô Chi Minh-Ville. D'où un paradoxe : la plupart des marchandises d'exportation nationales doivent transiter par de grands cargos qui jettent l'ancre en Asie du Sud-Est. Selon des calculs d'experts, les frais de transit contribuent à augmenter de 28% les frais de transport, ce qui se traduit par près de 1,5 milliard de dollars de pertes annuelles pour l'économie nationale.

Selon les prévisions du Service de la navigation du Vietnam, pour que ses ports puissent recevoir 1.580 millions de TEU de marchandises (un TEU équivalant à un conteneur de 20 pieds) en 2030, le pays devra investir au moins 56 milliards de dollars dans ses infrastructures portuaires.

À ce propos, le ministère du Plan et de l'Investissement a demandé au gouvernement d'accorder la priorité au développement synergique des infrastructures de communication de Hai Phòng (Nord) et de Hô Chi Minh-Ville (Sud), les deux plus importantes villes portuaires du pays. Ces ports ont en effet une place stratégique dans le réseau portuaire national comme dans l'économie nationale. Il faut, dans l'immédiat, se pencher sur les projets de communication vitaux dans le développement des ports maritimes. Il s'agit surtout de la ligne ferroviaire Hô Chi Minh-Ville - Biên Hoà - Vung Tàu et de l'autoroute Hô Chi Minh-Ville - Long Thành - Vung Tàu au Nam Bô oriental; de la voie ferrée Yên Viên - Pha Lai - Ha Long - Cái Lân, des autoroutes Hanoi - Hai Phòng et Nôi Bài - Ha Long - Móng Cái au Nord; de la nationale 27 au Centre.

Le réseau routier inadéquat constitue aussi un problème épineux. Les voies d'accès aux ports maritimes sont pour la plupart étroites, les camions porte-conteneurs devant partager la chaussée avec d'autres véhicules. Et le réseau ferroviaire ne peut répondre qu'à 10-15% de la demande de transport de marchandises qui transitent par les ports. -AVI