Semer les grains de cacao pour une croissance durable
Après le caoutchouc et la noix de cajou, le Vietnam a décidé de se
lancer depuis 2004 dans la production de cacao. Mais cette filière
prometteuse peut faire encore d’importants progrès. «Le développement
de la culture du cacaoyer sur l’ensemble du pays est rapide, mais ne
répond pas encore à l’objectif fixé par le Plan de développement du
cacaoyer élaboré par le ministère de l’Agriculture et du Développement
rural», a informé Nguyên Van Hoà, chef adjoint du Département de la
culture, relevant dudit ministère.
Ce plan prévoit
d’élargir les surfaces exploitables de 20.100 ha en 2011 à 60.000 ha en
2015 et à 80.000 hectares en 2020. Le pays cherche aussi à améliorer la
productivité pour atteindre 1,2 à 2,5 tonnes de fèves produites par
hectare.
Le cacaoyer est essentiellement planté dans le
delta du Mékong (12.115 ha, soit 60,3% du total actuel). Il est suivi
des hauts plateaux du Centre (4.555 ha, 22,7%), du Nam Bô occidental
(3.405 ha, 16,9%) et des provinces du littoral du Centre méridional (25
ha, 0,1%).
Le cacaoyer se développe bien aux côtés du
cocotier, de l’anacardier, du caféier et des arbres fruitiers. Dans le
delta du Mékong, la province de Bên Tre abrite la plus large superficie
de cacaoyers, avec 9.000 ha, lesquels cohabitent avec 52.000 hectares
de cocotiers, d’après le directeur du Service provincial de
l’agriculture et du développement, Lê Phong Hai.
«La
province de Binh Phuoc compte 1.300 ha de cacaoyers dont 500 ha ont
donné des fruits», a fait savoir Nguyên Van Toi, directeur de son
Service de l’agriculture et du développement rural.
Au niveau
national, les cacaoyers donnant des fruits occupent 8.062 hectares,
soit 40% de la superficie totale de plantation. Les 60% restants, qui
ont pour but à terme la commercialisation, n’ont qu’un ou deux ans
d’âge alors qu’il en faut 20 ans pour qu’une plantation soit pleinement
exploitable. Actuellement, le rendement moyen est estimé à sept
quintaux de fèves produites par hectare, et la production nationale
atteint 5.760 tonnes par an.
Les besoins en produits
dérivés de cacao dans le monde augmentent de 4% par an, mais l’offre
est en forte baisse, notamment chez les grands producteurs mondiaux,
dont la Côte d’Ivoire et le Ghana, qui représentent 60% de la
production mondiale.
Poursuivant sa course au cacao, le
Vietnam est fortement soutenu par plusieurs organisations
internationales dont ACDI/VOCA, Helvetas et UTZ Certified.
UTZ/Solidaridad apprend le modèle de plantation du cacaoyer certifié
UTZ aux agriculteurs de Dak Lak, Dak Nông, Binh Phuoc, Ba Ria-Vung Tàu,
Tiên Giang et Bên Tre, tandis que Helvetas soutient ceux de Bên Tre et
Tiên Giang. Les sociétés ED & FMan, Cargill ont installé leurs
stations d’achat de cacao au Vietnam.
Pour l’heure,
Cargill coopère avec l’Association du café et du cacao du Vietnam pour
mettre en œuvre le programme de culture du cacaoyer selon les normes
UTZ Certified. Cargill rachète environ 80% du cacao vietnamien et
propose de taxer les exportations de cacao à hauteur de 10% de la
valeur d’une tonne vendue. La somme prélevée doit être réinvestie dans
le l’amélioration du niveau de vie des agriculteurs concernés, de la
qualité des fèves, des superficies consacrées et des pratiques en
vigueur, conformément aux exigences d’une économie durable.
L’UTZ assiste encore 12 autres entreprises de Dak Nông, Dak Lak, Binh
Phuoc, Dông Nai, Bà Ria-Vung Tàu, Tiên Giang et Bên Tre, pour obtenir
aux critères requises. Pour sa part, Helvetas a coopéré avec Bên Tre et
Tiên Giang pour édifier le modèle de production biologique des produits
de cacao. -AVI