Hanoi (VNA) – Outre leur culture, leurs us et coutumes spécifiques, les minorités ethniques du Vietnam ont aussi des croyances profondes que l’on peut découvrir notamment à l’occasion du Têt. Voici quelques-uns de leurs rites réalisés lors du passage au Nouvel An. 

 

Plongee dans les rites du Tet traditionnel des ethnies minoritaires hinh anh 1L’appel des buffles est un rituel symbolique pratiqué par les enfants des Muong. Photo : CTV/CVN

Les Muong sont parmi les plus importants des 53 ethnies minoritaires du Vietnam. La province montagneuse de Hoà Binh (Nord) les abrite pour l’essentiel. Leurs us et coutumes du Têt méritent d’être découverts. Pour les Muong de Hoà Binh, cette fête commence le 27e jour du 12e mois lunaire, lorsque les pêchers fleurissent de partout et que les arbres sur le bord des routes bourgeonnent à foison. Venez visiter la commune de Binh Thanh du district de Cao Phong pour découvrir les us et coutumes de cette ethnie !

Appel des buffles

L’appel des buffles est un rituel symbolique pratiqué par les enfants des Muong. Après le Réveillon, ces jeunes portent les flambeaux et frappent sur les gongs et les mokugyo pour appeler les mammifères ruminants à rentrer à l’étable. Après plusieurs tours du village, ils s’arrêtent et font semblant de compter "un, deux, trois, quatre…", puis crient : "Mon cheptel suffit !". Ensuite, les membres de la famille vont chercher de l’eau pure au ruisseau pour la déposer sur l’autel des ancêtres avant de la reverser dans un grand vase pour l’usage quotidien. Les Muong croient que l’utilisation de cette eau amènera la chance et le bonheur pour toute l’année.

Outre l’appel des buffles, les Muong accrochent aussi des bûches de riz gluant farcies et cuites à la vapeur sur leurs instruments aratoires tels que charrues, herses et palanches. Ceux-ci sont considérés comme des amis des agriculteurs et, à ce titre, ils sont ainsi invités à célébrer le Têt avec leurs familles. Les gens croient qu’un buffle ou une charrue doivent également se reposer après une année de labeur. Ces outils de travail sont très importants pour les Muong qui ont à cœur d’exprimer le respect et la reconnaissance de l’hôte.

Les Lô Lô réveillent le bétail

Les derniers jours de l’année des Lô Lô sont assez communs à ceux de tous les peuples du Vietnam. Les 28e et 29e jours du 12e mois lunaire, tous les membres de la famille nettoient ensemble la maison et sortent les ordures aux carrefours et intersections. Ils se débarrassent ainsi de la malchance et des choses indésirables de l’année précédente pour se préparer à accueillir la chance et le bonheur en même temps que la nouvelle année.
 
Plongee dans les rites du Tet traditionnel des ethnies minoritaires hinh anh 2Un groupe des Lô Lô choisi pour abreuver et nourrir le bétail. Photo : CTV/CVN

Dans le dernier soir de l’année lunaire, les Lô Lô prendront un déjeuner chaud ensemble. Le chef de la maison organisera ensuite une cérémonie afin de prier pour la santé et la chance pour les membres de la famille en invitant les “âmes” des défunts à se réunir. Lorsque le premier coq chante le matin du Nouvel An, le chef du foyer enverra un membre réveiller le bétail afin que celui-ci puisse fêter le Nouvel An avec toute la famille.

À ce moment-là, une cérémonie solennelle a également lieu, voyant les hommes offrir des coqs et les femmes des poules afin de prier pour la santé, le bonheur et la richesse. Des personnes seront alors choisies pour abreuver et nourrir le bétail. Nous voyons ainsi la promiscuité que les Lô Lô entretiennent avec leurs bêtes, notamment parce qu’ils participent largement à leur économie familiale.

Les Pà Then et leur danse du feu

Une caractéristique de l’autel de l’ethnie Pà Then est qu’il y a toujours un bol rempli d’eau pendant l’année. Si le niveau d’eau est bas, il faut attendre juin pour que le chef de famille ouvre le bol et le remplisse à nouveau. Le soir du Nouvel An, toutes les portes de la maison sont fermées et tous les trous scellés. Après, l’hôte nettoiera le bol et changera l’eau pour accueillir la Nouvelle Année.
 
Plongee dans les rites du Tet traditionnel des ethnies minoritaires hinh anh 3Danse du feu des Pà Then. Photo : VNA

Toutes ces actions se dérouleront en cachette pour éviter la malchance dans l’année à venir. De plus, les habitants de Pà Then organisent une fête de danse du feu tout à fait unique, qui se tient généralement en fin d’année, entre octobre et décembre, pour montrer l’esprit d’audace face aux dangers et conjurer les maladies. Les participants, qui doivent être des personnes d’une bonne moralité, n’hésitent pas à marcher pieds nus et à sauter sur les charbons ardents. Parfois, certains en ramassent même un pour le mettre dans leur bouche. Il est toujours mystérieux de voir que tous les participants en sortent indemnes, sans aucune brûlure !

Fête de la goutte d’eau des Xo Dang 

Pour les Xo Dang vivant dans la province de Kon Tum (Hauts Plateaux du Centre), les célébrations sont étroitement liées aux périodes de récolte. Ils en ont deux principales : la fête de la goutte d’eau et celle du feu. La première a lieu vers mars, marquée par une cérémonie d’"offrande de la gouttière" afin de demander au Dieu de l’eau (Yang Dak) de donner aux villageois une bonne récolte et de l’eau en abondance pour la nouvelle année. Ce petit canal, que les Xo Dang utilisent pour diriger l’eau de ruisseau vers les réservoirs de leur famille, sont généralement en bambou. Chaque famille dispose d’une jarre pour recevoir ces eaux.

Après cette cérémonie, on organise une grande fête qui durera plusieurs jours. Les villageois amènent des chiens et des casseroles en cuivre aux gouttières pour ramener de l’eau à la maison et, en même temps, s’organisent pour festoyer et folâtrer pendant plusieurs jours d’affilée.

Contrairement à la fête de la goutte d’eau qui est célébrée après la fin de la récolte, celle du feu a lieu lors de la préparation du démarrage d’une nouvelle, afin de prier pour les terres fertiles et les récoltes abondantes. Les Xo Dang ont une méthode d’élevage très spéciale : ils brûleront des arbres pour obtenir des terres arables et utiliseront les cendres afin de fabriquer des engrais. – CVN/VNA