La majorité des Vietnamiens est consciente de l’impact de la consommation sur l’environnement. Échange avec Lê Van Khoa, chef de la filière de gestion de l'environnement de l’École polytechnique de Hô Chi Minh-Ville.

Pouvez-vous faire un état des lieux de l’environnement au Vietnam ? Et ses impacts sur la santé et la qualité de vie ?

La pollution a tendance à s’aggraver, c’est un fait. Les données statistiques et des mesures effectuées dans tout le pays, notamment dans les zones et complexes industriels, ainsi que dans les cités urbaines, le démontrent clairement.
Il faudrait réaliser des enquêtes complémentaires pour une évaluation plus précise. Une chose est sûre, plus la pollution est grave, plus la qualité de vie baisse.

Les habitudes de consommation ont-elles une incidence ?

Les habitudes de consommation n’influencent pas plus sur la qualité de l’environnement de vie que d’autres activités humaines comme l’industrie, l’artisanat, les véhicules, l’exploitation des minerais. Toutefois, les mauvaises habitudes de consommation actuelles repose ou implique un gaspillage d’énergie et des ressources naturelles, dont l’eau.
Que pensez-vous de la tendance actuelle à la consommation durable et responsable ?

Le concept de «consommation verte» est arrivé au Vietnam il y a quelques années avec l’apparition de plusieurs produits dits «bio» comme des sacs en matière recyclables, des lampes économiques... Le but est de conduire progressivement les gens à choisir des produits respectant l’environnement et non nuisibles à la santé. Les produits bio contribuent non seulement à modifier le comportement de consommation des gens, mais aussi à changer leur regard vis-à-vis des déchets. Plus largement, ces produits encouragent la production d’autres produits écologiques, ce qui s’accompagne du développement de technologies propres, de produits et services respectant l’environnement, de l’emploi plus efficace des énergies et des ressources naturelles. À long terme, ces activités permettront d’améliorer la qualité de notre vie et de celle des futures générations.

Quels sont les obstacles à la consommation verte au Vietnam ?

Il y en a plusieurs. D’abord, le manque de connaissances globales sur la protection de l’environnement, sur l’origine et les effets de la polllution. Et puis, on constate depuis quelques temps un moindre intérêt aux produits verts. Ils sont moins présents sur le marché que les produits dits «ordinaires», et leur prix est en général plus élevé.
Que faire pour la promouvoir ?

Le développement de la consommation verte bénéficie de conditions favorables tant sur le plan institutionnel que politique. Nombre de stratégies nationales font référence à la consommation durable et responsable, dont la Stratégie nationale pour la protection de l’environnement d’ici à 2020 et orientations pour 2030. Cette dernière prévoit des politiques d’assistance au développement de la filière des produits recyclables. Elle comprend des mesures de sensibilisation en vue d’aboutir à un mode de vie plus soucieux des questions d’environnement et de qualité de vie.

La Stratégie nationale pour une croissance verte, quant à elle, définit le développement durable comme la 3e tâche stratégique, c’est-à-dire un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs propres besoins. Parmi les 17 mesures fixées figurent l’incitation à la consommation de produits écologiques, l’édification d’un mode de vie en harmonie avec l’environnement, le développement d’une consommation et d’une production durables... - VNA