Lesvacances d’été sont très attendues par les enfants, mais pas forcémentpar les parents qui doivent trouver de quoi occuper leurs cherschérubins pendant des mois! Heureusement, il y a la télévision...
Ces dernières années, les enfants vietnamiens avaient pu découvrir surle petit écran plusieurs téléfilms de qualité comme Phiêu luu mua hè(Aventure d’été), Luc lac huyên bi (Grenot mystérieux), Trang Tèo (Grandmaître Tèo, feuilleton de 30 épisodes), Huong vi ô mai (Saveurd’abricot confit), Nhiêm vu dac biêt (Mission spéciale), Kinh van hoa(Kaléidoscope, feuilleton), Son ca không hat (Le rossignol qui ne chantepas)… Cependant, les petits ont attendu en vain une nouvelle «floraisond’œuvres cinématographiques». Ils n’en ont eu que quelques-unes, destudios privés.
«Les studios cinématographiques nes’intéressent qu’aux téléfilms et peu aux œuvres pour la jeunesse»,constatent des experts.
Pourquoi ce désintérêt des cinéastes ?
«La difficulté majeure est la rareté des scénarios. En effet, nousn’en recevons que quelques-uns, dont la qualité laisse à désirer», seplaint un responsable de la Télévision de Hô Chi Minh-Ville. Pour lui,peu de scénarios satisfont aux critères définis, en termes de contenu,de valeur esthétique, de caractère éducatif… «Du fait des coûts deproduction élevés, le choix du scénario est évidemment capital»,explique-t-il. Or, le pays n’a pas encore de contingent de scénaristesspécialisés dans les téléfilms pour la jeunesse. En plus, c’est unsegment où les honoraires d’auteur sont les moins élevés, ce qui n’estpas pour susciter les vocations.
Selon la metteuseen scène My Khanh, parfois, un bon scénario est «irréalisable», carinadapté à la psychologie de l’enfant. «Le scénariste doit comprendre lapsychologie de l’enfant», insiste-t-elle. Et de citer le film Grelotmystérieux, qu’elle a dû, au cours de sa réalisation, faire voir à safille et aux enfants des voisins. «Le film a été rajusté plusieurs fois,pour concorder au mieux avec le monde intérieur des enfants».
Pour le metteur en scène Nguyên Minh (auteur d’Aventure d’été), ladifficulté réside aussi dans le tournage qui dépend entièrement del’emploi du temps des acteurs et actrices qui sont tous des écoliers.«Parfois l’équipe du film doit venir persuader des parents qui neveulent pas que leurs enfants quittent longtemps l’école», ajoute-t-il.
Des dessins animés sont parmi les productions télévisuelles préférées des enfants.
Pour les studioscinématographiques, le budget est la question centrale. Selon eux,«produire un téléfilm de jeunesse, c’est comme une aventure. On atoujours du mal à trouver un investisseur ou un sponsor et on n’estjamais très sûr des recettes». La production d’un film pour la jeunessecoûte plus cher que pour d’autres genres. Car, lors de leur déplacementvers les lieux du tournage, les petits sont souvent accompagnés de leursparents...
Responsabilité des cinéastes
En plus le retour sur investissement est long, sans compter les fois où les bénéfices sont... proches de zéro.
Forts de leur vocation éducative, les films pour la jeunesse ontvocation d’orienter la personnalité des enfants. La pénurie de téléfilmspour les enfants est vraiment un dommage moral, car cela peut lespousser vers un environnement culturel confus où regorgent les produits -potentiellement - malsains : films noirs ou de violence, jeux en ligne…
Conscients de cette situation nuisible, plus d’uncinéaste se déclarent disposés à produire des téléfilms pour lajeunesse, sans recherche de profit ou de «gloire». «Si cette pénurie seprolonge, les enfants pourraient un jour tourner le dos aux productionsnationales», s’inquiète le metteur en scène Nguyên Minh Cao. Etd’exposer en toute franchise : «Répondant ou pas à l’attente desspectateurs, nos œuvres cinématographiques sont d’abord un cadeau pourles jeunes, donné avec le cœur». – VNA