Environ 1.700 photos de Hanoi prises entre 1981-1983 par un diplomate britannique ayant travaillé au Vietnam, John Ramsden, seront exposées au cœur de la capitale en octobre prochain, 30 ans après. Ces clichés ont déjà fait le tour de l’Europe.

Pendant les années 1980, John Ramsden exerce à l’ambassade du Royaume-Uni au Vietnam, à Hanoi. Il est également photographe à ses heures. Fortement intrigué par cette capitale qui se rétablit peu à peu des ruines de la guerre, il décide de saisir la vie quotidienne de ses habitants, d’immortaliser cette renaissance après des dizaines d’années de souffrance. Il réalise ainsi 1.700 clichés entre 1981 et 1983.

Avec lui, après son retour, ces images feront le tour de l’Europe pendant 30 longues années. Un voyage marqué par trois grandes expositions, deux à Londres (Royaume-Uni) et une à Copenhague (Danemark). Tout récemment, comme pour célébrer l’anniversaire d’un évènement qu’il ne faut pas oublier, John Ramsden est revenu à Hanoi pour préparer une nouvelle exposition de ses photos. Ce sera en octobre prochain. «Je souhaite que les Hanoïens gardent en mémoire le visage qu’avait leur ville au début des années 1980. Certains la découvriront, d’autres se souviendront», a expliqué le diplomate lors d’une rencontre à l’Institut Goethe de Hanoi, fin juillet dernier.

À la veille du Renouveau

Les photos de John Ramsden reflètent la vie quotidienne de Hanoi après la guerre et avant le Dôi moi (Renouveau de 1986). Il s’agit d’une époque pénible que l’ancienne génération n’oubliera pas. Le pays sortait de la guerre, et appliquait encore la planification et les tickets de rationnement. John Ramsden a toutefois réussi à retranscrire avec la plus grande simplicité la beauté de la capitale, ainsi que le sentiment de quiétude et de sérénité qui habitait désormais les Vietnamiens, en dépit des difficultés financières.

«J’étais impressionné quand je suis arrivé pour la première fois à Hanoi. Je ne pouvais pas me l’imaginer avant de venir, je n’avais vu aucune image. Rappelons qu’Internet n’existait pas. J’ai découvert une ville très belle et très calme, avec une forte culture traditionnelle. J’y ai trouvé une véritable envie de s’en sortir et de surmonter les problèmes de la vie quotidienne», confie-t-il.

Des souvenirs vivaces

Lors de sa rencontre avec le public en juillet dernier à Hanoi, le diplomate a réalisé un diaporama de quelques unes de ses épreuves : des vélos fabriqués avec les moyens du bord, au pont Thê Huc, en passant par les jeunes filles en tenue traditionnelle (ao dài) près du lac Hoàn Kiêm, les portraits d’artistes, etc.

S’arrêtant sur la photographie d’un vélo posé au coin d’une rue, l’auteur raconte : «En trois ans de mission, j’ai appris à découvrir toutes les facettes de cet objet en apparence si banal que les Vietnamiens ont parfaitement su exploiter. Il a joué un rôle symbolique important pendant la guerre, on l’utilisait pour ravitailler l’armée en vivres».

John Ramsden évoque aussi ses souvenirs avec le peintre célèbre Bùi Xuân Phai (surnommé le " peintre de l’âme de Hanoi ") qu’il admirait. Ensemble, ils sillonnaient souvent les rues de la ville à la recherche d’un objet ou d’un lieu à immortaliser. «Bùi Xuân Phai a peint de nombreuses maisons, et je le photographiais en train de travailler. J’ai pris sa demeure et notamment son atelier et ses mansardes, que je trouvais magnifiques», rappelle-t-il en montrant des photos représentant le peintre.

Actuellement, John Ramsden accélère les préparatifs pour sa prochaine exposition dans la capitale. Il est à la recherche de sites toujours existants afin de comparer la capitale d’autrefois avec celle d’aujourd’hui. Il souhaite ainsi marquer en profondeur la jeune génération, celle qui n’a jamais connu cette période. – VNA