La vie du bactériologue Alexandre Yersin, membre de l’Institut Pasteur, découvreur en 1894 du bacille de la peste, a été retracée dans le roman Peste et Choléra de l’écrivain Patrick Deville.

Patrick Deville connaissait depuis longtemps l’existence de jeunes pasteuriens, de jeunes hommes qui entouraient le vieux Pasteur à la fin du XIXe siècle. Ceci l’a poussé à leur consacrer un livre. Pour cela, il est allé lire leurs correspondances dans les archives de l'Institut Pasteur à Paris et c’est ainsi qu’il a structuré son livre où on retrouve tous ces personnages. Parmi eux, l’auteur a décidé de privilégier principalement la figure d'Alexandre Yersin. M. Deville se justifie ainsi : “D'une part, parce que sa vie est la plus romanesque et d'autre part, également parce qu’elle est la plus longue. Il vit 80 ans et donc la vie de Yersin me permettait de raconter aussi 80 ans d’histoire mondiale”.

Le roman Peste et Choléra raconte la vie de Yersin et de tout ce qui tourne autour. Sa vie en Suisse, en Allemagne, en France et puis ensuite à Nha Trang (Vietnam) pendant 50 ans. Par conséquent, l’écrivain est allé dans tous les lieux où M. Yersin a vécu et travaillé pour rechercher des documents. Grâce aux aides efficaces de l'Institut Pasteur de Paris, de l'Institut Pasteur de Da Lat, et de celui de Nha Trang, et d’un interprète vietnamien, il a cherché et a lu toutes ses correspondances sans aucune difficulté.

Patrick Deville a indiqué que Peste et Choléra, c’est parce que d’une part il y a une formulation, c'est une phrase. En français, c’est le choix impossible entre la peste et le choléra. C’est une formule et je ne sais pas si elle existe en vietnamien. Quand on ne peut pas choisir, que c’est impossible c’est la Peste et le Choléra. Et d'autre part, parce que la Peste, c'est Yersin, donc c’est l’Institut Pasteur donc c’est la France. Et le Choléra, c'est Robert Korh donc c'est Berlin, donc c’est l’Allemagne et que toutes ces histoires scientifiques, c'est la compétition mais on peut aussi les lire dans les trois guerres de 1870, 1914 et 1939.

Ce livre vient d’être présenté au public vietnamien et il est déjà très bien reçu par les lecteurs. «C’est un roman mais à partir d’éléments biographiques et d’éléments d’archive que Patrick Deville a pu pour la première fois et il est l’un des premiers à y être arrivé en cherchant à l’Institut Pasteur de Paris. Il a donc pu avoir accès à des documents que personne n’avait consulté sur la vie de Yersin, sur son environnement, sur ses collaborations, sur son état d’esprit privé, public, au Vietnam par ses recherches et dans sa vie intellectuelle. Ce qui fait la beauté du livre, c’est que l’auteur a un regard d’artiste, de savant. Patrick Deville n’est pas un scientifique et il ne comprend rien à la médecine et ce qu’il voit dans Yersin, c’est le trait intellectuel qui traverse le siècle au Vietnam et qui donc sur la base de cette figure lui permet de raconter l'histoire de la présence française au Vietnam sur 80 ans ou 70 ans. C'est un très très beau livre parce que justement ce n’est pas une biographie, ce n’est pas un livre scolaire, mais c’est une véritable oeuvre d’art», a estimé Fabrice Mauriès, consul général de France à Hô Chi Minh-Ville.

Nguyên Van Phap, chargé du français à la Faculté des langues et des études culturelles de l’Université Hoa Sen a renchéri : «Quand je lis ce livre, je trouve que l’auteur me ramène vers un monde ancien de près d’un siècle. Je peux découvrir tout d’abord l’espace culturel et social du Vietnam à ce moment là. Ensuite, je découvre le personnage Yersin qui est un homme d’exception suivant les écrits de Patrick Deville. C’est que M. Yersin a fait beaucoup et a reçu beaucoup de succès. Ses résultats apportent des choses utiles pour la communauté, les personnes qui vivent à côté de lui, par exemple, les habitants de Nha Trang où les personnes sont guéries grâce aux médicaments contre l’épidémie. Ce livre décrit M. Yersin qui était un médecin humanitaire, généreux, ce dont les autres documents scientifiques ne parlent pas. Par conséquent, j’aime beaucoup ce livre.»

Selon Fabrice Turri, producteur de la chaîne “créative télévision”, «La forme de ce livre peut surprendre au premier abord car s'il porte le nom de roman, il est avant tout une description détaillée et bien documentée de la vie d'Alexandre Yersin. Ici point de passion, de retournement inattendu ou de suspense mais ça ce n'est pas le propos du livre. Yersin était un savant pointilleux, éloigné quoique bien informé des péripéties de son temps. Aventurier à ses débuts, botaniste à la fin, il n'a jamais cherché les éloges sans jamais les fuir. Scientifique de grand talent, féru de découvertes technologiques, il appréciait le contact de la nature et n'a cessé de mettre son sens de la rigueur au service des autres. Patrick Deville a su redonner une nouvelle vie à cette figure largement oubliée de l'histoire française et vietnamienne. Un hommage simple et précis qui n'en a que plus de force.» – AVI