Le Vietnam est considéré comme un pays ayant une structure de population dorée avec une offre de travail abondante et stable. Dans la tendance à l'intégration, le Vietnam est de plus en plus devenu une destination idéale pour des entreprises étrangères, cela offrant de nombreuses opportunités d'emploi mais posant également de nouveaux défis en matière de ressources humaines.
S'adressant au journaliste, le Dr Chang-Hee Lee, directeur de l'Organisation internationale du travail (OIT) au Vietnam a analysé les défis en matière de ressources humaines auxquels le Vietnam est confronté.
Les défis sont ... louables
- Un nombre croissant d'entreprises d’investissement direct étranger (IDE) au Vietnam entrainent à la pénurie de main-d'œuvre, comment évaluez-vous cette situation ?
Chang-Hee Lee: La pénurie de main-d'œuvre est le résultat d'une croissance économique stable, principalement en raison de l'augmentation de l'IDE. Peu de pays dans le monde peuvent atteindre une croissance économique de plus de 6% par an comme le Vietnam au cours des dix dernières années.
L'augmentation de l'IDE est un facteur conduisant à une pénurie de main-d'œuvre. De plus, la guerre commerciale actuelle entre les États-Unis et la Chine a poussé de nombreuses entreprises à déplacer la production de la Chine vers le Vietnam.
Presque tous les responsables chargés du personnel que je rencontre disent que c'est l'un des questions les plus préoccupants pour les entreprises de différents domaines.
- Les entreprises au Vietnam sont actuellement confrontées à l'augmentation des coûts de la main-d'œuvre, à la pénurie de main-d'œuvre, à un bon nombre de travailleurs manquant de compétences, d'engagement envers les entreprises. Pourquoi ces défis sont-ils devenus de plus en plus préoccupants ces dernières années ?
Chang-Hee Lee: Il est vrai que les entreprises opérationnelles au Vietnam, qu'elles soient nationales ou étrangères, sont confrontées à de nombreux défis comme la pénurie de main-d'œuvre ou la hausse des coûts de la main-d'œuvre. Mais j’estime que ces défis sont louables, par rapport à de nombreux autres pays, le défi pour eux est le manque de possibilités d'emploi en raison de la faible croissance de l'économie.
Le Vietnam est le contraire car la croissance économique a atteint des sommets durables. C'est pourquoi je dis que les défis auxquels le Vietnam est confronté sont louables. Mais ce sont toujours de grands défis pour les entreprises.
Les problèmes des travailleurs manquent "de compétences" et " d'engagements" se posent toujours. Il est vrai qu'il est difficile de recruter des travailleurs capables de répondre à toutes les exigences et de travailler à 100% de leur capacité. Mais les gestionnaires ont-t-ils les compétences nécessaires pour optimiser les compétences des travailleurs, les encourager à travailler… ?
Comment surmonter les défis ?
- Veuillez partager vos expériences internationales pour relever ces défis ?
Chang-Hee Lee: Les pays les plus développés du monde doivent maintenant suivre ce processus. Par exemple, la République de Corée a connu cette période difficile dans les années 70 et 80. Même la Chine, avec ses 1,3 milliard d'habitants, a dû faire face à la pénurie de la main-d'œuvre et à une augmentation des coûts de la main-d'œuvre au milieu de l’an 2000. C'est donc le processus de développement que chaque pays qui réussit doit traverser. Et le Vietnam est en train de traverser cette étape.
C’est la période où les économies, industries et entreprises ont dû changer leurs modèles de développement. Jusqu'à présent, la force principale du Vietnam est toujours son faible coût et ses bas salaires dans les chaînes d'approvisionnement mondiales.
Il est temps que les industries vietnamiennes doivent améliorer leur compétitivité, augmenter leur productivité, améliorent leur condition de travail et augmenter le salaire des travailleurs. Par conséquent, il est nécessaire de mettre en place un système de gestion du lieu de travail, de créer un lieu de travail plus attractif pour les travailleurs.
- Que pensez-vous des solutions d'automatisation dans la quatrième révolution industrielle pour réduire la pression du travail ?
Chang-Hee Lee: La révolution industrielle 4.0 est une expression populaire au Vietnam aujourd'hui. Si le coût d'utilisation d'une machine pour fabriquer un produit est moins cher que le coût de le faire manuellement, ils peuvent choisir d'automatiser. Cependant, je pense que le Vietnam n'a pas encore atteint à ce niveau.
Lorsque je parle avec des gestionnaires des ressources humaines expérimentés dans un certain nombre d'entreprises de l'industrie du bois, certaines personnes suggèrent qu’ils peuvent appliquer l'automatisation à certains processus de production qui sont très bruyants et toxiques. Les travailleurs actuels ne veulent pas travailler dans de telles conditions. Je pense que c'est une proposition raisonnable.
- Quels programmes l'OIT proposera-t-elle pour aider les entreprises vietnamiennes à relever les défis ?
Chang-Hee Lee: L'OIT au Vietnam a de nombreux projets et programmes pour aider les entreprises à accroître leur productivité et à améliorer les relations de travail. Par exemple, nous mettons en oeuvre le programme SCORE dans l'industrie du bois pour aider les entreprises à améliorer leur productivité et leurs conditions de travail ; un autre intitulé Better Work dans l'industrie textile pour l’aider à accroître la conformité à la loi et à améliorer l'efficacité de leurs activités.
En outre, nous avons également un projet de responsabilité sociale des entreprises dans l'industrie de transformation des fruits de mer et de transformation du bois pour élever les normes de responsabilité sociale des entreprises dans ces secteurs.
Grâce à ces projets, nous aidons les entreprises à améliorer leurs systèmes de gestion, leur productivité et leurs relations de travail. La transformation du système de gestion du lieu de travail est le principal moteur permettant au Vietnam de réaliser son ambition de devenir un pays à revenu intermédiaire d'ici 2035. – Vietnam+