On ne va pas en faire un plat

S’il y a loin de la coupe aux lèvres, il y a parfois un monde entre l’assiette et la bouche. Surtout pour l’habitué de la tête de veau qui s’initie aux mets vietnamiens.

​Hanoï (VNA) - S’il y a loin de la coupe aux lèvres, il y a parfois un monde entre l’assiette et la bouche. Surtout pour l’habitué de la tête de veau qui s’initie aux mets vietnamiens.

On ne va pas en faire un plat ảnh 1Le bánh xèo est un vrai délice. Photo : CTV/CVN

Si Brillat-Savarin avait pu prendre le temps de visiter le Vietnam, nul doute qu’il aurait apprécié la cuisine vietnamienne. Riche d’une tradition millénaire, elle joue avec nos papilles en une harmonie d’herbes et d’épices, s’amuse entre salé et sucré, doux et amer, tendre et croustillant, et elle n’a rien à envier à ses consœurs d’autres pays. Du Nord au Sud, sa carte est si variée qu’il est possible de passer un mois dans le pays, sans manger une seule fois la même chose. Bref, un vrai bonheur pour le gourmand, une véritable aubaine pour le gourmet.

La force de l’habitude

Pour l’heure, mon estomac réclamant sa dose quotidienne de bienfaits organoleptiques, je suis à la recherche d’une table disponible sur le front de mer de Cat Bà (ville de Hai Phong, Nord). Je pourrais n’avoir que l’embarras du choix, tant il y a d’estaminets qui se serrent comme des sardines face à la baie qui en a vu d’autres. Sauf que c’est le moment où d’autres estomacs ont les mêmes envies que le mien, et que ces estomacs sont de plus en plus nombreux à vouloir sortir des sentiers battus du tourisme de masse, au point de transformer l’île en ce qu’ils cherchent à fuir.

Aussi me pourlèché-je d’avance en repérant une table vide à une terrasse ombragée. Mais, d’alerte mon pas devient hésitant, puis inexistant au moment de prendre place. En effet, je ne vois autour de moi que des touristes engloutissant spaghettis bolognaises, pizzas napolitaines ou hamburgers au fromage. Aurais-je franchi un portail transdimensionnel qui m’aurait propulsé du côté de l’Occident ?

On ne va pas en faire un plat ảnh 2Déguster le bánh xèo est aussi un art. Photo : CTV/CVN

Pourtant, le soleil brille bien au-dessus des îlots en pain de sucre que courtisent bateaux de promenade et sampans des pêcheurs, et les bouches maculées de sauce tomate et ketchup appartiennent bien à des personnes qui ont maltraité leurs séants des heures durant pour franchir continents et océans afin de découvrir la culture vietnamienne. Du moins, c’est ce que j’imaginais sur ce dernier point. Aussi, suis-je toujours surpris de voir comme ils se complaisent à ingurgiter ce qu’ils consomment à longueur d’année, plutôt que de se livrer au plaisir de la découverte culinaire locale.

Le plaisir des yeux

Cependant, à leur corps défendant, je peux comprendre leurs difficultés à surmonter les obstacles qui les séparent du nirvana gastronomique. Le premier écueil, et non le moindre, étant de déchiffrer des cartes et menus aux termes aussi compliqués à lire qu’à prononcer. Certes, le sous-titrage en sabir pidgin peut en faciliter la lecture, mais de là à se représenter ce que peut contenir l’assiette, il y a un pas que même une photographie ne suffit à franchir. Et si l’assistance sympathique d’un serveur attentionné peut mettre le plat à portée de main, il reste la maîtrise d’une psychomotricité fine que seule une longue expérience peut apporter.

Je me souviens de ma première confrontation avec une des merveilles de la cuisine vietnamienne, le bánh xèo (sorte de crêpe vietnamienne fourrée). Lorsque je l’ai vu arriver sur la table, rien ne me laissait présumer des grands moments de solitude qui allaient suivre. La couleur joliment ocre jaune de la galette farcie tranchait agréablement avec le vert tendre de la salade qui l’entourait. Les quartiers de concombre contaient fleurette aux carottes effilées en julienne, et les germes de soja s’entrelaçaient amoureusement avant leur fin prochaine. Les fines feuilles de crêpe de riz étalaient leur blancheur virginale dans une soucoupe proche. Bref, tout, dans ce plat, respirait la quiétude et la promesse d’un sacré régal.

Le spectacle pouvait commencer. Pour une bonne compréhension de ce qui suit, je me dois de vous décrire les opérations successives qui transforment d’inertes aliments en une succulente nourriture. Tout d’abord, il convient de prendre une feuille de riz, de la garnir d’un morceau de galette, de salade, soja, concombre et carotte, ou d’autres légumes selon, puis de rouler l’ensemble pour en faire un honorable cigare comestible à tremper dans une sauce parfumée avant de déguster.

La faiblesse du néophyte

D’une main assurée, je saisis la première feuille de riz qui refuse de se séparer de la seconde, à laquelle elle semble extrêmement attachée. Bien que je respecte cet instinct grégaire, je suis contraint de forcer la séparation, ce qui ne va pas sans un profond déchirement de la première qui laisse des morceaux sur la seconde. Ce qui me reste en main ressemble davantage à un parchemin médiéval mangé aux mites, plutôt qu’à une honnête feuille de riz prête à recevoir la précieuse garniture.

On ne va pas en faire un plat ảnh 3Une auberge de bánh xèo à Cát Bà, dans la ville de Hai Phong (Nord). Photo : CTV/CVN

Pour éviter une telle mésaventure, il faut humidifier la feuille, me dit-on. J’humidifie donc en versant un peu d’eau sur la feuille. C’est sans compter sur la capacité d’absorption d’une crêpe de riz sèche. Trop généreux dans mon abreuvement foliaire, je transforme la feuille en un magma qui fond entre mes doigts. En désespoir de cause, je renonce à lutter contre les inclinaisons spontanées de mes feuilles de riz, et puisqu’elles veulent finir à deux en rouleau, elles finiront à deux. Ceci décidé, il faut que je les garnisse.

Le banh xèo n’étant pas une vulgaire clope à rouler, impensable de se servir de ses doigts pour y tasser la garniture. C’est donc muni de baguettes que j’entreprends de saisir l’épaisse galette croustillante. Mais, à l’instar des feuilles précitées, elle refuse de se laisser faire en utilisant des tactiques aussi perverses que le craquellement, l’effondrement ou le glissement. C’est une constellation de petits bouts qui laissent échapper leur farce que je dois rassembler petit à petit pour reconstituer tant bien que mal le morceau unique qui devrait gésir dans le creux de la feuille de riz.

Je cache cette honteuse œuvre d’art sous quelques feuilles de salade, un morceau de concombre, de brins de carottes et passe à l’ultime phase : former le rouleau. Je roule, ça craque de toute part. Je serre, ça déborde à chaque bout. L’espèce de masse informe que je maintiens à grand renfort de doigts ne résistera pas à son trempage dans la sauce. Tout se liquéfie. La farce s’échappe de toute part, ça retombe sur la table, dégouline des lèvres, coule sur mon plastron. Foin du gourmet qui déguste, je suis une goule qui aspire.

Mais je vous rassure, touristes amateurs de pizzas, hamburgers et spaghettis, en s’exerçant, on arrive à garder bonne contenance au propre comme au figuré.-CVN/VNA

Voir plus

L'application des technologies numériques pour la conservation du patrimoine à Nghe An. Photo : VNA

L’expérience culturelle numérique, un vecteur pour valoriser le riche patrimoine de Nghe An

Terre de traditions et de patrimoine, la province de Nghe An se trouve aujourd’hui face à de nombreuses opportunités mais aussi à des défis dans la préservation et la mise en valeur de ses trésors culturels. Le numérique apparaît comme un outil puissant, capable de conserver, diffuser et rendre le patrimoine local plus accessible et plus attractif pour le grand public.

Le pont Mong, vestige architectural et artistique municipal construit entre 1893 et 1894, est le plus ancien pont de Hô Chi Minh-Ville reliant le centre au 4e arrondissement (ancien). Photo : Hong Dat – VNA

Hô Chi Minh-Ville parachève le système d'éclairage artistique de son centre urbain

Hô Chi Minh-Ville a inauguré un nouveau système d’éclairage artistique au pont Mong, au Palais des enfants, au Musée Ton Duc Thang et au Musée de Hô Chi Minh-Ville, offrant une nouvelle mise en valeur nocturne de la zone centrale. Sur le pont Mong, qui enjambe le canal Ben Nghe, 414 ensembles de LED et 12 lampadaires décoratifs ont été installés. Au Palais des enfants, ce sont 550 ensembles LED et 64 lampadaires qui illuminent désormais le site. Ce dispositif contribue à magnifier l’architecture urbaine, dynamiser le paysage nocturne et renforcer l’attractivité touristique de la ville.

Le joueur vietnamien de pickleball Ly Hoàng Nam remporte son premier titre professionnel en simple messieurs sur le PPA Tour Asia lors de l’Open de Hangzhou 2025. Photo : PPA Tour Asia

Ly Hoàng Nam remporte le titre en simple du PPA Tour Asia

Le joueur vietnamien de pickleball Ly Hoàng Nam a décroché son premier titre professionnel en simple messieurs sur le PPA Tour Asia après avoir battu samedi 6 décembre avec brio Wong Hong-kit (Hong Kong, Chine) lors de l’Open de Hangzhou 2025 en Chine.

L'équipe féminine vietnamienne a remporté une victoire éclatante face à la Malaisie lors du match d'ouverture des SEA Games 33. Photo : VFF

Le Vietnam en passe sept à la Malaisie aux SEA Games 33

La milieu de terrain Thai Thi Thao a inscrit un triplé, permettant au Vietnam de s’imposer largement 7-0 face à la Malaisie lors de son premier match de football féminin aux 33 es Jeux d’Asie du Sud-Est (SEA Games 33), vendredi 5 décembre en Thaïlande.

La présentation du phở aux invités lors de la conférence de presse. Photo: CVN

La Journée nationale du phở 2025, à prendre avec des baguettes

Placé sous le thème "Valoriser le riz vietnamien - Rayonner sur les cinq continents ", l’édition de cette année marque le coup d’envoi officiel d’une série d’activités importantes visant à honorer et promouvoir la gastronomie vietnamienne, notamment la Journée nationale du pho (12 décembre).

Des clients visitent un stand à l'IBTE 2024. (Photo fournie par l'organisateur)

Le secteur du jouet et de la puériculture se prépare pour le plus grand événement de l'année 2025

La croissance soutenue de l'économie vietnamienne et l'augmentation du pouvoir d'achat des consommateurs sont les prémices d'une forte reprise du secteur du jouet et des produits de puériculture. Les acteurs du secteur se préparent activement pour le plus grand rassemblement de l'année : le Salon international des jouets et des produits pour bébés du Vietnam (IBTE) 2025.

Vue de la Conférence mondiale sur le dopage dans le sport, à Busan, en République de Corée. Photo : VNA

Le Vietnam affirme son engagement et son adhésion au Code mondial antidopage

Le président de l’AMA, Witold Bańka, a déclaré que la véritable valeur du sport réside dans l’intégrité et l’équité, et non dans les médailles. Il a appelé à une action mondiale concertée face aux risques croissants liés aux nouvelles technologies, aux substances illicites et à la criminalité organisée transfrontalière.

L'équipe vietnamienne des moins de 22 ans s'entraîne avant son match d'ouverture des 33èmes Jeux d'Asie du Sud-Est. Photo : VFF

L’équipe vietnamienne désignée comme la plus valorisée des SEA Games 33

Le Vietnam est l’équipe la plus précieuse des 33es Jeux d’Asie du Sud-Est (SEA Games 33), avec une valeur marchande estimée à environ 3,5 millions de dollars américains, selon les données de Transfermarkt, un site allemand de statistiques footballistiques spécialisé dans l’évaluation des joueurs.