Hanoï (VNA) - Núi Chúa et Kon Hà Nung ont récemment été reconnues par l’UNESCO comme Réserves mondiales de biosphère. Un grand honneur mais aussi un grand défi pour le Vietnam dans la conservation de la nature.
"Il s’agit d’un événement spécial et significatif. En effet, six ans après Lang Biang, le Vietnam possède deux nouvelles Réserves mondiales de biosphère. Et pour la première fois en 12 ans, nous avons deux zones reconnues par l’UNESCO en même temps (après les îles Chàm et le cap Cà Mau en 2009)", a déclaré l’ambassadrice Lê Thi Hông Vân, cheffe de la délégation vietnamienne auprès de l’UNESCO.
Selon Mme Vân, cette reconnaissance crée des opportunités pour le pays d’appliquer des initiatives et de partager des expériences sur la gestion des ressources naturelles et le développement socio-économique durable. Cela démontre l’engagement du Vietnam à conserver la nature et la biodiversité, à restaurer et à réagir au changement climatique, tout en contribuant à l’expansion du Réseau mondial des réserves de biosphère.
Il ne s’agit pas simplement d’un titre, c’est aussi une opportunité pour les localités concernées de construire un modèle de développement socio-économique durable global, contribuant à renforcer les liens entre l’homme et la nature, et à maintenir un équilibre entre la biodiversité et les moyens de subsistance des gens. "Cela est particulièrement important dans nos efforts pour restaurer la biodiversité et la reprise du développement après la pandémie de COVID-19", a souligné Mme Vân.
Éveiller le potentiel de Núi Chúa
D’une superficie de plus de 106.646 ha, la Réserve de biosphère de Núi Chúa, dont le noyau est le Parc national du même nom, s’étend à cheval sur les deux districts de Ninh Hai et de Thuân Bac, province de Ninh Thuân (Centre). Elle couvre des zones terrestres et marines et est située à l’extrémité de la chaîne de montagnes Truong Son où le climat est ensoleillé, chaud et aride. La région possède une mosaïque riche et diversifiée caractéristique du Centre méridional du Vietnam.
Ici, six types de forêts abritent 1.514 espèces végétales et 763 animales, dont respectivement 54 et 46 espèces rares répertoriées dans le Livre rouge du Vietnam et la Liste rouge mondiale.
Le site abrite également des doucs langurs à pattes noires (Pygathrix nigripes), une espèce de primate inscrite sur la Liste rouge. En particulier, le Livre rouge du Vietnam montre que 48 espèces animales en voie de disparition et 34 espèces mondialement menacées se trouvent encore ici.
Núi Chúa possède une flore et une faune marines rares, avec une importante population de coraux de plus de 350 espèces. C’est également un endroit particulier sur le continent où trois espèces de tortues - la tortue de mer imbriquée (Eretmochelys imbricata), la tortue de mer de Ridley du Pacifique (Lepidochelys olivacea) et la tortue verte (Chelonia mydas) - viennent se reproduire sous la stricte protection des écologistes chaque année. Ces dernières années, les autorités de Ninh Thuân ont toujours encouragé les habitants de la zone tampon à participer à la protection des forêts, des espèces végétales et animales rares.
Trois groupes de bénévoles de 15 à 20 membres chacun travaillent régulièrement à la protection des tortues marines, des coraux et des herbiers.
Nguyên Thành Danh, chef d’un groupe, a fait savoir que dans le passé, les habitants de la zone tampon avaient l’habitude d’aller en forêt pour exploiter les ressources et attraper des tortues marines, mais que depuis près de 10 ans, la plupart avaient abandonné ces pratiques pour devenir gardiens.
"Avec l’avantage d’être à proximité de trois grands centres touristiques à savoir Nha Trang, Dà Lat et Hô Chi Minh-Ville, la Réserve mondiale de biosphère de Nui Chua est propice au développement de l’écotourisme. Ninh Thuân élaborera bientôt un plan directeur pour les zones centrale et tampon à combiner avec le développement durable du tourisme", a informé Nguyên Thành Phú, président du Comité populaire du district de Ninh Hai, province de Ninh Thuân.
Selon Pham Van Hâu, secrétaire adjoint du Comité provincial du Parti, la reconnaissance par l’UNESCO a été une excellente nouvelle pour Ninh Thuân. Mais en même temps, la province devrait être de plus en plus consciente de sa responsabilité de protéger ce patrimoine.
Éco-tourisme à Kon Hà Nung
Pour sa part, la Réserve de biosphère de Kon Hà Nung s’étend sur plus de 413.500 ha dans six districts et chef-lieu de la province de Gia Lai, sur les hauts plateaux du Centre.
Elle se compose de trois zones, dont le noyau de 57.589 ha, qui comprend le Parc national de Kon Ka Kinh et la Réserve naturelle de Kon Chu Rang, la zone tampon de 152.009 ha et celle de transition de 206.211 ha. Cette Réserve mondiale de biosphère est également connue sous le nom de "Toit de l’Indochine" avec le plus haut sommet à plus de 1.700 m.
Il s’agit d’une zone avec un écosystème de forêt subtropicale humide sempervirente fermée resté relativement intact, aux nombreuses caractéristiques uniques et exceptionnelles.
La faune et la flore de la zone centrale du Parc national de Kon Ka Kinh sont diversifiées et abondantes avec 1.754 espèces de plantes supérieures, 87 d’animaux, 326 d’oiseaux… Les scientifiques ont récemment découvert des espèces endémiques telles que Garrulaxe à oreilles marron ou Garrulaxe du Kon Ka Kinh (Garrulax konkatinhensis) et le douc langur à queue grise (Pygathrix cinerea). En outre, Kon Hà Nung possède de nombreuses cascades magnifiques, ce qui en fait une destination d’éco-tourisme extrêmement attrayante.
La reconnaissance par l’UNESCO du plateau de Kon Hà Nung en tant que Réserve mondiale de biosphère fournira des conditions à la province de Gia Lai pour préserver le paysage et l’écosystème de la région, ouvrant ainsi aux populations la possibilité de développer une économie respectueuse de l’environnement tout en préservant leur identité culturelle.
En même temps, ce sera aussi une base pour la province de planifier et de définir des zones de conservation strictes et des zones autorisées pour l’investissement et le développement.
Sur la base de la promotion de la participation communautaire dans la gestion et la protection des forêts, les autorités provinciales ont identifié le corridor reliant le Parc national de Kon Ka Kinh et la Réserve naturelle de Kon Chu Rang comme zone pilote. La province se concentre sur le soutien et la création de conditions permettant aux communautés locales de participer à la conservation et à la restauration des forêts par le développement d’une agriculture et d’une foresterie locales durables.
Ngô Van Thang, directeur adjoint du Parc national de Kon Ka Kinh, a déclaré que la participation à des contrats de protection des forêts avait aidé les ménages à stabiliser leurs revenus, contribué à améliorer leurs moyens de subsistance et, plus important encore, que la déforestation pour l’agriculture était désormais presque inexistante.
"Dans le passé, les conditions de vie de ma famille, comme de nombreux autres ménages du village, étaient difficiles en raison du chômage et de la dépendance vis-à-vis du travail dans les champs", partage M. Toang, chargé de gérer et de protéger la forêt dans le village de Dê KJieng, district de Mang Yang.
"En plus des revenus tirés du contrat d’exploitation de terres forestières, ma famille dispose également d’une source supplémentaire provenant de sous-produits tels que les pousses de bambou et champignons, de sorte que notre vie est devenue plus stable", a-t-il dit.
Le Comité de gestion du Parc national de Kon Ka Kinh attache de l’importance à la sélection de forces spécialisées pour la protection des forêts, en utilisant principalement la population locale. M. Byut, également villageois de Dê KJieng et leader d’un groupe de protection des forêts depuis 2015, a protégé près de 2.000 ha de forêt. Grâce à son bon travail, il a été promu fin 2019 au poste d’agent à temps plein en charge de la protection des forêts.
Le vice-président du Comité populaire provincial de Gia Lai, Kpă Thuyên, a souligné que la province s’était engagée à respecter les règlements de l’UNESCO afin de garantir que la Réserve mondiale de biosphère de Kon Hà Nung devienne un modèle de développement socio-économique durable, reliant conservation de la biodiversité et préservation des identités culturelles ethniques, ainsi que développement économique et protection de l’environnement. -CVN/VNA