Les anciens combattants de Dien Biên Phu disparaissent au fil du temps. Mme Lo Thi Dôi était à l’époque une militante civile qui acheminait des munitions sur les champs de bataille à Mường Phăng, district de Diên Biên, province éponyme. Elle appelait aussi les habitants à donner de la nourriture pour soutenir l’armée vietnamienne.

Mme Lo Thi Dôi habite une maison sur pilotis en face d'un ancien local du commandement de la bataille de Diên Biên Phu à Muong Phang. Aujourd’hui centenaire, elle se sent rajeunir en racontant des histoires de la résistance nationale. Comme tant de jeunes filles de l’ethnie Thai à Muong Phang, dès sa petite enfance, Dôi s'adonnait à la culture sur brûlis et au tissage. Si le pays n’était pas occupé par les colonialistes français, elle aurait eu une vie ordinaire de femme et de maman dans une famille à la montagne. Un jour, elle a été mobilisée par les cadres de la révolution pour devenir une militante civile de Muong Phang, l’occasion pour elle d’exprimer sa vaillance et son courage. Son groupe de jeunes militantes civiles a acheminé des munitions aux soldats, transporté des blessés, construit la route, préparé des repas et de la nourriture.

En 1953, les colonialistes français ont envoyé des parachutistes de renfort à Diên Biên Phu, installé leurs forces et leurs postes militaires sur les chemins conduisant au champs de bataille. Leurs avions bombardaient partout afin de couper l'approvisionnement en denrées alimentaires et matériel de l’armée vietnamienne. Quand le champ de bataille du hameau Xôm, à côté de Muong Phang, manquait de nourritures, Dôi et les membres de son groupe de jeunes militantes civiles de Muong Phang ont cotisé près de 9 tonnes de riz pour les soldats. Elles ont appelé chaque famille à venir en aide aux soldats en dépit de leur pauvreté. Certains habitants se sont encore portés volontaires pour le transport des munitions et de la nourriture. Mme Lo Thi Dôi se souvient: « Pendant la campagne de sensibilisation, j’ai expliqué aux villageois que sans les cotisations de nourritures, les soldats ne pouvaient pas travailler et protéger les habitants qui seraient tués par les envahisseurs. Ces aliments, nous les avons remis à Monsieur Tiêu, commandant de l’armée. A l’époque, le riz n’était pas bouilli, il était torréfié avant d’être distribué aux soldats ».

Pendant sa vie révolutionnaire, Mme Dôi a partagé plusieurs souvenirs avec le général Vo Nguyên Giap. A la fin de cette bataille, Dôi a été reçue par le général Giap à Hanoi. Lors de cette rencontre, le général lui a demandé beaucoup sur la vie des habitants locaux et sur le mouvement révolutionnaire à Muong Phang. Mme Lo Thi Dôi : « Le général Giap m’a recommandé de travailler assidûment jusqu’à l’âge de retraite. Je lui ai dit que j’avais beaucoup peiné et que je prendrais ma retraite dans 20 ans. Je souhaitais venir au village natal du général Giap, mais à cause de la guerre dans le Sud, je n’ai pas pu y aller ».

Après la victoire de Diên Biên Phu, Mme Dôi a été nommée présidente de l’union des femmes de la commune de Muong Phang jusqu’à sa retraite en 1979. Elle a été décorée de 5 ordres du mérite.

A l’approche du soixantenaire de la victoire de Diên Biên Phu, joie et tristesse se mélangent chez Mme Dôi. Elle est heureuse des célébrations en cours, mais triste du décès du général Vo Nguyên Giap. -VNA/VOV