Un article intitulé "Opérations de la plate-forme pétrolière Haiyang Shiyou-981 - Provocations du Vietnam et points de vue de la Chine", a été publié le 8 juin 2014 sur le site web du ministère chinois des Affaires étrangères.

Le 9 juin 2014, le vice-ambassadeur de Chine à l'ONU, Wang Min, a adressé au Secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon une lettre dans laquelle il a exprimé le point de vue de son pays sur les activités de cette plate-forme pétrolière, lui demandant de la transmettre aux 193 Etats membres de l'ONU.

Le contenu de cet article comme de cette lettre sont identique pour l'essentiel, ils comprennent les mêmes allégations calomnieuses qui ne sont qu'une invention de toute pièce.

Dans sa "lettre sur le point de vue", la Chine a affirmé péremptoirement que "le groupe CNOOC (China National Offshore Oil Corporation) a mené des investigations géosismiques dans ce secteur au cours de la dernière décennie et l'installation de la plate-forme pétrolière Haiyang Shiyou-981 est la suite normale de cette activité exploratoire dans les eaux relevant de la souveraineté et de la juridiction de la Chine". Tout le monde sait que le 2 mai 2014, la Chine a implanté illégalement la plate-forme pétrolière Haiyang Shiyou-981 en pleine zone économique exclusive et sur le plateau continental du Vietnam, portant une grave atteinte à ses droits souverains et de juridiction.

La Chine invente ouvertement des faits en affirmant qu'"aussitôt après le déploiement de la plate-forme pétrolière Haiyang Shiyou-981, le Vietnam a envoyé un important nombre de navires, dont des navires militaires, et a employé la force pour empêcher l'activité des navires d'escorte de la plate-forme de forage et autres navires chinois. En outre, le Vietnam a mobilisé des nageurs de combat, des plongeurs et d'autres objets dont des engins de pêche et des objets flottants pour entraver les opérations des navires chinois dans le secteur de la plate-forme pétrolière. Le 7 juin vers 5 heures, 63 navires vietnamiens se sont efforcés de rompre l'encerclement des navires chinois en percutant 1.416 fois des navires chinois pour mieux s'approcher de la plate-forme pétrolière".

La Chine n'est pas honte de mentir. Chacun sait qu'en termes d'effectifs, le Vietnam ne saurait dépasser la Chine. Comment les navires de ses services maritimes officiels, qui sont moins nombreux et plus petits que ceux de la Chine, pourraient éperonner 1.416 fois des navires chinois plus puissants ? Il est notoire qu'il s'agit d'une invention de toutes pièces, ce dont les journalistes étrangers à bord des navires des Garde-côtes vietnamiens peuvent témoigner, notamment de la pratique habituelle de plusieurs dizaines de navires des garde-côtes et de l'administration des pêches chinois qui encerclent, empêchent et emploient leurs canons à eau sur les navires officiels du Vietnam.

Toujours avec un aplomb insensé, la partie chinoise considère que "les actes susmentionnés du Vietnam ont gravement violé la souveraineté, les droits souverains et de juridiction de la Chine, menacé sérieusement la sécurité du personnel et de la plate-forme de forage, violé sérieusement le droit international dont la Charte de l'ONU". Or, il est notoire que c'est la Chine qui a enfreint les règles de la Charte de l'ONU, en particulier de son article 1 relatif aux objectifs et aux tâches de l'ONU et de ses membres. Dans le but de maintenir la paix et la sécurité internationale, l'ONU et les Etats membres ont l'obligation de prendre des mesures pacifiques de règlement des différends internationaux.

L'article 2 stipule également un ensemble de règles importantes dont celles du respect de la souveraineté nationale, de l'interdiction de recours à la force ou de menace d'y recourir dans les relations internationales, le règlement des différends internationaux par la voie pacifique. Nul ne saurait contester sérieusement - sauf la Chine apparemment, que ses agissements actuels enfreignent ces règles qui sont la base de l'ONU.

La Chine a en outre déclaré de manière cynique "Qu'en faisant face aux actes provocateurs du Vietnam, la Chine a fait preuve de retenue et emploie les mesures d'auto-défense nécessaires. Les navires chinois envoyés sur place ont pour mission de garantir la sécurité de la plate-forme et de ses opérations en mer, ainsi que la sécurité et la sûreté de la navigation maritime. Par ailleurs, à partir du 2 mai dernier, la Chine aurait, selon elle, communiqué à plus de 30 reprises avec le Vietnam à tous échelons pour lui demander de mettre fin à ses actes subsceptibles de générer des troubles. Il est bien regrettable que le Vietnam continue de provoquer des troubles".

Quel est donc la situation réelle sur place ? Depuis l'implantation de la plate-forme, la Chine a mobilisé un grand nombre de navires de ses garde-côtes, de sa surveillance maritime, de son administration des pêches, mais aussi des navires militaires et de pêche, ainsi que des remorqueurs qui relèvent de la Flotte Nanhai, un véritable petite flotte qui comprenait jusqu'à près de 140 navires certains jours. Les navires chinois ont été ouvertement hostiles, provocant, attaquant et percutant les navires vietnamiens avec violence, sans considération des conséquences. Le 26 mai, avec l'appui de quatre navires des garde-côtes, des navires chinois ont coulé un bateau de pêche d'un pêcheur vietnamien travaillant dans une pêcherie traditionnelle sous souveraineté vietnamienne. Plus récemment, le 7 juin vers 14 heures, un remorqueur chinois immatriculé 281 a éperonné le bâbord du navire immatriculé KN62 de la Surveillance des ressources halieutiques du Vietnam.

Dans le secteur de la plate-forme, la Chine possède en général près de 120 navires dont 40 navires des garde-côtes, plus de 30 de transport et remorqueurs, 45 navires de pêche et quatre militaires (deux démineurs et deux frégates lance-missiles). Elle a mobilisé un avion de reconnaissance Y-8 qui a survolé à plusieurs reprises le secteur. Les navires chinois sont répartis en groupes pour harceler les navires et bateaux de pêche vietnamiens, en étant prêts à percuter et à utiliser leurs canons à eau sur les navires de la Surveillance des ressources halieutiques et des Garde-côtes du Vietnam.

La Chine aurait communiqué à plus de 30 reprises avec le Vietnam, sans toutefois être en mesure d'en justifier car cela est totalement faux ? Bien au contraire, dans son discours prononcé lors de la réunion du gouvernement du 29 mai, c'est le Premier ministre Nguyen Tan Dung qui a souligné que "depuis l'incident, le Vietnam s'est efforcé de lutter sur le front diplomatique. Lors de plus de 30 rencontres et contacts, le Vietnam a souligné et exigé de la Chine le retrait de sa plate-forme" sans jamais obtenir la moindre réponse de sa part. En réalité, la Chine ni plus ni moins fait que d'échanger les rôles pour calomnier le Vietnam.

Pékin cite également, dans sa "lettre sur le point de vue" et dans un article publié sur le site web du ministère chinois des Affaires étrangères, une série de "preuves historiques" démontrant sa souveraineté sur l'archipel de Hoang Sa (Paracel) que la Chine appelle "Xi Sha". Mais la Chine a "oublié" de citer son recours à la force pour s'emparer des îles de l'est de cet archipel vietnamien en 1956, puis de celles de l'ouest en 1974. La Chine a violé le "principe d'acquisition" figurant dans les articles 3, 34 et 35 de l'Acte général de la Conférence de Berlin du 26 février 1885 aux termes desquels les Etats qui occupent doivent exercer leur souveraineté de manière effective et conforme aux conditions naturelles et aux populations des territoires. L'occupation et l'exercice de la souveraineté doivent être pacifiques, continus et clairs, le recours à la force pour l'occuper étant illégal et inacceptable. -VNA