Massacre de My Lai: mea culpa d'anciens G.I.'s

Le mois d'août 2009 a été un moment inoubliable pour Dô Ba, une victime du massacre de My Lai, qui lui a permis de réunir sa femme et son fils, et notamment, de mettre fin à une vie de paysan en quête d'un travail précaire à Ho Chi Minh-Ville.
Le mois d'août 2009 a été un moment inoubliable pour Dô Ba, une victime du massacre de My Lai, qui lui a permis de réunir sa femme et son fils, et notamment, de mettre fin à une vie de paysan en quête d'un travail précaire à Ho Chi Minh-Ville.

Ce bonheur imprévu provient d'une aide de 40 millions de dôngs accordée par Lawrence Colburn, ancien combattant américain. Depuis, il a reconstruit sa petite maison et acheté deux boeufs pour les élever dans sa nouvelle étable, un rêve modeste mais difficile à réaliser, a expliqué Dô Ba, particulièrement ému.

Il se soutient exactement du matin du 16 mars 1968, un jour terrifiant où les soldats américains ont ouvert le feu sur les villageois de My Lai, tuant sa mère et ses deux petits frères ainsi que beaucoup d'autres femmes et d'enfants. Si Hugh Thompson et Lawrence Colburn, deux G.I.'s sur un hélicoptère, n'étaient pas intervenus à temps pour sauver neuf de ces innocents, ce garçon de 8 ans qu'il était aurait connu le même sort que ses frères. "Voyant mon corps qui remuait encore, ces deux soldats américains m'ont porté sur l'hélicoptère et m'ont emmené à l'hôpital de Chu Lai", confie ce survivant du massacre de My Lai.

Cependant, les jours de Dô Ba après la guerre n'ont pas été roses. Suite à la mort de son père en 1975 des suites de tortures barbares dans la prison de Côn Dao (Poulo Condor), tristement connue en tant qu'enfer terrestre, Dô Ba a dû quitter l'école pour aller travailler. Commença une vie pénible de provincial devant accepter tout travail dans la grande métropole de Sai Gon dans le désordre des années d'après-guerre.

Assis dans sa petite maison, entouré des villageois et regardant le sourire de sa femme et de son fils, Dô Ba n’a pas pu retenir ses larmes.

Ces deux vétérans ont eu des remords et ont été obsédés par le massacre de My Lai, une des pages les plus sombres de la guerre du Vietnam. En 1997, Hugh Thompson, ancien pilote d’hélicoptère, et Lawrence Colburn, mitrailleuse de sabord, ont demandé à l’Organisation américaine Madison Quakers Inc (OMQI) de rechercher l’enfant qu’ils avaient sauvé.

Après cinq mois de recherches, Phan Van Dô, représentant de l’OMQI au Vietnam, a retrouvé Dô Ba. Plus de 30 ans après, en mars 1998, il a organisé une rencontre imprévue entre ces anciens soldats américains et Dô Ba dans un bus de l’aéroport de Da Nang, province de Quang Ngai. Le représentant de l’OMQI a attendu que le bus démarre pour leur annoncer "V oici l’enfant que vous avez sauvé il y a 30 ans". Thompson et Lawrence Colburn se sont levés, se sont dirigés vers Dô Ba et l’ont embrassé en laissant leurs larmes couler. Ils n'avaient pas cru que cette rencontre puisse intervenir aussi tôt.

La chaîne télévisée américaine CBS les a accompagnés pour faire un reportage sur la cérémonie de commémoration du 30è anniversaire du massacre de My Lai et, ne ratant pas cette occasion, a filmé cette rencontre historique.

A cette occasion, les deux anciens combattants américains ont remis au musée de Son Tinh, province de Quang Ngai (Centre), leurs " Ordres de héros " décernés par l'Administration américaine.

"L’Administration américaine nous a remis ces distinctions, mais nous n’en sommes pas fiers. Je regrette de n'avoir pu sauver davantage de civils pendant ce massacre" , a déclaré Lawrence Colburn.

Il a conseillé en outre l'ancien lieutenant américain William Calley, qui a exprimé en août dernier ses premiers remords, plus de 40 ans après le massacre, de retourner à My Lai pour rencontrer les villageois et s'excuser.

Quarante ans sont passés, le Vietnam et les Etats-Unis ont normalisé leurs relations. Cependant, toutes les blessures ne sont pas refermées, il reste beaucoup à faire pour régler les conséquences de la guerre. Malgré cela, la vie se poursuit et continue de donner ses bourgeons comme sa sève. Ce grâce aux efforts des gouvernements vietnamien et américain et, plus encore, à ceux de gens simples tels que vétérans de guerre et victimes elles-mêmes, en tout cas dans le cas particulier de Dô Ba. -AVI

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