À Hanoi, de nombreuxamateurs restent fidèles à la culture de cette plante. Mieux on connaîtles beautés cachées de l’orchidée, mieux on comprend l’âme desHanoïens.
Un hobby distingué
L’orchidée est considérée comme la reine des fleurs et est aussi unemblème de l’honnête homme. Elle est l'une des quatre fleurs typiquessymbolisant les quatre saisons mai, lan, cúc, trúc (fleur d'abricotier,orchidée, chrysanthème, phyllostachys - une espèce de bambou).L’orchidée est également à l'honneur lors du «banquet des fleurs» àl’occasion du Têt.
À Hanoi, la passion des fleurset des plantes d’ornement est depuis longtemps un art. Mais la culturede l'orchidée est considérée comme le comble du raffinement.
Le Docteur Nguyên Manh Hà est originaire de l’ancien village de HoàngMai (actuellement ruelle de Hoàng Mai dans la rue de Truong Dinh). Ilest un des passionnés de la culture traditionnelle de cette plante, sitypique de Hanoi. Il assume maintenant la vice-présidence del’Association des passionnés d’orchidée de Hanoi. À noter que Hoàng Maiest l'un des cinq villages de Thang Long où l'on en fait pousser.
Il habite dans une maison ancienne – plus d'un siècle, construite sousle règne du roi Thành Thai (1879 - 1954). Elle se trouve au 134, ruellede Hoàng Mai. Au cœur de l'agitation de la capitale, le jardin de M. Hàest un havre de paix, un parc de plus de 200 m2 réservé exclusivement àl'orchidée. Cette dernière y pousse sous près de 70 variétés. NguyênManh Hà est connu sous le nom de «Docteur de l’orchidée de Hanoi» car ilpossède des connaissances approfondies dans ce domaine.
«Auparavant, les habitants du Nord, dont les lettrés et les personnesâgées, se passionnaient pour les orchidées sauvages poussant en pleinenature, notamment dans la forêt. Ils aimaient leur parfum et leurscouleurs délicates. Les Hanoiens n'aiment pas l'ostentation, c’estpourquoi, ils adorent la beauté raffinée, mais discrète de l’orchidée»,analyse Manh Hà.
Il explique que la plante, dans sonhabitat naturel, ne s’épanouit qu’une fois par an. Ceux qui arrivent àentretenir cette floraison tout au long de l'année sont desprofessionnels. Selon lui, durant le Têt, Nghinh Xuân Lan (nomscientifique : Rhynchostylis gigantea), Mac Lan Xuân ou Câm Tô(cymbidium sinense) et Thanh Ngoc (Christensonia vietnamica)fleurissent. Au début de l’été, c’est le tour de Giang Huong Quat ou QuêNâu (Aerides flabellata) et du Phi Diêp (Dendrobium Chrysanthum). Enété, les passionnés ont occasion d’admirer Lan Hoàng Thao Kiêu Tím(Dendrobium amabile), Quê Trang ou Quê Lan Huong (Aerides odoratumLour).
La passion de l'orchidée est venue à NguyênManh Hà lors d'excursions géologiques sur les hauts plateaux du Centreet du Sud. Plusieurs fois, en cherchant des sources d’eau, il découvredes plants d'orchidée. Par la suite, il ramène régulièrement ces plantsrécoltés en forêt. Désormais, il a consacré son jardin à la culture decette fleur.
Un homme attaché à la tradition
En 2000, le Docteur Manh Hà a fondé un club des passionnés del’orchidée de Hanoi. Trois ans après, l’Association des passionnés deHanoi a vu le jour. Nguyên Manh Hà a été élu au poste de vice-présidentpour le mandat 2010-2015. Lui et d’autres membres de l’associationrecherchent souvent des orchidées poussant dans la nature. D’après lui,l’orchidée élevée en serre est multicolore mais n’a pas d'odeur. Tandisque le parfum des orchidées sauvages est comparable à l’âme vertueused'un honnête homme. «La beauté de cette plante présente des similaritésavec le caractère des habitants de Hanoi. C’est pourquoi les Hanoïensl’adorent», remarque-t-il.
Dix ans après safondation, l’Association des passionnés d’orchidées de Hanoi compteaujourd'hui une trentaine de membres. Ces derniers exercent différentesprofessions, dans les domaines sanitaire, militaire, médiatique,littéraire et éducatif. Le plus jeune a 30 ans et le plus âgé en a 86.Chacun a son propre jardin. Le jardin du vice-président Nguyên Manh Hàest le plus vaste. Deux fois par an, les membres se regroupent pouréchanger leur savoir-faire et admirer les orchidées, en particulier lesnouvelles espèces récemment collectées.
Nguyên ManhHà explique : «Actuellement, peu de jeunes citadins s'intéressent àl’orchidée et en comprennent la symbolique cachée. Ils ne connaissentpas bien l’art des fleurs du Têt traditionnel». Cet homme ambitionne deremettre cette passion au goût du jour auprès de ses contemporains. –VNA