Selon le Département de la construction de Hanoi, la ville compte près de 1.600 anciennes villas construites pendant la période coloniale. Les arrondissements de Hoàn Kiêm, Hai Bà Trung ou Ba Dinh sont les mieux pourvues.
Dans la matinée du 27 avril 2022, le Comité populaire de l’arrondissement de Hoan Kiem, en collaboration avec la région Île-de-France (France), a organisé une cérémonie de mise en chantier du projet de préservation de l’ancienne villa située au 46, rue Hang Bai, à Hanoi. Ce projet s'inscrit dans le cadre de la coopération du projet de recherche pour la préservation et la valorisation du quartier français entre la capitale vietnamienne et la région Île-de-France mis en œuvre depuis 2007. L'ancienne villa sera restaurée selon les principes et les méthodes appliqués en France afin qu’elle puisse servir de modèle pour d'autres projets similaires concernant les bâtiments de la période coloniale à Hanoi. Une fois le projet achevé, la villa deviendra un centre d'échanges culturels de l'ancien quartier de Hanoi. Photo : Minh Hieu/VietnamPlus
Dans la matinée du 27 avril 2022, le Comité populaire de l’arrondissement de Hoan Kiem, en collaboration avec la région Île-de-France (France), a organisé une cérémonie de mise en chantier du projet de préservation de l’ancienne villa située au 46, rue Hang Bai, à Hanoi. Ce projet s'inscrit dans le cadre de la coopération du projet de recherche pour la préservation et la valorisation du quartier français entre la capitale vietnamienne et la région Île-de-France mis en œuvre depuis 2007. L'ancienne villa sera restaurée selon les principes et les méthodes appliqués en France afin qu’elle puisse servir de modèle pour d'autres projets similaires concernant les bâtiments de la période coloniale à Hanoi. Une fois le projet achevé, la villa deviendra un centre d'échanges culturels de l'ancien quartier de Hanoi. Photo : Minh Hieu/VietnamPlus
À Hanoi, qui dit belles architectures dit ex-quartier français au sud et à l’ouest du lac Hoan Kiem. Ce dernier, avec ses rues ombragées bordées de constructions d’allure européenne, fait partie désormais du patrimoine architectural de la capitale. L’ex-quartier français se caractérise par ses villas élégantes, dont beaucoup sont désormais occupées par des ambassades. Introduite au Vietnam vers la fin du XIXe siècle, l’architecture française s’est épanouie au fil des décennies, notamment à Hanoi, tout en cherchant à s’harmoniser graduellement avec son environnement oriental. Vers le milieu du XXe siècle, ce style est parvenu à s’affirmer en tant que trait caractéristique de la capitale vietnamienne. Photo : Minh Hieu/VietnamPlus
À côté des bâtiments dont beaucoup avaient une fonction administrative ou du moins communautaire sont apparues de nombreuses villas de familles françaises le long des rues Trân Hung Dao, Ly Thuong Kiêt, Hai Bà Trung, Diên Biên Phu, Lê Hông Phong, Phan Dinh Phùng... Un quartier français a ainsi vu le jour, avec des maisons (2.000 selon les estimations) aux styles très variés, à l’instar des styles traditionnels des diverses régions françaises. Sans oublier des établissements d’enseignement comme le lycée d’Albert Saraut, les écoles Phan Dinh Phùng, Trân Phu et Chu Van An. Ces constructions françaises font partie désormais du patrimoine architectural de la capitale. Photo : Minh Hieu/VietnamPlus
Hanoi est connue pour son charme dû à ses espaces verts, son paysage urbain et, en particulier, son parc imposant de villas d'architecture française. Mais leur présence ne va pas sans poser problème, car les uns les considèrent comme patrimoine, les autres estiment que ce sont des biens. À l'heure de l'intégration économique, des intérêts opposés se manifestent. À la fin de 2008, la ville de Hanoi recensait 970 villas dont l'État était propriétaire. La quasi-totalité a été construite avant 1954 par des propriétaires particuliers ou l'administration coloniale. Certaines sont "à la française" et d'autres issues d'un mélange de styles oriental et occidental, et quelques-unes se distinguent comme de vraies merveilles architecturales. La plupart sont bien situées, notamment sur les artères de la ville. Photo : Minh Hieu/VietnamPlus
En termes de terrain utilisé, l'ensemble de ces villas représente 24 ha, une superficie non négligeable, chacune d'elle occupant en moyenne 400 m². Les experts parlent de biens à haute valeur socio-économique, chacune des villas ayant son propre style, ce qui a contribué à créer l'originalité du paysage urbain de Hanoi. Pourtant, l'utilisation actuelle des villas est loin de mettre en valeur leurs caractéristiques propres. Elle est non seulement pas économiquement efficiente mais affecte aussi leur architecture et le paysage urbain. Des problèmes complexes se posant dans leur préservation, leur gestion donne du fil à retordre aux autorités municipales, aux experts et aux habitants depuis de longues années. Photo : Minh Hieu/VietnamPlus
Pour Dào Ngoc Nghiêm, ancien directeur du Département de l'urbanisme de Hanoi, plus la valeur immobilière monte, plus les questions liées à l'utilisation des villas deviennent complexes alors que, dans le même temps, celles-ci se détériorent. Quelque 80% des 970 villas coloniales de Hanoi se dégradent et ont subi des modifications en raison de changements de mode d'utilisation, de l'urbanisation galopante et de gestion défaillante. Quelques villas ont été vendues et certaines ont été remplacées par de nouveaux buildings. Selon une enquête, sur les 970 villas recensées, une très grande partie (80%) est illégalement occupée et a connu des transformations, une petite partie (15%) a gardé son état d'origine et le reste (5%) a été entièrement reconstruit. Photo : Minh Hieu/VietnamPlus
Soumises à des utilisations non concordantes, à un nombre trop élevé de foyers y habitant, elles sont souvent l'objet de discussions entre scientifiques. Dans la plupart des cas, les villas ont été modifiées, plusieurs familles se partageant une bâtisse dont l'état se dégrade petit à petit. Les villas habitées par plusieurs foyers sont les plus nombreuses : moins de 5% sont occupées par 1-2 foyers, environ 50% par 5-10 foyers, plus de 45% par 10-15 foyers. Parfois, de 35 à 50 foyers vivent dans une même villa ! Les besoins en bureaux et fonds de commerce étant en constante augmentation, un certain nombre de villas ont cédé la place aux buildings, contribuant à faire perdre à la ville de sa valeur historique et culturelle, estiment les experts. Photo : Minh Hieu/VietnamPlus
Viennent s'y ajouter une urbanisation galopante et une gestion défaillante. Les loyers dérisoires ne suffisent pas à payer les travaux d'entretien et de réparation entrepris par l'État. Le budget public destiné aux travaux d'entretien des villas ne permet que de contrer les infiltrations d'eau de pluie, ce qui explique la vente progressive des villas. Et la chute de la valeur culturelle avec. L'absence de réglementations d'emploi et de normes de préservation et de restauration... ont fait le reste. De nombreuses villas ont été agrandies par des locataires peu scrupuleux. Ceux qui voudraient faire entreprendre des travaux de réparations restent bloqués par manque de certificats. Cette situation préoccupante a amené la municipalité de Hanoi à accélérer son projet de vente des villas. Par conséquent, elle a demandé au Département de la construction de les recenser. Photo : Minh Hieu/VietnamPlus
La municipalité de Hanoi a planifié la vente de 599 villas contruites au temps colonial, dont la plupart sont de beaux édifices de valeur historique et culturelle, dans le but de les exploiter plus efficacement en vertu du décret gouvernemental n°61 et de mettre en gestion directe les restantes par la Compagnie de gestion des habitations. La préservation des villas, au cœur des préoccupations de différentes parties, est sujette à de multiples débats, mais aucun avis commun ne semble faire surface. Une grande partie des architectes s'oppose à la vente des villas. Selon un expert du Département de la construction de Hanoi, il faut éviter de vendre les villas pour qu'elles soient remplacées par des constructions anarchiques. Le directeur de l'Institut d'architecture, Ngô Doan Duc estime pour sa part que le développement économique ne doit pas négliger la valeur culturelle. Construire des villas ou les préserver est un calcul à faire, les démolir s'apparenterait à effacer la mémoire de la ville, une époque de l'histoire. Photo : Minh Hieu/VietnamPlus
Le plus difficile est de comparer la valeur culturelle à l'intérêt économique. Nombreux sont ceux qui placent le second au-dessus de tout, ainsi des villas sont vendues puis revendues pour en tirer des bénéfices. Aux yeux du peintre Lê Thiêt Cuong, vendre les 599 villas équivaut à les supprimer. Elles sont non seulement des biens, mais constituent également un parc patrimonial. Sous ce deuxième angle, elles ne doivent pas être vendues, car une fois dans les mains de particuliers, elles pourraient être remplacées par des buildings. De plus, ce patrimoine étant culturel, le commercialiser serait une grave erreur. Il serait tout à fait erroné de parler de ces villas seulement d’un point de vue économique, ajoute-t-il. Photo : Minh Hieu/VietnamPlus
L'architecte Dào Ngoc Nghiêm, vice-président de l'Association d'urbanisme de Hanoi, qui a consacré de longues années à l’étude de la gestion des villas de la ville, juge nécessaire de les classer pour déterminer les différents statuts possibles, allant de la vente, la rénovation à la destruction pure et simple. Il n'exclut pas la possibilité que certaines villas ne figurent dans aucune liste. La plupart d'entre elles sont occupées depuis de longues années par des administrations (sièges de missions ou d'organismes diplomatiques ou locaux). Quant à Dang Van Bài, directeur du Département des patrimoines culturels (ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme), il a remarqué qu’il fallait considérer les 599 villas restantes comme le symbole d'une étape de développement de l'architecture de Hanoi et les préserver. Les vendre pour ériger des buildings à leur place va à l'encontre de l'aspect culturel. En faire des habitations ou les flanquer de constructions annexes superflues n'est pas intéressant non plus. Photo : Minh Hieu/VietnamPlus
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