Ha Long (VNA) - La sculpture sur charbon est une particularité du bassin minier de la province de Quang Ninh (Nord). Une poignée de femmes perpétuent ce métier, en dépit des bas revenus.

La sculpture sur charbon tout feu tout femme a Ha Long hinh anh 1Dang Thi Lan dans son atelier. Photo: TT
Au Vietnam, la sculpture sur charbon est propre à Quang Ninh. Elle est étroitement liée à la fondation de la région houillère, à la fin du XIXe siècle, sous la domination française. Cet art n’a probablement été, au départ, qu’un passe-temps pour quelques mineurs. Il est devenu un artisanat qui a connu son heure de gloire dans les années 1970.

Dans la ville de Ha Long, une dizaine d’artisans dont la plupart sont des femmes perpétuent ce métier, malgré des revenus à peine suffisant pour vivre, la saleté et la poussière qui rongent les poumons.

Un métier qui fait peu d’émules

Dang Thi Lan, 44 ans, 20 ans de métier, est patronne d’un atelier dans le quartier de Hông Gai, ville de Ha Long. C’est sa grande sœur qui lui a enseigné cet art. «Autrefois, quand j’étais gamine, j’imaginais dans les morceaux de charbon des statues de lion, de cheval et même de fille, etc.  Je suis venue à la sculpture assez tôt», raconte-t-elle. Selon Lan, la création d’un produit nécessite trois étapes : le choix d’un bloc, la taille et le polissage. La dernière étape génère beaucoup de poussières, ce qui n’est pas sans risque sur la santé des ouvriers. Tout se fait à la main. Curieusement, ce métier est principalement un métier de femmes. Poussières, visage barbouillé, bas revenus ne les découragent pas.

Lan est la plus jeune du groupe ; Nu, 65 ans, la plus âgée. Elle a commencé ce métier à 18 ans. «En 1968, la société d’artisanat de la province de Quang Ninh a été fondée. Elle a embauché de nombreuses jeunes femmes. Mais dans les années 1980, elle a fait faillite. Certaines irréductibles comme nous ont décidé de continuer, par passion», explique Nu.
 
La sculpture sur charbon tout feu tout femme a Ha Long hinh anh 2Nguyên Thi Nu, et son mari, en admiration devant l’une de ses œuvres. Photo : TT
Lan et Nu ont créé leurs ateliers. Selon elles, la statue en charbon est un cadeau de prestige. Elle plait aux étrangers et est d’ailleurs exportée. Il y a quelques années, les visiteurs internationaux à Quang Ninh appréciaient cette spécialité comme cadeau de souvenir. Certains en avaient même commandé des centaines. Les deux artisanes et leurs ouvriers devaient travailler d’arrache-pied pour satisfaire la demande. Mais aujourd’hui, ce produit n’a plus la cote. Et les sculpteurs ont de plus en plus de mal à vivre de leur métier.

Revigorer la sculpture sur charbon

Vu Thi Phuong, sculpteuse depuis 40 ans, confie : «Malgré le mal de dos et un revenu de seulement  5-7 millions de dôngs par mois, je continue. C’est un travail précaire, mais je n’ai pas l’intention d’abandonner».

Selon les artisanes, très peu de jeunes veulent embrasser ce métier. En cause, les bas revenus et les conditions de travail. Être assis toute la journée dans la poussière, très peu pour eux !

Les statues en charbon les plus belles ornent les maisons des meilleures artisanes. Elles font leur fierté. Les sculpteuses souhaiteraient perpétuer ce métier artistique du bassin houiller du Nord. Les autorités devraient se pencher sur le problème pour tenter de revigorer ce savoir-faire local. «C’est un métier qui a une grande valeur culturelle et qui est lié à l’histoire des mines et de la vie des mineurs de Quang Ninh. Ces sculptures sont de beaux souvenirs pour tout ceux visitant la baie de Ha Long», estime Nguyên Van Luân, ancien vice-président de l’Association de l’artisanat et des beaux-arts du charbon.

La baie de Ha Long, patrimoine naturel reconnu en 1994 par l’UNESCO, est une destination touristique incontournable. Dans ses efforts de diversification des produits touristiques, Quang Ninh devrait aussi penser à revaloriser la sculpture sur charbon. - CVN/VNA