Dans le cadre du colloque international « France-Europe-Vietnam depuis 1954 », les débats des 17 et 18 janvier ont été consacrés aux relations politiques, stratégiques, économiques et commerciales entre le Vietnam et la France et, plus largement, entre le Vietnam et le monde extérieur.

Le 17 janvier, des historiens d'universités françaises et américaines renommées, ainsi que des témoins dont des diplomates français et vietnamiens, ont fait le point du long chemin parcouru par le Vietnam et la France pour instaurer une confiance mutuelle en vue de se développer dans la paix et la prospérité. Ils ont échangé leurs points de vue de manière franche et analysé sous un angle politique comme stratégique les relations entre le Vietnam et les pays durant différentes périodes, ainsi que leur progrès et leur développement pour aboutir à celles qu'il entretient d'aujourd'hui avec le monde.

M. James Hershberg, professeur d’histoire à l’Université George Washinton et ancien directeur du Projet sur la Guerre froide du Woodrow Wilson Center, a fait une intervention sur les tentatives de médiation européennes durant la guerre au Vietnam et leur impact sur les relations avec le Vietnam, analysant les chances de paix manquée pour ce dernier. C’est aussi l'objet d'un ouvrage qu’il a publié en 2012 sous le tire de "Marigold : The Lost Chance of Peace in Vietnam". D'anciens ambassadeurs français au Vietnam comme Louis Amigue (1986-1989), Claude Blanchemaison (1989-1993) et Antoine Pouillieute (2001-2004), ont rappelé en qualité de témoin le processus du Renouveau et l’ouverture du Vietnam à travers de grands jalons, notamment le 6e Congrès du Parti communiste du Vietnam, la visite du président français François Mitterand en février 1993 marquant la réconciliation et ouvrant un nouveau chapitre des relations entre les deux pays.

Dans leurs interventions, ces diplomates ont souligné que la France a été une pionnière et a accompagné la progression du Vietnam dans son développement comme dans son intégration au monde. Les relations franco-vietnamiennes se sont améliorées en 1989. La France était la première des pays occidentaux à renouer des liens avec le Vietnam. Elle a effacé ses dettes et l'a aidé à régler ses dettes avec les créanciers du Club de Paris. L’échange de délégations de haut niveau se sont multipliées, la France a intensifié ses investissements au Vietnam en réalisant notamment d'importants projets en matière de gestion des finances publiques et de modernisation de l'appareil d’Etat, mais aussi pour construire le Musée d’ethnographie du Vietnam et la Maison du Droit vietnamo-française, ou réhabiliter l’hôpital Grall…

L’ambassadeur du Vietnam, M. Duong Chi Dung, a estimé que les relations bilatérales ont une place particulière, la France étant l'un des premiers partenaires de son pays en tous domaines. Les relations fondées sur l’histoire et le développement par la coopération ont fait de cette dernière un partenaire privilégié et un pays de dialogue majeur du Vietnam en Europe. Leurs relations ne se limitent pas à un plan strictement bilatéral puisque, au contraire, elles ont accédé à un cadre plus vaste, celui des relations entre le Vietnam et l’Union européenne dans lesquelles la France a un rôle majeur et positif.

Ce point de vue a été partagé par Christian Lechervry, conseiller du président de la République pour les affaires stratégiques et l’Asie-Pacifique. Il a indiqué que les relations de partenariat stratégique qui viennent d’être officialisées par la France et le Vietnam sont le fruit des efforts et de la volonté commune des dirigeants des deux pays de porter à une nouvelle hauteur les relations bilatérales. Il a également souligné les perspectives de la coopération entre la France et la région de l’Asie du Sud-Est, très dynamique sur le plan économique et dont le Vietnam est une tête de pont importante.

Mme Ton Nu Thi Ninh, ancien ambassadeur du Vietnam en Belgique et chef de la Délégation du Vietnam en Union européenne, ancienne vice-présidente de la Commission des relations extérieures de l’Assemblée nationale, a particulièrement apprécié les échanges entre érudits et diplomates français, américains et vietnamiens. Elle a précisé que le colloque a montré qu’au-delà d'un renforcement des relations bilatérales, il est nécessaire d’intensifier les relations entre l’Europe et l’Asie dans le cadre de l’ASEM, ainsi que d’intensifier le dialogue entre l’ASEAN et l’Union européenne en vue d'une synergie entre les deux continents.

Le 18 janvier, les débats sur les relations économiques, de commerce, dans l'éducation et la culture... ont fait ressortir que la France est actuellement le 2e investisseur et 3e partenaire au commerce du Vietnam en Europe, et l'un de ses premiers bailleurs de fonds. Plus de 300 groupes et sociétés, dont des banques françaises, ont investi dans une activité économique au Vietnam.

Nombreux sont les produits et services français de haute qualité à être appréciés au Vietnam. La plupart des avions de la flotte de la compagnie aérienne nationale, Vietnam Airlines, qui comprend plusieurs centaines d’aéronefs, sont des Airbus. Plus de 7.000 étudiants et chercheurs vietnamiens poursuivent actuellement un cursus dans une université française. Une vingtaine de villes et de localités françaises entretiennent un partenariat avec des homologues vietnamiens. Celles-ci ont mis en œuvre 70 projets dans des secteurs aussi divers que l’éducation, la formation et l’apprentissage professionnel, la recherche, l’assainissement de l'environnement, l’urbanisme, le développement rural, la santé publique, la culture...

Ces coopérations qui augmentent régulièrement en nombre comme en importance ne se limitent pas au secteur public, impliquant de nombreux acteurs du secteur privé, y compris de simples particuliers. Bien que les acquis soient déjà conséquents, les potentiels de la coopération bilatérale sont toujours importants, et cette dernière ne pourra qu'être optimisée avec l'adoption de nouvelles méthodes de mise en œuvre des projets, afin qu'elle participe pleinement à l'approfondissement des relations entre les deux pays, ont conclu les participants.-VNA