Les mariages Muong
De nos jours, les
parents Muong ne choisissent plus l’époux ou l’épouse de leur enfant. Ce
sont les jeunes qui décident eux-mêmes. Ouf ! Mais qu’on se rassure
tout de suite, tout ne part pas à vau-l’eau pour si peu ! Les
préparatifs du mariage donnent aux amoureux de la tradition l’occasion
de faire prévaloir leurs droits. Ils peuvent d’ailleurs durer très
longtemps, ces préparatifs, plusieurs années parfois.
En
fait, les Muong se réunissent très souvent, pour sélectionner le jour
faste, pour informer les cousins et cousines de l’heureux évènement,
pour établir tout un « plan de bataille » pour le jour faste… Bref, tous
les prétextes sont bons, d’autant plus que toutes ces petites réunions
s’accompagnent généralement de franches beuveries qui ne sont jamais
qu’un prélude à celle qui marquera le jour des noces!...
Bui Van Ban, un Muong de la province de Hoà Binh, a dit : « Il faut que
le futur époux commence par informer son clan de son projet de mariage.
Tout le monde va alors se rassembler pour trouver un entremetteur,
lequel doit être une personne prestigieuse de la lignée. Et - à tout
seigneur, tout honneur - il convient d’offrir un banquet à
l’entremetteur, auquel le futur époux va confier deux bouteilles
d’alcool et un paquet de thé à remettre à la famille de sa promise.
Ensuite, c’est au tour de la famille de la future mariée de se réunir
pour décider si le mariage pourra se faire, ou non.
Les
jeunes sont donc libres de choisir… Oui, mais seulement jusqu’à un
certain point, apparemment ! En tout cas, il faut bien comprendre que
chez les Muong, l’entremetteur joue un rôle prépondérant. Véritable
ambassadeur de la famille du futur époux, il fait la navette entre les
deux camps. Et comme il se doit, sa venue est dignement célébrée avec
une bouteille d’alcool, de part et d’autre. L’histoire ne dit pas si les
« négociations » s’en trouvent accélérées, mais force est de constater
que chez le Muong, l’alcool réchauffe décidement les cœurs et les âmes !
La tradition des cadeaux de mariage persiste toujours chez les Muong.
Mais attention ! Seule la famille de la mariée a le droit d’être comblée
de présents. Alors si vous êtes un jeune Muong désireux de convoler en
juste noce, sachez qu’il en coûtera à votre famille un bufflon, dont
l’oreille doit être aussi longue que la corne, une corbeille remplie de
gâteaux de riz sans farce - censée symboliser la pureté de la jeune
fille -, une jarre d’alcool ou 60 litres d’alcool de riz, 60 kilos de
riz ordinaire et 40 kilos de riz gluant, deux paniers de feuilles de
bétel et de noix d’arec, et l’indispensable petite somme d’argent qui
achèvera de vous acheter la considération de vos beaux-parents.
Bui Van Vien est un entremetteur réputé chez lui, dans la province de
Hoà Binh. « J’ai 20 ans d’expérience ! Mon travail consiste à rendre
visite à la famille de la jeune fille que l’on veut épouser, les bras
chargés de cadeaux. Là-bas, je dois négocier avec tous les proches de la
jeune fille et si les choses se passent bien, choisir un jour faste
pour la cérémonie. Je retourne ensuite voir la famille du futur époux
pour la tenir informée du résultat des courses. Si ce qui a été décidé
ne convient pas, il faut tout recommencer. Sinon, c’est parti pour les
noces ! Le rôle de l’entremetteur est très important. C’est lui qui
établit le contact entre les deux familles ».
A la
veille du mariage, le futur époux doit apporter des cadeaux qu’a
demandés le clan de sa future. Mais il y a tout de même des exceptions,
comme chez les Muong Bi du district de Tan Lac chez lesquels les cadeaux
sont apportés le jour-même du mariage, étant entendu qu’il revient au
marié de porter les paniers de feuilles de bétel et de noix d’arec.
Selon M. Bui Van Ban, la feuille de bétel et la noix d’arec sont
incontournables. Mais il faut aussi penser à offrir de la canne à sucre,
du porc et du poulet et… une petite somme d’argent pour la jeune
mariée.
Le jour du mariage, la jeune mariée est amenée
chez son mari par une délégation conduite par un patriarche. Tous les
membres de la délégation en question sont alors conviés à un banquet.
Quant à l’entremetteur, il reçoit des cadeaux, en juste récompense de
ses bons et loyaux services.
Autre tradition à
connaître, la jeune mariée passe ses journées chez son mari, mais
retourne chez ses parents le soir. Il lui faut attendre d’avoir donné
naissance à son premier enfant pour pouvoir définitivement habiter chez
son époux. -VNA