Hanoi (VNA) – La transition écologique n’est pas seulement une tendance incontournable, mais aussi un levier stratégique pour bâtir une économie moderne et durable. Elle représente un vecteur de croissance pour les exportations, la protection de l’environnement et le renforcement de la position du Vietnam dans les chaînes de valeur mondiales. Cependant, ce processus impose aux entreprises vietnamiennes de relever de nombreux défis afin de rester compétitives sur la scène internationale.
Transition verte : des opportunités prometteuses, mais exigeantes
Adopter une stratégie de croissance verte permet non seulement aux entreprises de minimiser les risques d’exclusion des grands marchés d’exportation, mais aussi de développer des marques durables, d’améliorer la valeur des produits et d’atteindre des segments de clientèle haut de gamme à l’échelle mondiale.
Nguyen Sinh Nhat Tan, vice-ministre de l’Industrie et du Commerce, a souligné que la croissance verte était aujourd’hui une condition sine qua non pour préserver la compétitivité et garantir un développement durable à long terme. Il s’agit d’un choix stratégique visant à consolider la place du Vietnam dans les chaînes de valeur internationales, tout en réduisant les impacts environnementaux et en renforçant la résilience économique.
Toutefois, la mise en œuvre de cette transition requiert des efforts considérables de la part des entreprises, notamment en matière de conformité aux normes environnementales et sociales.
Un défi de taille : l’inventaire des émissions de gaz à effet de serre
Selon les données officielles, plus de 2 166 entreprises vietnamiennes seront tenues de réaliser un inventaire de leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici 2025. Pourtant, une grande majorité d’entre elles n’est pas préparée ou ne sait pas comment s’y prendre.
Un rapport d’inventaire des émissions de gaz à effet de serre (GES) enregistre la quantité de GES émise par une organisation, une entreprise ou un pays sur une période donnée. Ce rapport inclut les principaux gaz, tels que le CO2 (dioxyde de carbone), le CH4 (méthane), le N2O (protoxyde d’azote) et d’autres gaz.
Pour le pofesseur associé Nguyen Dinh Tho, directeur de l’Institut de stratégie et de politique sur les ressources naturelles et l’environnement, l’économie verte du Vietnam reste embryonnaire, représentant à peine 2 % du PIB, contre 98 % pour l’économie brune, basée sur les combustibles fossiles.
Le Vietnam figure par ailleurs parmi les 20 plus importants émetteurs au monde, avec 1 % des émissions globales. Cette situation expose le pays à un risque majeur : une exclusion des marchés développés, si les exigences environnementales et sociales ne sont pas respectées. Cela pourrait entraîner des ruptures brutales dans les chaînes d’approvisionnement.
Normes internationales : des exigences de plus en plus strictes
Le Vietnam est confronté à des normes internationales de plus en plus rigoureuses, notamment celles issues du Pacte vert européen (European Green Deal) et du Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (CBAM). Ces réglementations, qui visent à réduire les émissions et à garantir une production durable, imposent aux entreprises de réexaminer l’ensemble de leur chaîne d’approvisionnement.
Nguyen Hai Minh, vice-président de l’Association des entreprises européennes au Vietnam, a expliqué que des secteurs clés, comme le textile et la chaussure devront se conformer à des règles strictes d’ici peu. Ces exigences, encore peu familières à de nombreuses entreprises vietnamiennes, pourraient devenir un obstacle majeur pour leur intégration dans les chaînes de valeur mondiales.
Des opportunités pour se démarquer sur la scène mondiale
Malgré ces défis, la transition verte constitue une opportunité unique pour les entreprises vietnamiennes de s’imposer comme un acteur clé dans les chaînes d’approvisionnement mondiales, en particulier dans l’exportation de biens durables et respectueux de l’environnement. L’investissement dans les énergies renouvelables, la production propre et l’économie circulaire peut devenir un véritable avantage concurrentiel.
Nguyen Thanh Lam, directeur général de la société Lâm Viêt, illustre cette dynamique : son entreprise, spécialisée dans le mobilier, a obtenu la certification FSC pour la gestion forestière durable et utilise un système ERP pour assurer une transparence totale sur l’origine de ses produits. Cette démarche proactive lui permet de répondre aux attentes des marchés exigeants tout en se préparant aux nouvelles réglementations à venir.
Soutien des autorités et stratégies futures
Pour accompagner cette transition, le ministère de l’Industrie et du Commerce a lancé des initiatives, telles que le Forum pour la promotion des exportations vertes, visant à sensibiliser les entreprises aux nouvelles exigences.
Selon Vu Ba Phu, directeur de l’Agence vietnamienne de promotion du commerce, trois axes prioritaires ont été identifiés. Premièrement, renforcer la sensibilisation à la transition verte, numérique et au développement durable. Deuxièmement, offrir un soutien technique aux entreprises pour se conformer aux nouvelles normes. Troisièmement, adapter les politiques publiques pour encourager les entreprises à adopter des modèles de production bas carbone.
La transition écologique, bien que complexe, est une opportunité pour les entreprises vietnamiennes de se repositionner sur la scène internationale. En adoptant une approche proactive et en s’adaptant aux exigences croissantes des marchés mondiaux, le Vietnam peut non seulement renforcer sa compétitivité, mais aussi jouer un rôle de premier plan dans la réalisation des objectifs globaux de développement durable. – NDEL/VNA