Les Carnets retrouvés de Dang Thuy Trâm en France

Jeune médecin vietnamienne, Dang Thuy Trâm a tenu son journal de guerre de 1968 à 1970 alors qu'elle soignait les blessés dans un hôpital de campagne. Un document exceptionnel dont "l'Obs" publie les bonnes feuilles en exclusivité.
Jeune médecin vietnamienne, Dang Thuy Trâm a tenu son journal de guerre de 1968 à 1970 alors qu'elle soignait les blessés dans un hôpital de campagne. Un document exceptionnel dont "l'Obs" publie les bonnes feuilles en exclusivité.

Il s'agit de l'extrait d'un article de Didier Jacob publié dans "Le Nouvel Observateur" (France) paru le 12 août 2010, qui présente la traduction en français du journal intime de Dang Thuy Trâm, intitulée "Les Carnets retrouvés (1968-1970)".

Traduit du vietnamien par Jean-Claude Garcias, l'ouvrage a été publié le 20 août en France par les Editions Philippe Picquier.

"Récupérés par le renseignement militaire, ces Carnets sont stockés avec de nombreux autres documents pris à l'ennemi. L'officier chargé de les examiner tombe sous le charme du style de Thuy, et les emporte chez lui. Après la guerre, cet avocat entré au FBI comme expert légiste ne sait à qui confier ces précieux Carnets : Fred Whitehurst ignore si Thuy a encore de la famille au Viêtnam, et son statut d'agent du FBI l'empêche de contacter l'ambassade du Vietnam. Mais après le 11-Septembre, Whitehurst, qui est chargé de l'enquête, démissionne de l'Agence avec fracas, ayant révélé à quel point celle-ci avait failli dans sa mission. Il finit par localiser la famille de Thuy grâce à des quakers de Hanoi. Les Carnets y seront publiés en 2005, et Thuy devient alors le martyr touchant, tout de grâce et d'humanité, de la tragédie vietnamienne...", a raconté Didier Jacob.

Il a également décrit Dang Thuy Trâm comme une jeune fille douce, sincère, naïve aussi parfois, mais aussi une combattante prête à mourir pour son pays.

Le journaliste a par ailleurs parlé du rapport des forces de la guerre au Vietnam : "Le combat est terrible. D'un côté, la force d'intervention Oregon, trois bataillons créés par le général Westmoreland, commandant en chef des troupes américaines au Viêtnam. De l'autre, un peuple déterminé, avec ses unités de partisans disséminés dans le moindre village qui mènent contre l'ennemi une guérilla redoutable. Cette guerre, les médias américains, puis le cinéma hollywoodien, enfin les vétérans eux-mêmes n'ont cessé de la raconter, mais côté américain, vue du ciel plutôt que celle de la fourmi humaine terrée dans son réseau de caches souterraines. Comme si, bien après la guerre, les Américains, faute d'avoir su la gagner, avaient capturé, par la voix et par l'image, l'événement lui-même.
Et côté vietnamien ? Rares, justement, sont les témoignages qui nous sont parvenus. C'est ce qui confère un caractère exceptionnel à ces Carnets, dont l'histoire est un roman en lui-même".

Quant au traducteur de ce carnet, Jean Claude Garcias, il a vécu au Vietnam deux ans. Amateur du vietnamien, il l'a appris à Hanoi et à Hô Chi Minh-Ville. Il a mis entre deux et trois ans pour lire en vietnamien "Le journal intime de Dang Thuy Trâm" donné par une amie compositrice hanoïenne avant de le traduire, de retour en France, en français. Sa traduction a enfin été acceptée par les Editions Philippe Picquier après trois essais.-AVI

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