« Les agissements de la Chine d’acheminer et d’implanter la plate-forme de forage sur le plateau continental du Vietnam sont une atteinte au peuple vietnamien comme à la confiance mutuelle que les deux pays se sont efforcés d'acquérir ».

Telle est la déclaration du vice-président de l’Association d’amitié Vietnam-Chine, M. Bui Hong Phuc.

Ancien ambassadeur en Chine de 1997 à 2002, il a affirmé sa «totale incompréhension» de ces actes de la Chine qui vient de prendre une nouvelle politique extérieure au regard des pays de la région, affirmant «Être amical envers ses voisins, d'être un bon partenaire et de pleinement coopérer avec eux ». Or, il va sans dire que les derniers évènements survenus contredisent à tout le moins cette politique. Un comportement qui me confond, tout comme il surprend tous les membres de notre association qui entendent, en leur qualité, promouvoir des relations amicales entre les deux pays, a affirmé M. Bui Hong Phuc.

Ces agissements vont en outre à l’encontre des accords convenus par les deux présidents vietnamien et chinois lors de leur rencontre en juin 2013, puis par les deux chefs du gouvernement vietnamien et chinois, en octobre 2013, lesquels étaient de « maintenir ensemble la paix et la stabilité sur la Mer orientale », et de « s'abstenir de tout acte pouvant complexifier et aggraver les différends ».

Ils enfreignent de même l’accord sur les principes fondamentaux guidant le règlement des problèmes maritimes signé en 2011 par la Chine et le Vietnam qui souligne l'objectif commun « d’édifier la Mer orientale de sorte à en faire une zone maritime de paix, d’amitié, de coopération et de développement ».

Le 6 mai, le journal chinois Huan Qiu Shi bao (Global Times) a publé un article affirmant que « la Chine doit donner au Vietnam une leçon », ce qui est atteinte au peuple vietnamien, a affirmé le vice-président de l’Association d’amitié Vietnam-Chine, avant d'ajouter que ceux qui expriment un tel avis ne comprennent rien au Vietnam ni à l’histoire de lutte de son peuple, en un moment où ce dernier vient de célébrer le 60e anniversaire de la victoire de Diên Biên Phu...

Les Chinois n’ont pas accès à d'importantes sources d’informations exactes, précises et complètes sur le Vietnam et les relations entre la Chine et le Vietnam. Aussi devons-nous faire en sorte que le peuple chinois comprenne mieux la situation actuelle en Mer orientale, celle des archipels Hoàng Sa (Paracel) et Truong Sa (Spratly), et des revendications territoriales de leur pays qu'il qualifie de ligne en «langue de bœuf ».

De nombreux Chinois ne comprennent pas ce problème, a réaffirmé Bui Hông Phuc. Nous avons rencontré et expliqué la situation de Hoàng Sa et Truong Sa et de ce qu'est «la ligne en langue de bœuf » à de nombreux amis chinois, des entrepreneurs, des vétérans de guerre ou tout simplement des citoyens qui, après avoir compris, ont réagi en disant «si la Chine le fait, ce n’est pas bien !».

Quant au règlement de cette affaire, l’ancien ambassadeur vietnamien a évoqué le heurt d'intérêts nationaux. La Chine justifie ses actes en tant qu'affirmation de sa souveraineté nationale suivant ses revendications unilatérales matérialisées par cette ligne en «langue de bœuf », ou dite encore de la ligne en neuf points. Ces revendications, auxquels de nombreux pays s'opposent conformément au droit international tout comme de nombreux Chinois trouvent qu’elles sont inacceptables, sont néanmoins maintenues ne varietur par la Chine. Dans ces conditions, le Vietnam ne peut que poursuivre de lutter pour défendre sa souveraineté.

Le vice-président de l’Association d’amitié Vietnam-Chine a ajouté immédiatement que le plus important actuellement est que les deux parties négocient de manière pacifique. Le Vietnam ne peut accepter que la Chine continue d'aggraver les tensions dans cette zone maritime, et la situation actuelle ne peut en aucun cas s'éterniser.

Après la survenance de ces évènements, l’Association d’amitié Vietnam-Chine a adressé une lettre à l’Association d’amitié Chine-Vietnam, exprimant ses préoccupations devant ces agissements et demandant le retrait de la plate-forme de forage de la zone économique exclusive du Vietnam, ainsi que l'engagement de négociations pour régler pacifiquement cette affaire, conformément aux aspirations de leurs peuples.-VNA