Hanoi (VNA) - La pollution atmosphérique au Vietnam, caractérisée par le «smog» (brume provenant de polluants atmosphériques), a dépassé le seuil d’alerte. Dans les grandes villes, la récupération des véhicules vieux et polluants, une des principales causes du smog avec les industries, est difficile. Pour y remédier, la décision N°16 du gouvernement en la matière va entrer en vigueur le 1er janvier 2018.
Selon le Département d’immatriculation des véhicules du Vietnam, la pollution atmosphérique au Vietnam en 2016 était alarmante. Malheureusement, elle ne cesse de s’aggraver. Durant certaines périodes, les habitants étaient exposés à une dose jusqu’à trois fois supérieure aux limites règlementaires de santé. Ainsi, 70% à 90% de la pollution atmosphérique dans les grandes villes ont pour origine les véhicules motorisés.
Les voitures datées et polluantes sont plus ou moins faciles à récupérer. Au Vietnam, on en compte plus de 162.000 véhicules qui ne répondent pas aux conditions de sécurité et d’environnement. D’après Nguyên Huu Tri, directeur adjoint du Département d’immatriculation des véhicules, une liste des voitures qui ne respectent pas les conditions environnementales a été publiée en ligne. Cette liste est accessible par la police routière, qui peut ensuite arrêter et sanctionner les violateurs.
Les limites de la régulation des motos
Les statistiques du Département d’immatriculation des véhicules montrent que les motos représentent 95% des véhicules à Hanoï et à Hô Chi Minh-Ville. Elles consomment 56% de l'essence, et sont la cause de l’émission de 94% des hydrocarbures, de 87% des oxydes de carbone, et de 57% des oxydes d’azote dans l’air au Vietnam. Ces gaz sont tous mauvais pour la santé.
Selon le président du Comité populaire de Hanoï, Nguyên Duc Chung, la ville compte environ 6 millions de motos dont 2,5 millions avaient besoin d'être remplacées avant l’année 2000. Une nouvelle délibération sur la modernisation du parc de véhicules de la capitale sera proposée dès le mois de juin 2017.
Au niveau national, le gouvernement a promulgué la décision N°16 sur la récupération des véhicules vieux et polluants au service de l'environnement, qui va entrer en vigueur le 1er janvier 2018. Mais si la récupération des voitures obsolètes s'avère faisable, celle des vieilles motos sera peu possible, par manque d'une réglementation sur leur date d'expiration.
En 2010, le gouvernement a approuvé un projet de contrôle des émissions de motos en circulation dans les villes et provinces à travers le pays. Toutefois, ce projet n'a pas été mis en œuvre, qualifié de "sensible". Fin 2016, le ministère des Communications et des Transports s’est retourné sur cette réflexion, mais elle a été ajournée une fois encore.
Le rejet de ce projet s’explique par le fait que la moto est le principal véhicule de la majorité de la population vietnamienne, plus particulièrement des personnes pauvres. En parallèle, les transports publics ne répondent pas encore aux besoins quotidiens des habitants. Un projet visant à sanctionner, récupérer voire interdire toutes les vieilles motos pourrait par conséquent toucher une très grande partie de la société. De ce fait, les avis des chercheurs sont partagés. «Il y a 20 ans, on aurait pu accepter cette solution. Mais présentement, le Vietnam n’est pas un pays démuni, le gouvernement ne peut plus abuser de cette raison pour protéger les failles de l’administration, précise le Dr Pham Xuân Mai, expert de la circulation. On a rejeté toutes les politiques sur la restriction du parc de motos en raison des personnes démunies. En réalité, aucune statistique n’évoque la portion de la population qui utilise les vieilles motos dans les grandes villes».
Le manque de solutions appropriées
Avec ses expériences à l'étranger, le Dr Nguyên Minh Dông raconte que les voitures aux États-Unis doivent être mises en examen tous les deux ans. «Peu importe qu’ils soient neufs ou vieux, la sécurité des véhicules prévaut tout. Un véhicule d'une dizaine d'années d’ancienneté mais régulièrement entretenu fonctionne mieux qu’un modèle de 4-5 ans mal entretenu, confirme-t-il. Aux États-Unis, l’âge des véhicules à moteur importe peu. Si un véhicule est vieux ou polluant, le conducteur doit payer davantage de taxes. Au bout d’un certain temps, les habitants se décident de le remplacer par un modèle plus récent».
Enfin, Pham Xuân Mai ajoute que la récupération des vieilles motos est autant nécessaire que l’octroi d’une obligation d’auto-examen régulier. «De toute manière, il faudrait au moins une régulation qui conduirait à des normes plus ou moins sévères pour pouvoir contrôler au minimum la situation actuelle, car elle est très chaotique», s’exclame-t-il. -CVN/VNA