Hanoi (VNA) – Lors de l’élaboration de la Stratégie nationale de développement des énergies renouvelables à l’horizon 2030, l’énergie biomasse a été mise en avant. En réalité, son développement demeure lent. Points de vue d’experts et entrepreneurs.
Le biogaz pour développer l’élevage durable
- Kiêu Minh Luc, directeur général adjoint de la compagnie CP Vietnam
La transition du modèle d’élevage de petite taille à celui de ferme est une nécessité aussi bien pour améliorer l’efficacité et la compétitivité des produits domestiques que pour répondre aux normes concernant la sécurité sanitaire des aliments. Ainsi, le traitement des déchets est une question épineuse.
Les centrales biogaz sont considérées comme une des solutions techniques contribuant à la protection de l’environnement et à la garantie de la biosécurité.
Faisant partie de la chaîne de valeur de la Compagnie par actions d’élevage CP Vietnam, la ferme Lôc Phat, située dans la province de Binh Phuoc (Sud), est un bon exemple en termes de traitement des déchets. S’étendant sur 61 ha, Lôc Phat élève actuellement 12.400 porcs. Cette ferme s’est vu décerner le certificat de "Ferme la plus moderne d’Asie du Sud-Est".
Lôc Phat a installé des électro-générateurs de biogaz qui fonctionnent cinq heures par jour, ce qui permet d’économiser 23% sur les factures d’électricité.
En appliquant les modèles respectueux de l’environnement, CP Vietnam a été classée en 2016 et 2017 dans le "Top 100 des entreprises de développement durable au Vietnam".
La GIZ prête à soutenir la bioénergie au Vietnam
- Ingmar Stelter, de l’Agence allemande de coopération internationale (GIZ)
Selon un programme de partenariat concernant les énergies renouvelables entre la GIZ et le ministère de l’Industrie et du Commerce, l’agence allemande a mis en œuvre bon nombre de projets dans l’ensemble du pays: énergie éolienne de la première phase (2009-2012) et de la deuxième (2013-2018), bioénergie (2011-2018).
Particulièrement dans le cadre du projet de développement de l’énergie biomasse, le Programme de préparation au financement climatique (Climate Finance Readiness Programme - CF Ready) a été mis en œuvre de mars 2015 à août 2018. Il se divise en trois parties: assistance à l’élaboration de politiques, à la formation de la main-d’œuvre et coopération technique.
Plus précisément, CF Ready a accordé ses soutiens pour élaborer cinq projets de bioénergie dans les sucreries de Nghê An (province éponyme au Centre), Phung Hiêp, Vi Thanh (Hâu Giang, au Sud) et Dak Lak (hauts plateaux du Centre).
À ce jour, 11 sucreries ont mis en place des projets de production électrique à base de bagasse, pour une puissance totale de 351,6 MW. Début 2017, près de 100 MW avaient accès au réseau électrique national.
Selon les données, le secteur de la production de sucre est capable de produire près de 2.500 MW, soit l’équivalent de la consommation annuelle d’environ 450.000 familles.
Nécessité des mesures visant à attirer les investisseurs
- Nguyên Tuân Anh, du ministère du Plan et de l’Investissement
Dans le domaine de l’énergie, la biomasse est la matière organique d’origine végétale (microalgues incluses), animale, bactérienne ou fongique (champignons), utilisable comme source d’énergie. Cette source fait partie des énergies renouvelables et de la croissance verte.
Le gouvernement a proposé des plans détaillés en la matière. Cependant, à l’heure actuelle, ce secteur n’a encore attiré aucun projet.
Aujourd’hui, certaines sucreries ont déjà élaboré des projets de production électrique à base de bagasse afin de s’auto-alimenter.
Aux dires d’experts, l’énergie biomasse est un marché prometteur au Vietnam. Mais, les investisseurs potentiels lorgnent seulement sur les énergies éolienne et solaire ainsi que sur l’hydroélectricité.
Raisons: le prix d’achat de l’énergie biomasse par le ministère de l’Industrie et du Commerce reste bas, tandis que le coût de production est supérieur à celui des autres énergies.
Les lacunes en expériences et l’impossibilité de trouver des sources financières et technologiques empêchent le développement de l’énergie de biomasse.
L’État devrait proposer davantage de politiques prioritaires afin d’attirer les investisseurs dans ce secteur. De plus, il faudrait mobiliser les investissements tant privés qu’étrangers. – CVN/VNA