Le Vietnam, qui table sur une croissance de 6,2% en 2015, devrait redoubler d’efforts pour transformer les défis en opportunités, ont indiqué des analystes mercredi à Hanoi.

L’économie vietnamienne devrait non seulement maintenir son expansion mais aussi s’orienter vers une croissance durable en tirant profit des avantages compétitifs, ont-ils estimé lors de la conférence organisée par VPBank.

Dans son rapport d’automne sur les “ Perspectives économiques mondiales”, rendu public mardi 7 octobre, le Fonds monétaire international (FMI) table sur une croissance globale de 3,3% en 2014 et de 3,8% en 2015, estimant que la reprise continue mais elle est faible et inégale.

“Comme la croissance mondiale a été plus faible que prévu au premier semestre 2014 et que les risques de détérioration ont augmenté, l’accélération attendue de la croissance (en 2015) pourrait de nouveau ne pas se matérialiser ou être inférieure aux prévisions”,
reconnaît-il dans son rapport.

Les pays avancés comme les pays émergents doivent faire face à deux défis : l’un hérité de la crise financière, à savoir le haut niveau d’endettement public et privé et du chômage; l’autre qui tient à ce que l’on attend de l’avenir.

Pour le Vietnam, le panorama s’avère globalement “ assez optimiste” en ce moment où la Bourse affiche la “ mine fraîche” et la capacité de relance de l’économie vietnamienne est justifiée, a observé le directeur de l’Institut d’économie du Vietnam, Trân Dinh Thiên.

Cependant, les facteurs de la croissance et de la relance restent très fragiles quand “les forces motrices de cette croissance que sont les entreprises ont vu leur nombre s’amenuiser à un rythme plus élevé en 2014 qu’en 2013 mais éventuellement moins important qu’en 2015 ”, a-t-il indiqué.

Alors que l’investissement direct étranger (IDE), considéré comme moteur clé de la croissance vietnamienne, contribue à hauteur de près de 70% des exportations nationales, le déséquilibre dans son rapport avec l’investissement intérieur ne plaide pas forcément en faveur d’une croissance économique durable à long terme, selon le responsable.

De janvier à fin octobre 2014, les exportations du secteur de l’IDE ont atteint 82,480 milliards de dollars, représentant une progression de 13,6% en glissement annuel et 67% des exportations nationales, apprend-on du Département de l’investissement étranger du ministère du Plan et de l’Investissement.

Le président de l’Association des entreprises à capitaux étrangers, Nguyên Mai, a lui déclaré qu’il faudrait juger à sa juste valeur la contribution du secteur de l’IDE bien que l’on ait à résoudre des problèmes relatifs aux prix de transfert, au travail et à l’environnement ces derniers temps, soulignant les retombées importantes sur l’ensemble de l’économie.

Evaluant le potentiel et la force endogène de l’économie en 2015, le chef adjoint de l’Institut central des études et de la gestion économique, Vo Tri Thành, a estimé que sur le court terme, l’on ne doit pas s’attendre à ce que l’IDE fasse figure de moteur de la croissance comme il était ces deux dernières années, vu sa capacité d’absorption des IDE tournant autour de 10 milliards de dollars.

Le Vietnam est en plein processus de restructuration de son tissu économique et d’intégration poussée à l’économie mondiale. Le pays continue d’ouvrir ses marchés dans lesquels figurent le marché financier et le marché bancaire selon un calendrier approprié compte tenu des enjeux d’intégration internationale et des conditions inhérentes de l’économie du Vietnam.

Mais il faut que les entreprises locales procèdent à une innovation complète pour améliorer leur compétitivité et accepte les règles du jeu. Elles doivent occuper une place plus importante dans la chaîne de valeurs mondiales. Il est vrai que les accords de libre-échange leur offriront des opportunités mais les défis qu’elles ont à relever sont aussi de taille.

Le représentant du FMI Sanjay Kalra a estimé que pour faire partie de l’économie régionale et mondiale, le Vietnam doit poursuivre l’objectif de stabilisation macroéconomique lié à l’utilisation efficace des ressources humaines, naturelles au service de la croissance et du développement.

Les efforts doivent aussi se concentrer sur la restructuration du secteur bancaire, des entreprises étatiques et de l’investissement public, a-t-il poursuivi, ajoutant que la restructuration ou l’actionnarisation des entreprises étatiques devrait s’accélérer.

La Banque d’État du Vietnam (BEV) a fait savoir dans un récent rapport que la croissance du crédit s’établissait fin septembre à 7,26%, soit 50% du plan annuel prévu. à la fin du premier trimestre, elle était seulement de 0,01% par rapport à fin 2013.

Le représentant du FMI Sanjay Kalra a mis l’accent sur l’adoption des politiques plus énergiques pour gérer et réduire les taux des banques commerciales, ce qui augmente l’accès des entreprises aux crédits et contribue à la santé de l’économie nationale.

De son côté, le président de l’Association des entreprises à capitaux étrangers, Nguyên Mai, a déclaré que pour faire 2015 l’année des entreprises, il faudrait réformer les relations entreprises-banques

Selon les estimations, pour atteindre une croissance annuelle de 5,8% en 2014, il faudrait obtenir une croissance de 6,2% ce dernier trimestre. Et une croissance du crédit de 12 à 14% garantit une croissance économique annuelle de 5,8%. Pour atteindre cet objectif annuel de 12 à 14 %, une application souple des indices d’octroi des crédits différents pour chaque banque est nécessaire. – VNA