VietnamPlus - Les investissements directs étrangers (IDE) sont l'un des facteurs les plus importants de la croissance économique du Vietnam, qui a bénéficié plus que tout autre pays des conflits commerciaux entre les États-Unis et la Chine, a analysé Michael Kokalari, économiste en chef du fonds d'investissement VinaCapital.
Cependant, récemment, deux facteurs de risque potentiels sont apparus pour les entrées d'IDE au Vietnam. Ces deux facteurs ont attiré l'attention des chefs d'entreprise ainsi que des décideurs politiques. Autrement dit, le Vietnam pourrait perdre de sa compétitivité en termes d'IDE par rapport à ses grands concurrents que sont l'Inde, la Malaisie ou l'Indonésie.
En outre, on craint que le nouveau mécanisme de l’impôt minimal sur les multinationales ne réduise son attractivité.
En Inde, l'investissement étranger vise la production et l'approvisionnement du marché intérieur avec une demande en croissance rapide. En Malaisie et Indonésie, les investissements sont principalement dédiés au renforcement de la fabrication de produits que le Vietnam ne fabrique pas, par exemple les batteries de voitures électriques.
Actuellement, les investissements étrangers au Vietnam se concentrent sur le secteur de la haute technologie, en particulier l'assemblage d'équipements électroniques et d'autres produits technologiques. Les entreprises d'IDE y bénéficient souvent de taux d'imposition préférentiels, qui peuvent inclure aucunes taxations les premières années d'exploitation.
En 2021, plus d'une centaine de pays (dont le Vietnam) ont accepté la proposition de l'OCDE d'introduire un impôt minimum mondial sur les sociétés (GMT) de 15% à partir de 2023 sur les entreprises ayant un revenu combiné supérieur à 850 millions de dollars. Sa mise en œuvre a été repoussée à 2024.
Le Vietnam se prépare à mettre en place un mécanisme d'imposition minimum l'année prochaine, et environ 70 entreprises pourraient faire face à une augmentation des taux d'imposition si le nouveau régime fiscal est appliqué.
Selon une enquête de la Banque mondiale et d'autres organisations, les faibles taux d'imposition ne sont pas le facteur le plus important dans la décision d'une entreprise d'investir dans une nouvelle usine. D'autres facteurs tels que la stabilité sociopolitique, un environnement commercial favorable, la main-d'œuvre de qualité et à bas coût, et les infrastructures jouent aussi un rôle plus important.
Par conséquent, il est peu probable que le taux d'imposition minimum entrave l'IDE au Vietnam, car les incitations fiscales ne sont pas le principal attrait pour l'implantation d'usines dans le pays. De plus, il est probable que le Vietnam disposera d'alternatives au taux d'imposition minimum lorsque ce mécanisme sera mis en place.
A moyen terme, le Vietnam demeurera une destination de choix pour les IDE, en particulier des groupes multinationaux fabriquant des produits pour l’exportation et à la recherche d'une base de fabrication alternative et/ou supplémentaire à la Chine, a estimé Michael Kokalari.
Partageant cet avis, le professeur Nguyên Xuân Thanh, de l’École de politique publique et de gestion Fulbright, estime que le Vietnam n'a pas encore perdu son attrait en tant que destination attrayante pour les investissements étrangers, bien qu'actuellement, les investisseurs réfléchissent attentivement avant de prendre leur décision.
Les procédures inutiles, les incitations fiscales et la lenteur dans la délivrance des licences les font parfois hésiter. Cependant, à moyen et long termes, le Vietnam restera un pays offrant bien plus d'avantages en matière d'investissements que ses concurrents, a conclu le professeur Nguyên Xuân Thanh. -VietnamPlus