- Quel regard portez-vous sur les résultats obtenus par le tourisme national l’année passée ?
Je ne dispose pas encore de chiffres exacts concernant les touristes étrangers qui ont visité le Vietnam en 2014, mais on estime que leur nombre a augmenté d’environ 5%. La proportion de touristes indigènes, plus nombreux, a elle augmenté d’environ 10%. Il faut aussi relever que davantage de Vietnamiens voyagent, 10% à 15% de plus qu’en 2013. Je pense que 2014 est une année à succès pour le tourisme. Mais ces résultats ne sont pas encore satisfaisants par rapport aux objectifs que nous nous sommes fixés.
- Quelles sont les lacunes que le secteur touristique doit combler ?
Les sociétés actives dans le tourisme sont presque toutes des petites et moyennes entreprises. La compétitivité de ce secteur est donc faible, même sur le marché domestique. De plus, la promotion des activités touristiques n’est pas menée de manière professionnelle. Elle est trop générale. Sans compter que le budget alloué à la promotion est modeste en comparaison avec les sommes débloquées par plusieurs pays d’Asie du Sud-Est. Nous manquons aussi d’expérience dans l’élaboration et la présentation de nouveaux produits attractifs et spécifiques destinés aux marchés étrangers.
En 2014, le tourisme national a fait face à deux grands défis : la baisse de touristes chinois dès mai, alors que la Chine implantait illégalement une plate-forme de forage en Mer Orientale, dans les eaux vietnamiennes, et la diminution de touristes russes en raison de la chute du rouble. Ces événements nous montrent qu’il ne faut pas compter uniquement sur un ou deux types de touristes. Si l’on ne change pas de stratégie, cette année, les agences de voyage spécialisées dans la prise en charge de touristes russes rencontreront encore des difficultés. Les destinations touristiques telles que Nha Trang, Phan Thiêt et Phu Quôc, traditionnellement prisées par les touristes russes, feront elles aussi face à des problèmes.
- Pensez-vous à des solutions pour contrer ce phénomène ?
L’année passée, alors que le nombre de visiteurs chinois diminuait, l’Association du tourisme du Vietnam a collaboré plus avant avec l’Administration nationale du tourisme pour se concentrer sur les marchés de la République de Corée, du Japon et de l’Europe de l’Ouest. Après quelques mois, les résultats obtenus sont encourageants. Le chiffre d’affaire du secteur en 2014 a connu une croissance de 10% à 15%, malgré que le nombre de touristes étrangers n’ait augmenté que de 5% à 6%. Pour assurer un développement durable, outre les marchés que j’ai cité, le Vietnam devra aussi miser sur les touristes australiens.
Quant aux touristes russes, dans l’immédiat, les entreprises de voyage devront s’atteler à proposer des programmes de promotion intéressants. Celles qui sont spécialisées dans ce type de clientèle devront coopérer pour réduire les dépenses et offrir des circuits attractifs à des prix abordables. De plus, il faut proposer plus de produits et de souvenirs qui plaisent aux Russes, afin de les inciter à débourser davantage au Vietnam. Le professionnalisme est aussi un facteur déterminant pour les agences de voyage. Outre la nécessité de créer des produits originaux, les voyagistes doivent pouvoir compter sur un personnel compétent, en mesure de fournir des services conformes aux normes internationales. En outre, les entreprises sont appelées à participer activement aux activités de promotion touristique sur les marchés visés.
- Quels seront les grands défis des voyagistes vietnamiens en 2015 ?
Ils devront faire face à la concurrence féroce de leurs homologues des pays voisins. La Thaïlande, la Malaisie et Singapour ont énormément développé leur secteur touristique. Le Cambodge et le Laos ont, eux aussi, mis en place des stratégies de développement touristique ambitieuses. Ces pays réussissent à attirer des voyageurs venus du Japon, de République de Corée et d’Europe de l’Ouest. Tout comme des touristes vietnamiens. Il est donc primordial que les voyagistes vietnamiens aient des plans de développement précis et soient déterminés à les mettre en œuvre. L’État doit aussi les soutenir dans leurs activités de promotion touristique à l’étranger.
- Pour être plus attractives, plusieurs zones touristiques, dont Phu Quôc et Ha Long, ont l’intention d’ouvrir un casino. Qu’en pensez-vous ?
Nombreuses sont les localités vietnamiennes qui veulent actuellement ouvrir un casino. Mais des conséquences négatives sont observées dans beaucoup de pays. L’ouverture de casinos est donc déconseillée dans plusieurs d’entre eux. Le Japon, qui a une économie très développée, ne soutient pas cette pratique. La République de Corée n’a qu’un ou deux établissements de petite envergure, destinés uniquement aux touristes étrangers. Il n’y a aucune raison que le Vietnam ait des dizaines de casinos, aussi ouverts aux locaux. Je pense que Phu Quôc ou Ha Long, avec leurs magnifiques paysages et leur patrimoine reconnu mondialement, peuvent tout à fait devenir des pôles touristiques de premier rang sans ouvrir de casino. – CVN/VNA
Le Vietnam doit attirer davantage de touristes du Japon, de République de Corée, d’Europe de l’Ouest et d’Australie. Telle est la proposition de Vu Thê Binh, président de l’Association des agences de voyage du Vietnam et vice-président de l’Association du tourisme du Vietnam.