Lam Dong (VNA) - Les provinces du Tây Nguyên, terres d’accueil de l’exode rural, ont permis à ces nombreux migrants internes d’améliorer leurs conditions de vie. Mais pour les autorités, ce n’est pas sans conséquences, et les mesures sont devenues nécessaires.
Le Tây Nguyên (hauts plateaux du Centre) est la plus importante région d’accueil pour la migration interne au Vietnam, et particulièrement dans les districts de Lâm Hà (province de Lâm Dông) et de Ya Sup (province de Dak Lak). Aujourd’hui, la région compte 5 millions d’habitants et 54 ethnies, contre un million d’habitants et 18 ethnies en 1976.
S’installer sur une nouvelle terre
La commune de Dak Som (province de Dak Nông) se trouve à 40 km du chef-lieu de Gia Nghia. Depuis plus d’une quinzaine d’années, les H’Mông sont descendus des provinces montagneuses du Nord pour venir s’y établir, dans l’espoir d’une vie meilleure.
Giang Thi Nhung, une H’Mông originaire de la province de Cao Bang (Nord) est l’une d’entre eux. En 2000, les difficultés économiques l’ont poussée à se rendre à Dak Som. «Les aides de nos proches et des autorités locales nous ont permis de défricher un hectare de forêt pour la plantation des caféiers. Nous avons pu accéder à une vie stable», partage-t-elle. Avant d’ajouter «que je vais au marché chaque semaine pour acheter et troquer le nécessaire. J’aime bien son atmosphère notamment lors des fêtes».
Une migration encore incontrôlée
Les autorités estiment que la migration des ethnies venues du Nord, à l’instar des H’Mông, Kinh, Dao, Cao Lan, Tày, Nùng, Thai ou Muong a évolué de façon complexe, et qu’il devient difficile de la maîtriser. Dans les provinces de Dak Lak et Dak Nông, les migrants H’Mông représentent entre 50% et 70% de la population, tandis que dans celles de Gia Lai, Kon Tum, et Lâm Dông, la proportion des Kinh atteint 70%.
Selon le Comité de pilotage du Tây Nguyên, près de 200.000 familles (soit un million d’habitants) en plus de celles répertoriées dans les programmes d’exode rural officiels se sont installées dans la région depuis 1976. Les conséquences ne se sont pas fait attendre selon HNgam Niê KDam, cheffe adjointe du Comité de pilotage du Tây Nguyên : destruction de la forêt, pénurie de terres cultivables et d’eau, difficultés socio-économiques, augmentations des cas de litiges fonciers, us et coutumes d’un autre temps profondément ancrés. Une réalité loin d’être simple, avec le manque de logements, de places de travail et d’infrastructures. Sans surprise, le taux de pauvreté est un des plus élevés du pays.
De plus, dans les régions reculées, les politiques, les lois du Parti et de l’État sur la sédentarisation ne sont pas placées au centre des préoccupations des autorités. Il est difficile dès lors de sensibiliser la population aux règlements sur la gestion foncière ou sur la protection de la forêt.
Des objectifs à long terme
Afin de stabiliser la situation, HNgam Niê KDam estime qu’il faut prendre des mesures simultanées à la fois dans les localités de départ des migrants, mais aussi dans celles d’accueil. La priorité est de sensibiliser les autorités locales sur l’ensemble des problèmes. Il est devenu urgent selon lui de gérer les foyers installés dans les forêts protégées et d’aménager des régions pour les accueillir.
En outre, les localités doivent recenser le nombre de migrants afin de les aider à stabiliser leur vie. Selon ses dires, communiquer sur les impacts d’une migration qui échappe à tout contrôle et mobiliser l’opinion publique se montrent tout aussi indispensables. Il préconise de mettre en œuvre des projets de développement socio-économique afin d’améliorer la vie des habitants.
Le mouvement dans ce sens a pourtant été enclenché en 1976. Les provinces d’accueil du Tây Nguyên ont appliqué 37 projets pour assister ces populations, pour un moment de 1.930 milliards de dôngs, aidant ainsi près de 14.000 familles. -CVN/VNA