Après sa séance d’entraînement matinale au club VânDôn, dans le 4 e arrondissement à Hô Chi Minh-Ville, le taekwondoisteLê Huynh Châu nous emmène chez lui, à quelques encablures de là.
Située dans une ruelle étroite et sinueuse du quai Vân Dôn, il estsurprenant de voir que ce sportif, qui fait tout de même partie del’élite internationale dans sa discipline, habite une bicoque deseulement 10 m². Aucun signe ostentatoire de richesse ici. Le décor estdes plus minimalistes : un petit frigo, un vieux poste de télévision et,accrochées dans un coin, toutes ses médailles. Une collection qui sonnecomme la juste récompense pour un jeune homme talentueux, mais surtouttrès bosseur à l’entraînement, et à qui la vie n’a pas fait decadeaux...
Une enfance privée de tout
Il n’a d’abordjamais connu son père, qui est mort avant sa venue au monde. Veuve etenceinte, sa mère décide de tenter de trouver une vie meilleure enquittant sa terre natale du district de Duc Hoà, province de Long An(Sud) pour Hô Chi Minh-Ville. Elle doit alors exercer divers petitsboulots pour subvenir aux besoins élémentaires de ses enfants. Pendantqu’elle travaille la journée pour les nourrir, le petit Huynh Châu,livré à lui-même, rôde dans la rue, exposé, de fait, à de nombreuxrisques. Ému devant cette situation, l’oncle maternel - un taekwondoisterenommé à l’époque - prend son neveu sous son aile, lui demandant devenir s’entraîner pour mettre fin à ces vagabondages qui ne peuvent rienlui apporter de bon.
« C’est à dix ans que j’ai commencé letaekwondo, grâce à mon oncle. J’étais tellement heureux ! Trèsrapidement, j’ai montré des dispositions pour cet art martial. Aprèsl’école, je partais directement rejoindre le dojo pour m’entraîner. Etvoilà où j’en suis aujourd’hui », se souvient Lê Huynh Châu.
Plusil pratique, plus il montre de maîtrise de soi et de force decaractère. Seulement un plus d’un an après sa première leçon, Huynh Châuremporte le titre de champion de Hô Chi Minh-Ville et est convoqué dansla sélection de la mégapole du Sud, avec à la clé une compensationmensuelle de 250.000 dôngs. « Même si ce n’était pas grand chose, celapermettait de soutenir un peu le quotidien de ma mère. Ça m’a en toutcas motivé pour continuer dans cette voie et en faire ma profession. Jem’entraînais tellement dur qu’il m’arrivait de perdre deux kilos lors decertaines séances» , raconte le taekwondoiste, non sans émotion.
Un travail récompensé
Desefforts qui paient, puisque Lê Huynh Châu parvient à réaliser son vœule plus cher : vivre de son sport. En 2003, il est sacré vice-championd’Asie chez les juniors (moins de 45 kg) dès sa 1re participation àcette compétition. Une performance auréolée d’une prime de dix millionsde dôngs, qui à l’époque lui permet d’aider sa mère à recouvrir le toitde la maison.
Un an plus tard, il est sélectionné pour leprogramme de formation des sportifs de la génération dorée de Hô ChiMinh-Ville (2004-2006). Grâce à ses allocations mensuelles, il peutenfin prendre soin de sa mère.
Il commence à se faire un nom,jusqu’à remporter la médaille de bronze chez les moins de 63 kg auxChampionnats du monde en 2011, qui lui vaut d’être de l’aventureolympique pour Londres en 2012.
Pour l’heure, avec un salairemensuel fixe supérieur à dix millions de dôngs - sans compter les primesglanées lors des tournois -, Lê Huynh Châu est, à 26 ans, en train defaire construire sa propre maison dans le 7e arrondissement. Enparallèle à sa carrière de sportif de haut niveau, il poursuit desétudes à l’École normale supérieure de l’éducation physique et dessports de Hô Chi Minh-Ville, afin de préparer sa reconversion.
«Le taekwondo m’a tout donné, vraiment, avec un logement, des médailles,de l’argent. Mieux encore, il m’a permis de rencontrer mon épouse TrânHuyên Yên Nhi, médaillée d’argent aux Championnats d’Asie du Sud-Est en2009, avec qui je partage tout», nous révèle le champion, pleind’étoiles dans les yeux. Un magnifique symbole de réussite à montrerdans toutes les écoles.
Lê Huynh Châu en quelques dates
- Né en 1987
- Quadruple médaillé d’or aux Championnats du Vietnam (2005, 2006, 2009 et 2010)
- Médaillé d’argent aux Championnats
juniors d’Asie en 2003 chez les moins
de 45 kg
- Médaillé de bronze aux Championnats d’Asie
en 2010 (moins de 68 kg) et en 2012
(moins de 58 kg)
- Médaillé de bronze aux Championnats du
monde 2011 (moins de 63 kg).
Qualifié aux JO de Londres 2012. - VNA