Hanoï (VNA) - Lorsd’une interview accordée à l’Agence Vietnamienne d’Information sur les analysesdu secrétaire général du Parti communiste du Vietnam (PCV) Nguyên Phu Trong dela voie de développement de ce pays vers le socialisme, M. Jean-PierreArchambault, secrétaire général de l’Association d’Amitié Franco-Vietnamienne(AAFV), les a qualifiées "intéressantes".
Parmi les multiplesquestions théoriques et pratiques abordées par M. Nguyen Phu Trong dans sonarticle sur "Certaines questions théoriques et pratiques du socialisme etdu chemin vers le socialisme au Vietnam", M. Jean-Pierre Archambaults’intéresse notamment à trois contenus sur l’"indépendance nationale etsocialisme", le "non au capitalisme" et "l'économie demarché à orientation socialiste".
D’après lui, cestrois contenus indiquent le choix qui vient de loin et qui s’inscrit dans lacontinuité du XXe siècle. Selon ses analyses, s'il y a des capitalistes auVietnam, la différence est que ce ne sont pas eux, ou leurs serviteurs, quidirigent le pays selon leurs intérêts. La différence est de taille même sicertains l'escamotent dans des débats qu'ils veulent confus. Économie etsociété, politique économique et politique sociale, croissance économique etprogrès et équité sociale doivent aller de pair. Cela ne va pas sanscontradictions bien sûr. Ainsi, par exemple, encourager l'enrichissement légaldoit coexister avec l'élimination de la faim, la réduction durable de lapauvreté. C'est à l'État, au parti communiste, à la population d'y veilleractivement.
Parlant des acquis du Vietnam dans son œuvre du Doi moi, Jean-Pierre Archambault a qualifié "considérables" en citant une série de chiffres parlant : une croissance de 6 % à 7% depuis dix ans ; l’inflation est faible (par exemple 0,6% en 2015) ; le taux de chômage était de 2,5 % en 2017 ; le recul significatif de la pauvreté, de 58% de la population en 1993 à 5% en 2015 ; le revenu par habitant et par an de 2.300 USD, multiplié par 11 de 1986 à 2017 ; en 2010, le Vietnam a quitté le groupe des pays les plus défavorisés pour intégrer celui des pays à revenus intermédiaires (2.100 dollars par habitant et par an).
D’après lui, cesrésultats sont "remarquables". D’autant plus que le passé pèse encore: la colonisation puis 50 ans de guerre. Après la réunification nationale en1975, la reconstruction d’un pays dévasté s’est faite dans le contexte ôcombien difficile de l’embargo économique odieux et criminel des États-Unis etdes pays occidentaux.
Même maintenant,bientôt 50 ans après la fin de la guerre du Vietnam, l’Agent Orange/dioxine tueencore. Il y a quatre millions de personnes contaminées. Et le combat continuepour que justice soit rendue à Tran To Nga, qui a intenté un procès contre lesfirmes chimiques américaines qui ont fourni le poison à l'armée des États-Unispour ses épandages, et à toutes les victimes de l'Agent Orange-dioxine, a-t-ilajouté.
Cependant, d’aprèsJean-Pierre Archambault, malgré des progrès remarquables dans les conditionsque l'on vient de rappeler, le Vietnam doit faire face à de nombreux défiscomme : amélioration du rendement de la production et de la compétitivité desentreprises ; lutte contre le développement inégal entre les villes et lescampagnes ; position résolue dans uneperspective de développement durable ; éradication des fléaux tels que lacorruption et les inégalités entre riches et pauvres ; affrontement duchangement climatique et de la montée des eaux…. Donc, dans le temps à venir,le Vietnam doit prêter attention à ses points forts dans les domaines comneinformatique, intelligence artificielle, formation professionnelle et santé.
Bon exemple del’intégration internationale
Partageant son avisfavorable en faveur des succès du Vietnam dans son intégration à la communautéinternationale, Jean-Pierre Archambault a affirmé que "c'était une volontépolitique forte de sa part que l'on comprend très bien dans le contexte de lafin du XXe siècle".
Le Vietnam entretientdes relations diplomatiques avec près de 200 pays. Il commerce avec plus de 200pays et territoires, et sa balance commerciale est excédentaire. Il a signé despartenariats stratégiques avec des dizaines de pays, dont la France. Il estl’un des rares pays à en avoir signés avec les cinq membres permanents duConseil de sécurité des Nations unies. Il joue un rôle actif dans l’ASEAN et auForum de coopération économique Asie-Pacifique (APEC), regroupant 21 pays. LeVietnam est l’une des économies les plus dynamiques de la région, qui est laforce motrice principale pour l’économie du monde, a-t-il rappelé.
Pour Jean-PierreArchambault, l’élection du Vietnam au Conseil de Sécurité de l'ONU pour lamandature 2020-2021 "illustre parfaitement la place et le rôle du Vietnamdans l'arène internationale" et le nombre record de voix (192/193) obtenupar ce pays "traduit la confiance manifestée par la communautéinternationale à l'égard de sa politique extérieure".
En tant que secrétairegénéral de l'AAFV, Jean-Pierre Archambault est ravi de voir se développer lesrelations entre la France et le Vietnam. D’après lui, ces relations sont"une histoire ancienne, contradictoire". Pour illustration, il a citéles paroles de Nguyên An Ninh, intellectuel patriote, "L'oppression nousvient de France, mais l'esprit de libération aussi".
Il y a eu lasolidarité, le soutien politique et matériel, et l'amitié pendant lacolonisation, la Guerre d'Indochine, la Guerre du Vietnam, le Vietnam remportantdeux victoires historiques au prix de souffrances inouïes. Hô Chi Minh appelatoujours à distinguer le peuple de France et les colons. Mais ce ne fut pastoujours chose simple car le poison du colonialisme était présent chez uncertain nombre de nos compatriotes. Puis ce fut l'embargo des États-Unis et despays occidentaux jusqu'en 1994, la reconstruction et le développement, a-t-ildéclaré.
Pour conclusionJean-Pierre Archambault a affirmé que les temps avaient changé. "Desinitiatives font vivre la francophonie. Les assises de la coopérationdécentralisée ont lieu tous les deux ans, en alternance dans les deux pays. LaFrance et le Vietnam ont conclu un Partenariat stratégique. Les échangesuniversitaires se poursuivent. La coopération santé, depuis toujours le pointfort des relations entre les deux pays, ne se dément pas. De l'avis général,les relations sont bonnes. Mais elles pourraient donner lieu à de meilleursrésultats, d'abord sur le plan économique". -VNA