Hanoi (VNA) – Le Vietnam regorge de sites historiques et culturels, anciens objets, reliques, patrimoines matériels et immatériels qui contribuent à l’essor du tourisme. Problème : ce trésor est de plus en plus menacé par le dérèglement du climat. Il est impératif d’agir pour sa sauvegarde.
Les catastrophes naturelles provoquées par les changements climatiques sont en train de devenir l’un des principaux dangers pour les patrimoines culturels. Les sites historiques et culturels, archéologiques, architecturaux sont les plus vulnérables à ce phénomène provoqué par l’activité anthropique. Abîmés, déclassés, certains disparaissent même. En cause, une longue liste des effets : hausse des températures, augmentation du niveau des océans, multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes, sécheresses prolongées...
Un trésor englouti ?
La communauté scientifique a déjà donné l’alerte sur le risque de disparition de centaines de sites archéologiques précieux des cultures de Dông Son (VIIesiècle avant notre ère – Ier-IIe siècles après J.-C.), Sa Huynh (début de l’âge du Fer, soit il y a environ 2.000 - 2.500 ans) et Oc Eo (environ 1.500 ans avant notre ère – 800 après J.-C.), qui se trouvent dans des estuaires et sont directement menacés par la montée du niveau des océans.
En dehors des patrimoines culturels et naturels, les bases matérielles touristiques comme le réseau de communications, les restaurants, les hôtels ou les villégiatures sont aussi victimes des caprices du temps. En effet, de nombreuses grandes plages du Centre et du Nord ont déjà été avalées par la mer ; la vieille ville côtière de Hôi An, dans la province de Quang Nam (Centre), déjà sujette aux inondations pendant la saison des pluies, est menacée par des typhons plus fréquents, l’érosion côtière et également par la montée du niveau de la mer.
Les impacts des changements climatiques influent non seulement sur les patrimoines culturels et historiques mais encore sur la vie quotidienne des habitants dont nombre en dépendent, les artisans notamment. Ces derniers n’ont parfois pas d’autre alternative que de se déplacer vers une nouvelle région pour gagner de quoi vivre, délaissant ainsi les patrimoines alentour pour les travaux de protection ou de restauration, ce qui remet en cause leur pérennisation.
D’après des experts, les activités de prévention et de lutte contre les catastrophes naturelles au Vietnam se concentrent uniquement sur la résilience et le règlement des conséquences et négligent encore les activités pour minimaliser les impacts des changements climatiques sur les patrimoines.
Le Pr.-Dr. Truong Quôc Binh, membre du Conseil national des patrimoines, estime que toute la société doit être mobilisée pour faire face à ce phénomène. Cela passe notamment par le renforcement des activités de sensibilisation auprès de tous les secteurs, branches et habitants sur la nécessité de protéger les patrimoines corrélés au développement touristique.
Le tourisme en rempart
Dans l’immédiat, l’une des premières solutions consiste à créer des produits touristiques caractéristiques, comme les circuits dans le delta du Mékong et dans le Vieux quartier de Hôi An ou Huê (Centre) pendant la saison des pluies afin d’attirer plus de voyageurs.
Ces dernières années, les patrimoines mondiaux au Vietnam ont été une source de revenus importante pour les localités. Raison pour laquelle le Pr.-Dr. Nguyên Chi Bên, ancien directeur de l’Institut de la culture et des arts du Vietnam, demande de revoir les politiques sur l’utilisation de cette recette pour protéger les patrimoines. Il ne faut pas faire n’importe quoi non plus, les travaux de restauration devant obéir scrupuleusement aux règlements et être réalisés sous la surveillance de l’UNESCO.
Dans tous les cas, patrimoines culturels et tourisme sont en lien. La recette tirée de la vente des billets et des services touristiques dans les patrimoines augmente de plus en plus, contribuant grandement à la croissance économique et à la création d’emplois pour les locaux.
Illustration avec l’ensemble de monuments de Huê. Le directeur du Centre de conservation des monuments de l’ancienne cité impériale, Phan Thanh Hai, fait savoir que grâce aux efforts fournis, la cité impériale (Dai Nôi) - qui nécessitait une «sauvegarde urgente» - est devenue un site incontournable au Vietnam. Et sur la seule année 2016, le centre a investi 129 millions de dôngs dans les travaux de restauration du site. En outre, il a élaboré un plan de restauration pour la période 2016-2020 d’un montant d’investissement de 1.200 milliards de dôngs.
Si les localités ne savent pas toutes profiter des patrimoines dont elles disposent à des fins de développement touristique durable comme le fait si bien la province de Thua Thiên-Huê, il faut, au-delà de toutes considérations financières, adopter des mesures pour conserver ces gardiens de l’histoire du Vietnam.
• Un pays vulnérable
Le Vietnam figure parmi les pays les plus touchés par les changements climatiques, notamment le delta du Mékong. À la fin du XXIe siècle, environ 40% de la superficie de cette région sera sous les eaux. Quelque 10-12% de la population du pays sera directement affectée et 10% du PIB perdu. Les effets des changements climatiques influencent directement les objectifs de réduction de la pauvreté et de développement durable du pays, qui prête une grande attention à cette question brûlante. Le Vietnam est en effet signataire de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques et du Protocole de Kyoto. – CVN/VNA