Hanoi (VNA) – Encore jeune lorsqu’il a fait ses débuts sur la scène internationale en 1997, le football féminin vietnamien a écrit une histoire de développement emblématique dans la région de l’Asie du Sud-Est.
Avec huit titres remportés aux SEA Games, une première qualification en quart de finale aux Jeux asiatiques de 2018, une participation à la phase finale de la Coupe d’Asie de football féminin 2022 et surtout un résultat marquant avec une première apparition à la Coupe du Monde 2023, le football féminin vietnamien n’est plus un phénomène, mais est devenu une force dans la région.
Le président de la Fédération vietnamienne de football (VFF), Tran Quoc Tuan, a affirmé : « Ces dernières années, nous avons toujours maintenu une orientation claire ainsi qu’un objectif constant : développer le football vietnamien de manière globale, durable et inclusive. Dans cette stratégie, le football féminin occupe une place essentielle.
Il ne constitue pas seulement une composante incontournable de l’écosystème footballistique national, mais incarne également des valeurs fortes, telles que l’égalité, l’ambition et la détermination à conquérir les plus hauts sommets.
« Nous avons été témoins d’un moment historique lorsque l’équipe nationale féminine a décroché pour la première fois sa qualification pour la phase finale de la Coupe du monde féminine 2023 en Nouvelle-Zélande – un aboutissement digne de fierté, fruit de nombreuses années d’efforts, d’investissements et de sacrifices silencieux de générations de joueuses, d’entraîneurs, de dirigeants et d’acteurs du football féminin.
Ce succès ne se limite pas à rehausser le statut du football féminin vietnamien sur la scène internationale ; il ouvre également un nouveau chapitre porteur de grandes espérances. »
Cependant, selon M. Tuan, pour maintenir la dynamique de développement et tendre vers un niveau de professionnalisation – objectif partagé par toutes les nations de football avancées – le football féminin vietnamien doit s’appuyer sur une stratégie d’orientation à long terme, structurée et soutenue par des ressources tant nationales qu’internationales.
L’un des facteurs clés ayant permis au football féminin vietnamien de s’affirmer aujourd’hui réside dans le développement homogène de son système de compétitions nationales.
Ces dernières années, le Championnat national de football féminin, ainsi que les compétitions de jeunes et les activités de promotion du football en milieu scolaire, a constitué une base solide pour le développement des talents et la formation des ressources humaines dans le football féminin vietnamien.
À cela s’ajoute la contribution constante des clubs féminins traditionnels, tels que Ho Chi Minh-Ville, Hanoï ou encore Ha Nam, qui ont su maintenir leurs effectifs et assurer la formation des joueuses, malgré des difficultés persistantes en matière de financement, d’infrastructures et de ressources humaines spécialisées.
Toutefois, pour amorcer une véritable transformation vers un football professionnel, le football féminin vietnamien a besoin de bien plus que la seule dévotion et la volonté spontanée qui l’ont caractérisé jusqu’à présent : il requiert une attention accrue, des conditions favorables et un accompagnement adapté à ses ambitions.
C’est dans cette optique qu’une stratégie de développement à long terme, mise en œuvre à partir de 2024, est considérée comme un nouveau levier pour permettre au football féminin de progresser de manière structurée et durable.

Portée par une vision d’ensemble et un ensemble d’objectifs concrets, cette stratégie vise à professionnaliser l’ensemble du système, depuis les clubs jusqu’à l’équipe nationale, tout en élargissant l’accès au football pour les jeunes filles – là où naissent et s’épanouissent les talents de demain.
La stratégie récemment mise en place par la Fédération vietnamienne de football (VFF) en matière de développement du football féminin ne constitue pas seulement une « déclaration d’intention sportive », mais bien un plan d’action concret, structuré et réalisable.
Elle prévoit notamment la réforme du système de compétitions nationales, l’amélioration de la formation des entraîneurs et arbitres féminins, l’investissement dans les infrastructures, la science du sport, ainsi qu’un modèle de gouvernance professionnelle pour les clubs.
Par ailleurs, un levier souvent sous-estimé, mais désormais clairement identifié dans cette stratégie est la communication et la valorisation de l’image. Lorsque les joueuses bénéficient d’une plus grande visibilité à la télévision, dans la presse ou sur les réseaux sociaux – et que leurs parcours sont racontés avec justesse et inspiration – la valeur sociale et commerciale du football féminin s’en trouve considérablement renforcée.
Dans cette dynamique, des figures emblématiques du football féminin vietnamien, à l’image de l’attaquante Huynh Nhu, ne se contentent pas de faire rayonner le Vietnam à l’étranger : elles incarnent également un message puissant d’inspiration pour les jeunes générations de joueuses dans le pays.
Le parcours de Huynh Nhu en Europe illustre de manière vivante la capacité d’intégration internationale, la persévérance et l’esprit de dépassement de soi. Ses témoignages sincères – sur le fait de devoir cuisiner elle-même, s’adapter à une nouvelle culture ou encore apprendre minutieusement chaque détail sur le terrain – révèlent une maturité grandissante, tant sur le plan sportif que personnel.
Ce ne sont pas seulement les médias nationaux qui saluent cette dynamique : les organisations internationales du football reconnaissent elles aussi la stratégie de développement du football féminin vietnamien.
Simon Toselli, représentant de la Fédération internationale de football association (FIFA), a affirmé : « La VFF dispose d’un potentiel considérable et d’une vision claire. Cette stratégie ouvrira de nombreuses opportunités pour les filles et les femmes, non seulement dans le football, mais aussi dans la société. »
De son côté, Amir Assokan Abdullah, expert chargé des projets spéciaux au sein de la Confédération asiatique de football (AFC), s’est dit convaincu que le Vietnam pourrait tout à fait devenir un modèle pour les autres pays de la région en matière de développement du football féminin, à condition de maintenir la même volonté et la même détermination.
Dans un contexte où la FIFA et l’AFC s’engagent activement en faveur de l’égalité des sexes et du développement du football féminin à l’échelle mondiale, le Vietnam dispose d’une réelle opportunité pour tirer parti des programmes d’appui financier, technique et de formation afin de renforcer ses capacités.
Cependant, comme pour tout parcours de long terme, la réussite ne pourra être au rendez-vous sans une mise en œuvre cohérente et une adhésion pleine et entière de la communauté.
Dans le sport, et plus encore dans le football, les résultats sont souvent mesurés en buts marqués et en titres remportés. Mais pour le football féminin vietnamien à l’heure actuelle, la véritable réussite réside dans la construction d’un écosystème où chaque fille a le droit de rêver, où chaque joueuse est respectée, et où les supporters ressentent une fierté sincère en regardant jouer l’équipe nationale.
Le chemin à venir sera sans doute semé d’embûches – qu’il s’agisse de mobiliser les ressources nécessaires, de convaincre les sponsors ou de faire évoluer les mentalités sur la place des femmes dans le sport.
Mais le parcours vers la Coupe du monde 2023 a déjà démontré que le football féminin vietnamien ne manque ni d’ambition, ni de résilience, ni de potentiel.
Il est désormais temps de transformer les engagements en actions concrètes – non seulement pour bâtir une équipe nationale plus forte, mais surtout pour ouvrir la voie à un avenir plus équitable et inspirant pour le sport féminin au Vietnam. – NDEL/VNA