Le culte de la Sainte-Mère dans la culture contemporaine vietnamienne
En plus d’être une croyance, le culte de la Sainte-Mère est un musée
vivant de la culture vietnamienne, combinant la sculpture,
l’architecture, la musique, la danse, les arts martiaux, la gastronomie
et la mode. Les chamans servent d’intermédiaires entre le monde des
vivants et celui des divinités. Bui Thanh Kien explique que lorsqu’il
entre en transe, les génies empruntent sa voix pour proférer des
conseils et bénir les fidèles: « Lorsque je sers d’intermédiaire à un
génie de la catégorie « mandarins », je dois porter la tenue typique des
mandarins et avoir un comportement majestueux. C’est tout à fait autre
chose lorsqu’il s’agit de jouer le rôle d’une fée qui vient au secours
des habitants ». Nguyen Thi Mat, une femme chaman : « On ne peut pas
entrer en transe si notre corps n’est pas investi par une divinité. Et
c’est parce qu’on est habité par un génie qu’on peut distribuer notre
propre argent aux fidèles ».
Vénérer la mère, c’est
vénérer celle qui crée, procrée et protège l’humanité. A la différence
d’autres croyances, le culte de la Sainte-Mère ne promet pas un monde
meilleur après la mort, mais vise à rendre le présent plus agréable. Les
fidèles croient à des promesses de santé, d’argent et de carrière.
Selon Nguyen Khac Loi, directeur adjoint du service de la Culture, des
Sports et du Tourisme de Hanoï, le Vietnam est en train d’élaborer un
dossier à soumettre à l’UNESCO dans l’espoir de voir le culte de la
Sainte-Mère inscrit sur la liste représentative du patrimoine culturel
immatériel de l’humanité. « Le culte de la Sainte-Mère est propre aux
Vietnamiens. Riche en rituels, c’est une croyance profondément humaniste
qui a une vie animée en dehors des ouvrages canoniques. Nous sommes
optimistes quant à ses chances de recevoir les honneurs de l’UNESCO ».
Cette croyance connaît un développement vigoureux, tant en ville qu’à
la campagne, avec des particularités régionales. En 2009, le ministère
de la Culture, des Sports et du Tourisme, en collaboration avec le
comité populaire de la province d’Ha Nam, a organisé une grande fête au
temple Lanh Giang, haut-lieu de cette croyance populaire. En 2010, le
premier festival du culte de la Sainte-Mère dans le delta du fleuve
Rouge a eu lieu à l’institut zen de Truc Lam, dans la province de Vinh
Phuc. La deuxième édition vient tout juste d’avoir lieu à Hanoï avec la
participation de plus de 170 chamans venus de plusieurs localités du
pays. -VOV/VNA